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Pourquoi applique-t-on le terme de "création" à l'activité artistique ?

Publié le 01/01/2004

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- Pourquoi : pour quelle raison, dans quelle intention. - Applique-t-on : ici, appliquer signifie attribuer, employer, utiliser. - Création : prendre, ici, ce terme au sens fort : action de donner l'existence, de tirer du néant, d'organiser ce qui n'existait pas encore ; création : terme proche d'invention. - Activité artistique : faculté de produire un effet dans le domaine de l'art, c'est-à-dire de la production de la beauté par les oeuvres d'un être conscient.    Sens du sujet    Pour quelle raison utilise-t-on, en ce qui concerne la production de la beauté par les oeuvres d'un être conscient, un terme proche de la notion d'invention ?    Problème    Dans la mesure où l'on considère fréquemment l'activité artistique comme une reproduction (passive) des apparences, le terme de création est-il juste et judicieux?  Le problème est donc de légitimer l'union de mots proposée à notre étude, union qui n'est nullement évidente.  

« transfiguration de ce monde ou l'instauration d'un nouvel univers, comme nous allons tenter de le démontrer. 2.

L'activité artistique représente, en réalité, un dur travail pour idéaliser l'apparence et non point lareproduire. Les désirs et les pulsions de l'homme s'expriment à travers une oeuvre et, en particulier, l'oeuvre d'art.Dans l'oeuvre, c'est-à-dire l'organisation de matériaux exprimant un idéal esthétique, l'homme projette précisémentses pulsions et ses désirs.

La création et la production de l'oeuvre d'art trouvent leur source dans le besoinfondamental de l'homme d'inscrire sa conscience dans les choses.

Les désirs essentiels de l'homme, désir de clarté,de rationalité et de transparence, par exemple, s'expriment à travers une oeuvre et la définissent.

Le grand artclassique donne à voir cette projection dans l'oeuvre d'art de la face « lumineuse » de l'homme. Cette oeuvre exige travail et analyse.Cette oeuvre, loin d'être une inerte copie de la nature, exige réflexion, travail, effort, analyse.

La création artistiquereprésente un labeur et un exercice.

En effet, créer une oeuvre, c'est toujours donner une forme à une matièreinforme, à un contenu informel.Cette maîtrise s'acquiert progressivement, par un apprentissage minutieux.

La création de l'oeuvre d'art ne consistedonc pas à imiter la nature, sous l'effet de quelque don inné, mais à faire surgir un nouvel univers spirituel par unlabeur acharné. L'oeuvre d'art utilise, en les transfigurant, les matériaux et la culture de la sociétéDans cette genèse difficile et progressive des formes artistiques, fruits du labeur et non point de quelque passiveimitation des choses, l'étude du monde extérieur et social apparaît fondamentale.

Que d'exemples nous pourrionsdonner ! Balzac décrit minutieusement les caractères distinctifs des différents milieux sociaux durant la Restaurationet la Monarchie de Juillet ; de la petite bourgeoisie à la grande aristocratie, les classes défilent sous nos yeux avecleurs coutumes, leurs usages et leurs demeures.

Mais Balzac construit ainsi un univers qui n'appartient qu'à lui etqui, en retour, va servir de modèle au monde réel : il a créé les types célèbres du père Goriot, de la cousine Bette,etc.

L'oeuvre d'art manifeste et transfigure toute la culture d'une société.

Elle est création d'un monde.

« Balzacn'est pas plus un réaliste que ne le fut Holbein.

Il a créé de la vie, il ne la copiait pas » (Oscar Wilde). Oscar Wilde affirmait paradoxalement que, contrairement à ce qu'on admet volontiers, c'est la nature qui imite l'art. La formule peut sembler excessive, mais elle correspond aux transformations historiques de la sensibilité, qui ne peutdécouvrir de beauté dans la nature ou ailleurs qu'à partir du moment où la nature elle-même a été représentée entenant compte de certaines exigences formelles.

C'est d'abord La Nouvelle Héloïse qui a décrit les correspondancespossibles entre un paysage et l'humeur d'un personnage, révélant de la sorte à ses lecteurs une dimension «émotionnelle » de la nature, dans laquelle peut se singulariser un regard esthétique sur l'ensemble de la nature.

Toutcomme, ensuite, de manière plus précise, c'est la peinture de Friedrich qui comme nce à enseigner la beauté des glaciers – et ce, avant que les alpinistes amateurs puissent à leur tour la découvrir (ils se préoccupaient d'abord deleur sécurité dans l'escalade).Dans la mesure où les sociétés développent des formes artistiques différentes, on doit alors admettre que leurappréciation des beautés non artistiques est variable.

C'est bien pourquoi l'absence de réaction esthétique d'unepersonne face à ce qui nous paraît beau peut nous surprendre ou nous dérouter : c'est que le « filtre » artistiquequi a formé son idée de la beauté n'est pas le même que celui dont nous avons bénéficié. Pour finir, la p hrase paradoxale d'Oscar Wilde : « La nature imite l'art » montre que les oeuvres d'art nous donnent les règles afin de percevoir la réalité.

Notre vision du réel est influencée et déterminée par notre culture artistique.Loin de nous illusionner sur le réel, il nous montre le réel.

Nous nous extirpons, grâce aux oeuvres d'art, d'uneapproche bestiale et bassement matérialiste de la réalité.

La réalité n'est peut-être pas celle qui se laisse déchiffrerpar des équations mathématiques.

Et là où l'homme cultivé voit le brouillard, l'inculte ne saisit que de simplesparticules d'eau en condensation.

L'art donne un sens et des formes à la réalité et c'est sûrement son plus grandenseignement. Notre culture artistique nous fait voir dans la nature ce que nous ne saurions voir sans elletel paysage est romantique, telle situation cornélienne ou kafkaïenne, tel personnage ubuesque...

« C'est plus la vie qui imite l'art que l'art qui imite la vie.

» (Oscar Wilde ). L'art est donc éducation du regard, apprentissage de l'écoute, et en même temps humanisation du monde.

La naturen'est pas ce qui est extérieur à la culture, mais ce que nous percevons à travers elle. WILDE : « CYRIL.

- En ce cas, la Nature imite le peintre paysagiste, et lui emprunte ses effets ?VIVIAN.

- Bien évidemment.

D'où nous viennent donc ces merveilleux brouillards bistrés qui se faufilent dans nosrues, estompent les réverbères et donnent aux maisons l'apparence d'ombres fantastiques, si ce n'est desimpressionnistes ? A qui devons-nous, si ce n'est à eux et à leur maître, ces délicieuses brumes d'argent quis'attardent sur nos rivières et confèrent à la courbe d'un pont, au chaland qui se balance, des formes délicates quis'évanouissent gracieusement ? C'est uniquement à une école d'Art particulière que nous devons l'extraordinairechangement de climat que nous connaissons à Londres depuis une dizaine d'années.

Tu souris.

Envisage la questiond'un point de vue scientifique ou métaphysique et tu verras que j'ai raison.

Car, qu'est-ce que la Nature ? La Nature. »

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