Devoir de Philosophie

Pour qui travaillons-nous ?

Publié le 25/09/2004

Extrait du document

Il y a bien un profit, mais il ne résulte pas de l'exploitation du travail d'autrui puisque le travail est payé. C'est ce qui différencie le salarié du serf, dont le travail est gratuit. Certes, le salarié n'est pas propriétaire du produit de son travail, mais il reçoit en échange de son travail un salaire. Pour réfuter cet argument,  Marx montre que tout le travail du salarié n'est pas payé, qu'il existe un « surtravail « gratuit, qui est à l'origine de la plus-value réalisée par le capitaliste.Dernier argument enfin : le bénéfice du capitaliste ne serait en réalité que la rémunération de son travail. Mais en disant cela, on confond la rémunération du travail d'organisation, de gestion, de direction, avec le revenu lié au fait d'être propriétaire des moyens de production. L'existence d'un revenu ne signifie pas forcément qu'il y a travail. Légitimité de la propriété ?Au fond de ces arguments, il y a l'idée que le profit ne vient pas de l'exploitation d'autrui, mais qu'il est la légitime conséquence de la propriété. Il faut donc s'interroger sur les droits que donne la propriété.

« disant cela, on confond la rémunération du travail d'organisation, de gestion, de direction, avec le revenu lié au faitd'être propriétaire des moyens de production.

L'existence d'un revenu ne signifie pas forcément qu'il y a travail. Légitimité de la propriété ? Au fond de ces arguments, il y a l'idée que le profit ne vient pas de l'exploitation d'autrui, mais qu'il est la légitimeconséquence de la propriété.

Il faut donc s'interroger sur les droits que donne la propriété.Cette question est différente de la question traditionnelle : « la propriété est-elle un droit ? », puisqu'on s'interrogesur les conséquences de ce droit et non sur son origine.

Pourtant les deux questions sont bien liées : on s'interrogesur la légitimité de la propriété quand ses effets ne vont pas de soi.

Et les arguments avancés en faveur du droit depropriété valent d'être examinés.La légitimité du droit de propriété tiendrait au lien entre la propriété et le travail.

Ainsi John Locke, à l'encontre du «droit du premier occupant », montre que le véritable propriétaire d'une terre est celui qui l'a travaillée.

Mais si lapropriété est un droit fondé sur le travail, pourquoi ceux que le capitaliste fait travailler ne deviennent-ils paspropriétaires des produits de leur travail ? Si l'on répond : « parce qu'ils ne sont pas propriétaires des outils et desmatières premières », cela signifie que la propriété a pour origine...

la propriété et non le travail ! Ce qui estcontraire au principe de départ.

La propriété donnerait donc des droits mais qui seraient en contradiction avec cequi légitime la propriété elle-même. L'aliénation du travail Dans une société où le travailleur est privé de la propriété du produit de son travail, n'y a-t-il pas dépossession ? Etcette dépossession n'atteint-elle pas, au-delà du produit du travail, le travailleur dans son être même ? N'est-ellepas l'expression d'une aliénation du travail ?Il faut distinguer ici « exploitation » et « aliénation ».

Ce ne sont pas des termes équivalents : le mot « exploitation» désigne la réalité économique d'un travail non payé, au moins en partie.

Le mot « aliénation » renvoie à unesituation où le travailleur ne se « reconnaît » pas dans son travail.

Il ne s'agit plus seulement de la dimensionéconomique.

La dénonciation de l'aliénation du travail se fait en fonction d'une certaine idée de ce que devraitreprésenter le travail pour l'homme : permettre la réalisation de l'individu en étant la manifestation, l'extériorisationde lui-même.

La critique de l'aliénation fait référence à une « essence » de l'humanité, dont le travail est censéaccomplir la réalisation.

Cette critique suppose donc un point de vue « philosophique », en quoi elle se distingue dela problématique plus « économique » qui analyse l'exploitation du travail.Ces deux points de vue se trouvent dans l'oeuvre de Marx à deux moments différents.

Ils peuvent être considérés comme articulés l'un à l'autre : la critique philosophique de l'aliénation dutravail, caractéristique des Manuscrits de 1844, serait le fondement del'analyse de l'exploitation que donne le Capital.

On peut au contraire penserque Marx a progressivement abandonné le point de vue philosophique auprofit d'une approche plus « scientifique ».Cette réflexion sur l'aliénation nous ramène à l'interrogation centrale dupremier chapitre.

Elle implique en effet que le travail, non seulement commerapport à la nature, mais aussi comme rapport à autrui, met en jeu ladéfinition et la réalisation de l'humanité. • Division du travail et aliénation : le paradoxe d'une vie sociale quidevient, dans certaines conditions, étrangère et opaque à ceux qu'elleest censée servir. Les analyses de Marx concernant la généralisation des échanges dans lasociété capitaliste, et l'emprise croissante des catégories marchandes sur lavie sociale, ont mis en évidence les mécanismes fondamentaux qui font que «les rapports entre les choses » tendent de plus en plus à régler, à dominer «les rapports entre les hommes ».

Ce phénomène, que Marx? analyse dans unpassage célèbre intitulé « le caractère fétiche de la marchandise » (LeCapital, livre l) tient au fait que la production et l'échange, réglés par lesfinalités du profit capitaliste et non par la satisfaction harmonieuse des besoins fondamentaux de la société, sont perçus comme un monde étranger, extérieur à chaque travailleur, etexerçant sur lui une contrainte dont il ne peut comprendre la signification qu'en élucidant les conditions de sonexploitation, c'est-à-dire les rapports sociaux de production qui régissent toute l'activité sociale.

Mais le plussouvent, le monde des apparences, renforcé par le langage et les conditionnements idéologiques, occultetotalement le fonctionnement réel de l'exploitation capitaliste.

Le capital et l'argent semblent doués d'une viepropre, autonome.

L'argent « fait des petits » (il peut même « travailler ») tandis que le réinvestissement des profitsvient grossir le capital qui, ainsi, semble s'accroître de lui-même.

Avec le salaire aux pièces ou au temps passé, letravailleur peut même avoir l'illusion que l'intégralité du travail fourni est rétribuée, puisqu'il touche une somme «proportionnelle » à la tâche ou au temps passé.

Le discours des économistes qui gèrent le système, destechnocrates et des comptables, vient renforcer cette illusion et la systématiser.

Pourtant, un examen un peuattentif et idéologiquement honnête de -la sphère des échanges et de celle de la production doit conduire à uneconstatation, que l'on peut résumer schématiquement ainsi : si, dans la sphère des échanges, et au terme d'unprocessus de production déterminé, apparaît du « profit » (c'est-à-dire une somme d'argent excédentaire parrapport à la somme initialement investie), c'est bien que de nouvelles valeurs ont été produites, et qu'elles n'ont pas. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles