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Possibilité de la sociologie comme science. Existe-t-il un déterminisme social ?

Publié le 22/03/2004

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sociologie
  • Limites de ce déterminisme sociologique.

- Mais le déterminisme social a-t-il une universalité, une nécessité, une rigueur absolue ? Il est incontestable qu'il faut répondre négativement, pour des raisons aisées à comprendre.

- Il est en effet des causes dont le caractère et les modes d'actions sont tels qu'ils échappent complètement à la science.

a) Au premier rang de ces caisses, il faut placer la volonté humaine, dont la science ne saurait pénétrer tous les motifs et les mobiles, et donc prévoir toutes les déterminations.

b) De cette cause il faut rapprocher toutes les causes particulières accidentelles qui, par leur mode d'apparition et leurs effets, déjouent également toutes les prévisions et tous les calculs : Parmi ces causes particulières accidentelles il faut compter surtout le rôle des grands hommes et des inventions.« Que l'on songe â l'influence exercée sur le inonde par un Mahomet, un Napoléon, un Pasteur ; par les découvertes de l'imprimerie, de la machine à vapeur, de la cause des maladies contagieuses ! Il faut donc voir autre chose qu'un paradoxe dans cette boutade de Pascal : « Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre eût changé. «  Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé. (Pensées) Pascal défend ici l'idée d'une histoire gouvernée par le hasard où de petites causes peuvent changer profondément le cours des évènements.

sociologie

« a) Introduction : la notion de déterminisme.

« La critique expérimentale, dit Claude Bernard, met tout en doute excepté le principe du déterminisme scientifique ».

Il semble en effet que la notion de science soit étroitement liée àla notion de déterminisme.

Le savant cherche à connaître les lois de la nature et cela suppose évidemment que lanature obéit à des lois.

On dit d'un phénomène qu'il est déterminé lorsqu'il est la conséquence nécessaire decertaines conditions données, et connaître ces conditions, c'est connaître le déterminisme du phénomène.

Aussi a-t-on coutume d'énoncer le principe du déterminisme en disant d'une part que tout phénomène a une cause, etd'autre part que les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Il est clair qu'il ne faut pas prendre ici le mot decause en son sens métaphysique.

On entend seulement, par cause, les conditions d'existence ou les antécédentsconstants d'un phénomène.

Affirmer le déterminisme, c'est affirmer qu'il y a un ordre dans le monde, et que lesmêmes conditions étant données, le même phénomène doit se produire.

Il y aurait indéterminisme si les conditionsdans lesquelles se produit un même phénomène pouvaient être variables, ou si dans les mêmes conditions pouvait seproduire un phénomène différent.

Il n'y aurait alors plus de lois de la nature et par suite plus de science.

Si, parexemple, le mélange de deux molécules d'hydrogène et d'une molécule d'oxygène produisait tantôt de l'eau, tantôtde l'alcool, il n'y aurait pas de chimie possible.

Quelles que soient les difficultés qu'ait soulevées le principe dudéterminisme dans la physique contemporaine, il semble qu'on puisse poser d'une façon générale que la science estdéterministe ou n'est pas.

b) Les faits sociologiques.

Il est alors naturel que la Sociologie, dans la mesure où elle prétend être une science, suppose l'existence d'un déterminisme sociologique.

Si les phénomènes sociaux étaientindéterminés, s'ils n'obéissaient pas à des lois, leur étude serait purement historique.

L'histoire est, en effet, l'étudedes phénomènes singuliers que l'on explique par des causes singulières.

La Révolution française de 1789 par exemplene se reproduira pas parce que les conditions qui l'ont engendrée ne se reproduiront pas.

Si l'on considère aucontraire d'une façon générale le phénomène révolution, on admettra que les diverses révolutions enregistrées parl'histoire doivent avoir des conditions communes.

Tel est le point de vue sociologique auquel se plaçait Paul Lacombequand H distinguait « événement » et « institution ».

