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Pour quelles raisons semble-t-il légitime de privilégier les désirs non naturels ?

Publié le 14/02/2004

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La conquête du superflu donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire. L'homme est une création du désir, non pas une création du besoin. » Ce qui vaut pour le besoin alimentaire vaut plus encore pour le besoin sexuel. Le désir amoureux est l'humanisation par excellence de la pulsion sexuelle. Mais il ne suffit pas pour accéder pleinement à l'humanité d'être passé du besoin au désir. Encore faut-il distinguer entre nos désirs, qui peuvent être ce que nous avons de pire ou de meilleur. Nos désirs dépendent du destin que nous leur réservons. Nous n'avons donc pas pour seul choix de les combattre comme s'ils étaient honteux par nature, ou de leur céder en tout. SUBLIMATION : Capacité d'échanger le but sexuel et asocial d'une pulsion contre un autre but, qui n'est plus sexuel ou agressif, mais qui lui est psychiquement apparenté et socialement valorisé (création artistique, compétition sportive, etc. Freud appelle « sublimation » la dérivation de nos pulsions sexuelles vers des buts non sexuels, socialement valorisés, comme le désir de savoir.

« finissent par nous rendre affreusement malades.

Il convient donc de modérer ses désirs, d'opérer un tri entre eux.Mais jusqu'à quel point ? Il faut rejeter tous les désirs qui ne sont pas naturels et aussi ceux qui ne sont pasnécessaires à notre survie, à notre santé ou à notre bonheur.

Mais qu'est-ce qui est naturel dans les désirshumains ? Et surtout, qu'est-ce qui est absolument nécessaire à notre bonheur ? Epicure ne donne pas de réponse très précise, mais il nous dit qu'il faut savoir se contenter de peu.Ainsi, celui qui désire des mets raffinés risque fort d'être déçu et malheureuxs'il n'a pas toujours les moyens de se les offrir, ou si le cuisinier rate son plat,ou si mille autres ennuis viennent l'en priver.

Avoir des désirs de luxe nousexpose à souvent souffrir.

Il faut donc les éliminer.

En revanche, celui qui nedésire que des nourritures « naturelles », un peu de pain par exemple,trouvera facilement à se satisfaire, et peut même en retirer un très vif plaisirs'il a vraiment faim et soif.

En outre, le sage qui ne désire rien de plus pourratout de même, s'il est invité à un banquet, jouir de la nourriture succulente.De tels plaisirs ne sont nullement interdits, à condition de ne pas les désirer toujours, de ne pas en être dépendant.

Il faut donc passer ses désirs aucrible de sa raison et éliminer impitoyablement tous ceux qui ne sont pasnaturels et nécessaires, tous ceux qui sont vains, artificiels, superflus ouexcessifs .

alors nous serons sages et nous atteindrons l'ataraxie, l'étatd'absence de trouble de l'âme, cad le bonheur.

En effet, ce sont lesangoisses, les passions, les désirs inassouvis qui troublent notre âme, nousfont souffrir et nous empêchent d'être heureux.

Se délivrer de tout cela, c'estdéjà être heureux, de même qu'il faut penser que le plaisir se trouve déjàdans l'absence de souffrance.

Nous voyons qu' Epicure redéfinit le plaisir (et corrélativement le bonheur) à l'encontre de la pensée commune, quin'aperçoit de plaisir que dans un excitation positive des sens ou de l'esprit.Nous voyons aussi quelle est la vraie nature de l'hédonisme d' Epicure et quel monumental contresens a fait la tradition en en faisant « une morale de pourceaux libidineux se vautrant dans la luxure », alors qu'il s'agit avant tout d'une ascèse, d'une maîtrise des désirs, assez semblable à ce que peuvent pratiquer certains religieux, ermites ou ascètes, même si c'est dans de tout autres buts. Introduction À première vue, je désire ce que je n'ai pas : quelque chose me manque et j'en souffre.

Il semble alors naturel queje souhaite satisfaire mes désirs.

Toutefois, une telle satisfaction est-elle toujours possible ? N'existe-t-il pas, aumoins, des rêves irréalisables ? Ou des désirs mauvais, inquiétants, qu'il vaudrait mieux ne pas réaliser? Dès lors,doit-on vraiment souhaiter satisfaire tous ses désirs ? Un principe d'existence : satisfaire tous ses désirs Dans le Gorgias de Platon, Socrate félicite le sophiste Calliclès en ces termes: «La franchise de ton exposé, Calliclès,dénote une belle crânerie: tu dis nettement, toi, ce que d'autres pensent mais ne veulent pas dire [...].

Tu soutiensqu'il ne faut pas gourmander ses désirs, si l'on veut être tel qu'on doit être, mais les laisser grandir autant quepossible et leur ménager par tous les moyens la satisfaction qu'ils demandent et que c'est en cela que consiste lavertu» (trad.

Chambry, G.

F.

, p.

236).Ainsi, pour Calliclès, en un sens, tous les hommes souhaitent satisfaire tous leurs désirs.Tous ne l'avouent pas.

Certains affirment même le contraire.

C'est que, «ne pouvant fournir à [leurs] passions dequoi les contenter, [ils font] l'éloge de la tempérance et de la justice à cause de leur propre lâcheté».

Ils ont honte,ils veulent «cacher leur propre impuissance» (ibid., p.

235).Calliclès, lui, ne se contente pas de souhaiter vaguement une telle satisfaction.

Il sou-ligne qu'il faut «en êtrecapable [...] par son courage et son intelligence », il faut avoir la force «de remplir tous ses désirs à mesure qu'ilséclosent ».On ne doit pas simplement, alors, souhaiter satisfaire ses désirs : on doit, pour être heureux, y parvenir vraiment:c'est un idéal conforme à «la loi de la nature » (ibid.

, p.

225).

«Le luxe, l'incontinence et la liberté, quand ils sontsoutenus par la force, constituent la vertu et le bonheur» (p.

236).

L'intempérance est la vertu des forts, latempérance celle des faibles.Enfin, tous les désirs devraient être satisfaits.

Calliclès n'en exclut aucun.

C'est la morale des faibles, «toutes cesbelles idées, ces conversations contraires à la nature », qui introduirait une opposition entre les désirs légitimes etceux qui ne le sont pas.

Qu'objecter à cette thèse de Calliclès? Satisfaire ou maîtriser ses désirs ? La caractère contradictoire du désir Socrate, dans le dialogue platonicien, interroge le sophiste à sa façon, avec l'ironie qui invite à approfondir l'examendu problème.S'il faut manger quand on a faim, se désaltérer quand on a soif, et s'« il faut avoir tous les autres désirs, pouvoir lessatisfaire, et y trouver du plaisir pour vivre heureux», comme l'affirme Calliclès, on en vient à se poser que «c'estvivre heureux, quand on a la gale et envie de se gratter, de se gratter à son aise et de passer sa vie à se gratter»(ibid., p.

238).. »

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