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En politique, tous les moyens sont-ils bons ?

Publié le 07/03/2004

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Dès lors, puisque tout montre que l'action politique est menacée d'immoralité, y a-t-il des moyens de parer à ce danger ? Pour argumenter cette thèse réintroduisant la morale en politique, référez-vous à l'analyse kantienne ci-dessous. Aussi est-il nécessaire au prince qui se veut conserver qu'il apprenne à pouvoir n'être pas bon...En 1513, Machiavel, diplomate originaire de Florence, achève la rédaction du « Prince «. Suite à un bouleversement politique à Florence, il avait été contraint d'abandonner ses fonctions et de se retirer. Il profita de cet exil pour rédiger une sorte de traité expliquant à un chef politique la façon de sauvegarder son pouvoir et même d'accéder à la gloire.L'idée d'un tel ouvrage, constitué par des conseils adressés à un prince, n'était pas neuve en elle-même. Il existait déjà de nombreux « miroirs des princes « et Machiavel s'insère donc dans une tradition. Mais il rompit avec l'usage et provoqua le scandale par la manière dont il aborda le problème. On vit en lui une nouvelle incarnation de Satan et, aujourd'hui encore, quelques commentateurs continuent de le considérer comme un « apôtre du mal «.

 

La politique est l’instance qui régit la société, elle  consolide les conflits qui la traversent, et a également pour fin d’en réaliser le bien commun. Pour viser cette fin, quels moyens légitimes la politique peut-elle user ?

La politique n’est-elle pas constituée d’instances souveraines ; absolues qui n’ont pas à être jugées à l’aune d’autre choses ?

C’est donc que la politique peut user de tous les moyens, qu’elle est un simple jeu de forces ?

Mais les citoyens, en tant que membres actifs de la politique, peuvent-ils désirer obéir à un pouvoir arbitraire ? La politique en tant qu’elle vise le bien commun, plus que la sécurité, n’est-elle pas le lieu où s’élabore l’autonomie de chacun des individus au nom de la volonté générale ? Dés lors la politique, lieu où s’exprime la volonté générale, n’est-elle pas nécessairement droite ?

 

 

  1. La politique peut recourir à tous les moyens car sa souveraineté est toujours absolue

  2. Les moyens dont use la politique doivent varier selon les circonstances

  3. Les limites de la souveraineté  politique

 

 

« chaque homme de faire par nature tout ce qui lui plaira de faire pour sa conservation, et que l'intelligente recherchede l'utile remplace la vaine poursuite du plaisir propre : alors sous l'impulsion de la crainte réciproque inspirée parl'égalité naturelle des hommes, d'où naît la mutuelle volonté de se nuire les uns les autres, ils se réunissent etconviennent de renoncer à leur indépendance à leurs puissance et à leur droit, pour le mettre selon la droite raisonentre les mains d'un seul homme, ou d'une assemblée d'hommes qui puissent « réduire toutes leurs volonté, par lapluralité de voix, en une seule volonté », qui aura désormais tous les pouvoirs et tous les droits celui de contraindre,de punir de décider de la guerre, de faire les lois, de définir ce qui est juste et injuste, bien ou mal, avec encontrepartie, le seul devoir de leur assurer l'ordre, la paix, et la sécurité.

Tel est le pacte social, par lequel l'Etatreçoit la puissance absolue et protège la vie et la propriété des individus au prix d'une obéissance passive de leurpart.

Ainsi naît : « seul souverain entre ses sujets, ce grand Léviathan ou plutôt pour parler plus respectueusement, ce dieu mortel à nous sommes redevables sous le Dieu immortel, de notre paix et de notre défense », Léviathan , chapitre 17.

Le politique est souverain sur ses sujets, il peut tout sur ceux-ci pour peu qu'il garantisse leur sécurité.N'est-ce donc pas que le politique est apparence de morale et non véritablement morale ? Qu'il peut user de tous lesmoyens afin de garder la confiance du peuple ? Les moyens dont use la politique doivent varier selon les circonstances Pour Machiavel, la volonté du politique demeure au seul niveau du paraître.

