Devoir de Philosophie

Le Pont Mirabeau d'Apollinaire - LECTURE MÉTHODIQUE

Publié le 11/07/2011

Extrait du document

mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne La joie venait toujours après la peine 5 Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure Les mains dans les mains restons face à face Tandis que sous Le pont de nos bras passe 10 Des éternels regards l'onde si lasse Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure L'amour s'en va comme cette eau courante L'amour s'en va 15 Comme la vie est lente Et comme l'Espérance est violente Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure Passent les jours et passent les semaines 20 Ni temps passé Ni les amours reviennent Sous le pont Mirabeau coule la Seine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure 
 L'oeuvre poétique d'Apollinaire est novatrice, tant dans le domaine de l'inspiration que de la technique, et constitue une charnière entre le symbolisme et le surréalisme. Soutien du cubisme. Guillaume Apollinaire, qui s'appelait en réalité Guillelmus Apollinaris de Kostrowitzky, était un enfant naturel, fils d'un officier italien et d'une jeune fille d'origine polonaise dont il portait le nom. Il naquit à Rome et passa son enfance avec sa mère, sur la Côte d'Azur, où il fit ses études. Installé à Paris (1902), après un bref séjour en Rhénanie où il avait été engagé comme précepteur, il y mena une vie besogneuse.

mirabeau

« l'ont beaucoup reprise.

Elle est ici particulièrement expressive, malgré une très grande simplicité apparente, en raison de l'adéquation parfaite du thème, de la fluidité des vers, et du mouvement giratoire du poème, comme on le verra plus loin. Comparaisons et images : le souvenir des amours mortes En établissant la comparaison entre l'eau du fleuve et l'amour, le vers 13 élargit le thème de la fuite du temps : L'amour s'en va comme cette eau courante Notons, au passage, que «comme», aux vers 15 et 16, n'a plus de valeur de comparaison, mais est un adverbe d'exclamation.

Les vers 21 et 22, dans leur rapprochement, associent également l'amour et la Seine. L'évocation de l'amour passé, malgré les orages vécus par les deux amants, n'a aucun caractère dramatique, ni désespéré.

Elle est comme filtrée, adoucie par le souvenir : Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne (v.

2 -3). Cette interrogation (mais qui peut être aussi, dans une délicieuse ambiguïté, une exclamation en forme de soupir) se fait sur un ton de lassitude, sans agressivité.

Le vers 4 rappelle aussi bien les souvenirs heureux que malheureux : La joie venait toujours après la peine La quasi-généralisation du présent indique la continuité du souvenir, comme la continuité du courant du fleuve. Mais le souvenir évoque une histoire d'amour qui a fini, sans pouvoir jamais revenir en arrière, comme le fleuve du temps : Ni temps passé Ni les amours reviennent (v.

20-21). La dernière comparaison entre l'eau et l'amour se place, elle aussi, sous le signe de la lassitude (v.

8 -10) : Tandis que sous Le pont de nos bras passe Des éternels regards l'onde si lasse La belle image de l'union des amants (sur laquelle nous reviendrons plus loin) est comme assombrie par la pesanteur du temps.

L'onde s'épuise d'être regardée, comme s'épuise le regard mutuel des amants, dans une liaison qui a trop duré. Une image symbolique de la permanence de l'Être Les amours sont mortes, mais le poète est toujours là pour les chanter.

La continuité du fleuve, c'est aussi la continuité psychique du poète, la permanence de son être, affirmée quatre fois dans le refrain, et terminant le poème : Les jours s'en vont je demeure Le symbole du pont, forme éternellement fixe au -dessus du flot continu du fleuve, est au centre du poème. L'affirmation de l'Être n'a aucun caractère triomphant ; il suffit du vers 15 pour nous l'indiquer: Comme la vie est lente La lenteur de la vie est moins le signe de l'ennui que celui du sentiment de la permanence : le fleuve s'écoule, mais demeure éternellement.

Il faut voir là l'affirmation de la continuité de la conscience et, plus généralement, de la vie.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles