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Ponge : «Plat de poissons frits» (commentaire)

Publié le 01/07/2012

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Présentation initiale

- Auteur : Né à Montpellier, pas très loin de Sète, en 1899, Francis Ponge demeure longtemps  inconnu du grand public bien qu'apprécié par ses pairs (Camus, Sartre, le peintre Braque). Dans les 

années 60, il est reconnu comme un maître de la langue dans la lignée de Boileau (XVII° théoricien  de la poésie classique L'art Poétique, le poète est un artisan – du langage- méticuleux,  perfectionniste) et Mallarmé (XIX° mouvement L'Art pour l'Art = recherche de la beauté esthétique,

pureté) ; il reçoit le grand prix de la poésie de l'Académie Française en 1984.

- Oeuvre :

En 1942, Le parti pris des choses résume l'entreprise de Ponge : s'ouvrir aux objets même les plus  banal avec une attention entière et attendrie.

Le recueil Pièces de Francis Ponge, publié en 1962, comprend 63 textes, des poèmes ou  « proèmes « (néologisme pro-se po-ème) selon l'appellation de l'auteur, signifiant par là leur place  entre la prose et la poésie.

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« l'aspect spontané, immédiat ; l'énumération des 4 sens qui s'enchaînent suggère la rapidité de cette irruption.

Les deux points d'exposition de la ligne 1 (« : ») insistent sur le fait que tout provient des sens, ils ouvrent le texte et justifient la description.

Le moment sera délicieux parce que les sens sont comblés : – goût : bon, savoureux, déguster, caramel, c'est trop bon – vue : luminosité du soleil sur la nappe, scène de cuisson avec gros plan cinématographique sur la peau, le blanc de la chair (vierge), le jaune safran, le marron du caramel – odorat : la friture, le caramel, le safran – ouïe : les bruits ne sont pas décrit mais l'appel de ce sens nous incite à nous rappeler les crépitements connus. B.

La description d'un plat de poissons en train de frire Dans le 1° paragraphe on assiste à la fin de la cuisson « à l'huile » d'un poisson en train de frire dans une poêle. ↳ l.1 : « Lorsque le poisson de mer cuit à l'huile s'entrouvre, un jour de soleil sur la nappe, et que les grandes épées qu'il comporte sont prêtes à joncher le sol, que la peau se détache comme la pellicule impressionnable parfois de la plaque exagérément révélée » ╚ La description est prise en charge par 3 propositions qui vont s'allongeant et qui mettent en valeur l'importance du moment (rythme de la phrase croissant = amplification). Chaque moment est décrit comme une étape particulière : ouverture du poisson, arrêtes tombent, peau qui se détache. Tout est prêt pour la dégustation puisque la table est mise et on croit déjà le goûter avec la formule exclamative « c'est trop bon ».

En fait la description achève ce 1° paragraphe avec la mention de la friture caramélisée au fond de la poêle.

La dégustation réelle est donc reculée au 2°§. Cette description précise et chronologique semble donc planter le décor de l'action future. C.

Une chanson en deux couplets et un refrain La vue, très sollicitée par le tableau du poisson (qui pourrait faire penser à une nature morte en peinture), n'est pas le seul sens important, puisque l'ouïe est également active du fait de l'écriture du poète.

↳ l.1-9 : « Goût, vue, ouïe, odorat...

c'est instantané » « Goût, vue, ouïes, : cet instant safrané...

» ╚ La répétition de la même phrase avec de petites variations évoque le refrain d'une chanson qui sépare les deux couplets. Comme on pouvait imaginer le bruit de la friture dans le 1° couplet, on entend aussi la voilure du bateau « claquer » dans le 2° couplet.

Ainsi, la poésie se fait autant visuelle que sonore, peinture que musique.

Plus encore avec le refrain, nous pouvons dire qu'il y a synesthésie, c'est-à-dire correspondance entre les différents sens.

Selon la formule de Baudelaire, tous les sens sont en « correspondance ».

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent (sonnet Des Fleurs du mal ). Avec la description et l'éveil de nos sens le narrateur raconte un moment de plaisir.

Et c 'est cette complétude des sens qui peut faire penser au plaisir épicurien. I I .

D e s d i f f i c u l t é s d ' é c r i t u r e à l ' a l c h i m i e d u v e r b e Dans les traces de Baudelaire, de Rimbaud, le poète doit inventer un nouveau langage, s'il veut parvenir à tout dire, autrement ici à rendre parfaitement sensible ce moment savoureux. Après avoir marqué la limite du langage courant (A) Francis Ponge va procéder de plusieurs façons (B et C) A.

Le poète dit la résistance du langage à exprimer les sensations Tout en composant son texte, le narrateur semble éprouver des difficultés à exprimer ce qu'il ressent durant ce moment particulier. Plusieurs occurrences l'attestent. ↳ phrase 2 : 2 / 4. »

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