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Pour être libre, n'avons-nous le choix qu'entre être tyran et être sage ?

Publié le 16/02/2004

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Le sujet pose la question du type de comportement que nous devons adopter pour atteindre à la liberté. Il propose pour cela deux options entre lesquelles l'homme aurait à choisir : la tyrannie et la sagesse.    Celles-ci rendent-elles réellement raison de la valeur et de la signification proprement contenues dans le concept de liberté ?    Ou au contraire ne les excèdent-elles pas ? Ne les ruinent-elles pas ?    La notion de choix est en outre incluse dans celle de liberté ; être libre implique justement que l'on puisse choisir le comportement qui viendra donner un sens à cette exigence morale et politique.    Et comme le dirait Sartre, même s'il n'y avait pas à choisir, ce serait déjà un choix que de refuser de choisir.    Cependant la vraie question est de savoir à partir de quels mobiles pathologiques le choix va s'effectuer. Quels sont les critères qui vont orienter ma volonté vers telle ou telle inclination ?    Sont-ils guidés par une exigence de raison ou par l'impulsion quelquefois pathologique, de l'instinct, du sentiment ou de la volonté de puissance ?  

« - en effet, d'un côté, elle distingue le tyran qui agit selon son bon vouloir des autres hommes qui eux se soumettentaux limites de la loi ; et comme telle elle se répartit inégalement selon les individus. - et d'un autre côté, elle conduit à un esclavage insidieux dans la mesure où le tyran, s'il s'illusionne sur le caractèreillimité de sa liberté et de son pouvoir sur autrui, demeure cependant esclave de ses propres désirs. " On pense que l'esclave est celui qui agit par commandement etl'homme libre celui qui agit selon son bon plaisir.

Cela cependant n'estpas absolument vrai, car en réalité être captif de son plaisir etincapable de rien voir ni faire qui nous soit vraiment utile, c'est le piredes esclavages, et la liberté n'est qu'a celui qui de son entierconsentement vit sous la seule conduite de la Raison.

Quant à l'actionpar commandement, c'est-à-dire à l'obéissance, elle ôte bien enquelque manière la liberté, elle ne fait cependant pas sur-le-champ unesclave, c'est la raison déterminante de l'action qui le fait.

Si la fin del'action n'est pas l'utilité de l'agent lui-même, mais de celui qui lacommande, alors l'agent est un esclave, inutile à lui-même." SPINOZA Dans un texte consacré aux thèmes de l'esclavage et de la liberté, Spinoza sedemande si les définitions communes de ces deux réalités sont pertinentes,c'est-à-dire si l'esclavage consiste dans l'obéissance et la liberté dans le bonplaisir.

A travers cette question, il soulève deux problèmes conjoints :l'indépendance suffit-elle pour se dire libre, puisqu'on peut devenir l'esclavede ses plaisirs ? La soumission sociale fait-elle esclave, puisqu'il ne semble pasque tous ceux qui obéissent soient déclarés tels ? Ces deux problèmes seramenant ainsi à un seul : y a-t-il des soumissions légitimes? En prenant en compte à la fois les mobiles de l'action d'un point de vue psychologique et les fins de cette action du point de vuede ces bénéficiaires, Spinoza va s'opposer à l'opinion en soutenant qu'il existe des soumissions légitimes parcequ'elles rendent libres, lorsque c'est à la Raison que l'on se soumet, ou parce qu'elles sont utiles à ceux qui sontsoumis, et ce, en critiquant successivement les définitions de l'homme libre et de l'esclave donnée par l'opinion.

Unefois cette double thèse expliquée, nous tâcherons d'en éprouver la pertinence. L'auteur énonce d'emblée l'opinion commune qu'il a pour objectif de corriger.

" On pense que l'esclave est celui quiagit par commandement et l'homme libre celui qui agit selon son bon plaisir." Ainsi que l'indique l'expression " onpense ", Spinoza ne propose pas ici "sa" définition de l'esclavage et de la liberté, mais expose la définition communede ces deux choses.

Aussi pouvons-nous déjà anticiper sur la suite de son propos : il s'agira pour lui de critiquer cesdéfinitions, critiquer, c'est-à-dire au sens strict séparer, distinguer ce qui dans ces définitions a de la valeur de cequi n'en a pas.

L'opinion commune se représente et distingue l'esclavage et la liberté d'un point de vue social : selonelle, l'esclave est celui qui obéit à un autre, tandis que l'homme libre est celui qui n'obéissant à personne peut fairece qu'il veut, comme on dit.

A savoir : agir à sa guise, n'écouter que lui-même, et par là, jouir sans entraveextérieure de tout ce qui s'offre à lui.

Ces définitions ne manquent ni de vraisemblance, ni de cohérencepuisqu'effectivement celui qui est soumis à un autre n'est pas libre de faire ce que bon lui semble, tandis que celuiqui ne dépend de personne en a le loisir.

Il faut noter en outre d'une part qu'une telle définition de l'homme libren'exclut pas qu'il puisse exercer un pouvoir sur d'autres, et surtout, d'autre part qu'ainsi compris, l'esclavagerecouvre un très grand nombre de relations humaines : au-delà de la relation bien connue entre un maître et unesclave, il se retrouverait partout où sous une forme quelconque il existe un pouvoir, une autorité, une hiérarchiepar lesquels un être agit sous le commandement d'un autre.

En d'autres termes, l'opinion fait consister la libertédans l'indépendance sociale et l'esclavage dans la dépendance, la soumission, l'obéissance. " Cela cependant n'est pas absolument vrai ".

Sans nier que ces définitions comprennent quelque chose d'exact,Spinoza entame sa critique en contestant leur caractère absolument exact.

Cela signifie qu'il va les nuancer et lescompléter, et ce, en deux temps distincts, chacun étant consacré à une des deux réalités en question. L'homme libre n'est pas vraiment celui qui agit selon son bon plaisir, " car en réalité être captif de son plaisir etincapable de rien voir ni faire qui nous soit vraiment utile, c'est le pire esclavage ".

Cet argument de Spinozaconsiste non pas tant à nier comme telle la définition commune de l'homme libre, mais à changer de point de vue :ce n'est pas du point de vue social qu'il se situe, mais du point de vue psychologique.

Reprenant les termes mêmesde cette définition, il montre que ce que l'on tient pour de la liberté du point de vue des relations avec les autresest une forme d'esclavage du point de vue de la relation à soi-même.

Pourquoi ? Parce que celui qui n'agit que selonson bon plaisir, n'agit, n'entreprend quelque chose que s'il espère en tirer un plaisir.

Le seul mobile de ses actionsest donc la satisfaction de ses désirs.

Or, ce souci exclusif pour le plaisir l'aveugle et le rend inapte à agir non pasen vue de son plaisir, mais en vue de ce qui lui est utile.

Non que le plaisir soit en lui-même inutile, puisque Spinozaparle de ce qui est "vraiment" utile, signifiant par là que le plaisir, sans être absolument inutile, n'est pas vraimentutile, c'est-à-dire toujours et absolument, donc qu'il ne peut pas l'être lorsqu'il est le seul mobile de l'action.

Ce quisignifie donc que le plaisir et l'utilité peuvent s'opposer de telle sorte que le plaisir devienne nuisible, en lui-même parses excès et par ce qu'il empêche d'accomplir par ailleurs.

N'avoir que le plaisir en vue, c'est s'enfermer dans. »

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