Le fait sociologique se distingue donc du fait historique par soncaractère général et par suite le sociologue est fondé à chercher les conditions générales de la production d'unphénomène social, c'est-à-dire son déterminisme.

D'ailleurs certaines observations justifient cette notion d'undéterminisme sociologique.

Quand on constate par exemple que le taux des suicides est plus constant encore que letaux des morts naturelles, il est légitime de penser que le suicide, en tant que phénomène sociologique, obéit à deslois.

Une certaine régularité en effet, dans la production d'un phénomène, est le signe que ce phénomène se produitdans des conditions déterminées, c'est-à-dire que ce phénomène a une cause et que les mêmes causes produisentles mêmes effets.

c) Les lois sociologiques Les sociologues se sont donc efforcés de découvrir les conditions constantes dans lesquelles se produisent les phénomènes sociaux qu'ils étudient.

C'est ainsi que Durkheim etHalbwachs ont énoncé la loi du suicide : le taux des suicides est inversement proportionne! au degré d'intégrationde la société familiale, politique, religieuse, etc..

De même, l'étude des statistiques a ( conduit à noter unparallélisme constant entre la criminalité et le chômage, il y a déterminisme ici puisque les conditions dans lesquellesun phénomène se produit sont rigoureusement déterminées.

Il convient de remarquer que ce déterminisme ne peutêtre dit sociologique qu'à la condition que les phénomènes considérés comme les causes d'un phénomène socialsoient eux-mêmes sociaux.

C'est ce que signifiait la règle fameuse de Durkheim : « La cause des faits sociaux doittoujours être cherchée dans d'autres faits eux-mêmes sociaux ».

Cela implique évidemment cette autre règlefondamentale de la Sociologie, énoncée par Durkheim : « Il faut considérer les faits sociaux comme des choses ».

Lanotion de déterminisme est en effet liée à la notion d'objectivité.

Si l'on faisait intervenir des conditions subjectives,telles que par exemple la poursuite d'une certaine fin, pour expliquer un phénomène social, cette explication neserait plus déterministe, c'est-à-dire qu'elle ne serait plus scientifique.

Dans le domaine sociologique comme dans lesautres domaines, la science se définit par l'élimination de la subjectivité et de la finalité.

II.

— EXAMEN CRITIQUE a) Subjectivité du fait social.

C'est précisément à partir de ces conditions que se pose le problème de l'existence d'un déterminisme en sociologie.

La règle durkheimienne de l'objectivité soulève, en effet, de graves objections et ilsemble bien que la plupart des sociologues contemporains approuvent Jules Monnerot quand il affirme que « les faitssociaux ne sont pas des choses ».

Il faut remarquer d'abord qu'on ne peut à la fois définir les faits sociaux commedes représentations et les traiter comme des choses.

Les faits sociaux sont des faits humains et en voulant lessaisir de façon tout à fait objective on s'expose à laisser échapper ce qui fait leur caractère propre.

De même que lapsychologie behaviouriste n'est pas l'étude des phénomènes psychiques authentiques, la sociologie de Durkheimn'est pas l'étude des phénomènes sociaux authentiques.

Peut-on, par exemple, donner une définition valable dusuicide si l'on fait abstraction des raisons qui poussent l'homme à se suicider ? Durkheim prétend expliquer le suicidepar des causes purement sociales, mais sa définition même du phénomène lui interdit d'en voir les vraies causes.

Unsuicide déguisé, en effet, ne sera pas considéré comme un suicide par Durkheim, puisqu'il ne tient aucun compte desintentions de l'individu, mais seulement de ses actes.

Et comme les individus qui déguisent leur suicide sontévidemment ceux qui appartiennent à des groupes sociaux fortement intégrés, les statistiques ne retiendront queles cas patents, c'est-à-dire ceux dans lesquels l'individu qui se suicide, parce qu'il est plus ou moins isolé, necherche pas à camoufler son suicide.

On comprend dans ces conditions que le taux des suicides selon Durkheim soitfonction de la désintégration des groupes sociaux auxquels appartient un individu.

La loi résulte de l'arbitraire de la. »

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