Le prince pourra, si l'occasion lepermet ; avoir des qualités qu'il montre ; l'important est qu'il n'en soit pas prisonnier, afin de ne jamais perdre lamain au sein du monde mouvant des rapports de force qui le mettent en sursis permanent en perdant la maîtrisecalculée du rôle qui est le sien dans, ce qu'on peut appeler, la comédie des affaires humaines.

Machiavel récusel'opposition conventionnelle entre raison et passion pour prôner une duplicité nécessaire du prince qui domine lesmobiles auxquels le peuple obéit aveuglément.

Grand simulateur et dissimulateur, le prince sait s'orienter selon lesvents de la fortune et adapter à la contingence des situations la mystification inhérente au pouvoir. « Vous devez savoir qu'il y a deux manières de combattre : l'une avec les lois, l'autre avec la force : la première estpropre à l'homme, la seconde est celle des bêtes ; mais il convient de recourir à la seconde.

Aussi est-il nécessaireà un prince de savoir user de la bête et de l'homme.

».

Le bien et le mal ne sont plus, d'après Machiavel, des valeursabsolues mais des moyens dont le prince doit savoir user afin qu'il puisse perpétuer sa possession du pouvoir.

Ilpoursuit : « Chacun voit ce que tu parais, peu perçoivent ce que tu es ; et ce petit nombre ne se hasarde pas às'opposer à l'opinion de la foule qui a la majesté de l'Etat et qui la défend ; et dans les actions de tous les hommes,et surtout des princes où il n'y a pas de tribunal à qui recourir, on considère la fin.

Qu'un prince donc, fasse en sortede maintenir et de vaincre l'Etat : les moyens seront toujours jugés honorables et loués d'un chacun, car le vulgairese trouve toujours déjà pris dans les apparences et par l'issue de la chose, et dans le monde, il n'y a que levulgaire ; et le petit nombre ne compte pas quand la foule a ou s'appuyer.

», Le prince , chapitre 18. Mais sommes-nous réellement dupes à l'égard du politique ? Ne participons-nous pas à l'élaboration du pouvoir enétant citoyen ? En d'autres termes un peuple peut-il réellement aspirer à être asservi comme le décrit Machiavel ? Les limites de la souveraineté politique Certes non.

Nous participons du politique en tant que citoyen, et la politique ne fonctionne que conformément auxvœux de la volonté générale qui est toujours droite.

Telle est le sens de l'élaboration par Rousseau du concept devolonté générale.

Construit à l'encontre du modèle du « mauvais contrat », initiant une usurpation du pouvoir tout àl'avantage des possédants, le contrat social est le paradigme d'un « échange avantageux », où aliénation ne rimepas avec renonciation : par ce pacte singulier, les individus loin de soumettre, ne font que s'unir en un corpsindivisible, qui ne prive pas tous les individus de leurs droits naturels que pour la rendre sous une autre forme,« meilleure et plus sûre » : l'indépendance naturelle devient liberté civile, la possession propriété, la force sûreté enétant garantie par le droit.

Mais comment s'assurer que le pouvoir souverain doté d'un droit absolu sur chacun deses membres, ne pourra abuser de son pouvoir sur les citoyens qui s'en sont dépouillés ? Le coup de forcerousseauiste revient à définir la souveraineté comme volonté, et plus généralement comme volonté générale (qui sedistingue de la volonté de tous qui n'est que la somme des volontés particulières en ce qu'elle est ce, en chacun,tend au bien commun.

) Il écrit : « Les engagements qui nous lient au corps social ne sont obligatoires que parce qu'ils sont mutuels, et leurnature est telle qu'en les remplissant on ne peut travailler pour autrui sans travailler aussi pour soi », Contrat social , Livre 2, chapitre 4. La politique ne saurait aboutir à l'arbitraire dans la mesure où elle émane de la volonté générale et que celle-ci esttoujours droite. Conclusion -Le politique est toujours souverain, puisque sa remise en cause risquerait, en effet, de démanteler le corps social. -Le politique est donc libre d'user les moyens qu'il veut.

La politique devient jeu de dupes, manipulation et doncusurpation. -Or, un tel pouvoir est sinon impossible du moins improbable.

Car ce qui constitue le véritable but de la politique, cen'est pas la sécurité, ni le pouvoir lui-même mais le bien commun.

Or, ce bien pour qu'il soit commun doit venir de. »

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