Devoir de Philosophie

Pourquoi avons-nous des devoirs envers autrui ?

Publié le 09/04/2009

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Quand Abraham accepte de sacrifier son fils Isaac, selon le mythe biblique, le devoir d'obéissance envers la divinité prime sur tous les autres. Quand Dieu suspend son geste, et lui fait sacrifier un animal à la place, le respect de la vie d'un autre être humain reste absolu. Par contre la vie d'un animal importe beaucoup moins. N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ? La réalité du devoir moral, comme des devoirs de la vie en société, n'a-t-elle de sens que par et pour les autres ? Un homme n'aurait-il aucun devoir à l'égard d'êtres supposés inférieurs, les animaux, les objets ? Inversement des entités supérieures, comme Dieu ou la patrie constituent des points de référence pour beaucoup. En quoi ces devoirs sont-ils distincts de ceux qui nous lient aux autres ? Nous verrons dans un premier temps le lien quasi nécessaire entre la notion de devoir et la réalité d'autrui. Puis nous verrons qu'il peut être difficile de séparer le respect des autres d'une sorte de devoir envers soi-même. Nous analyserons enfin si la pluralité des sources de devoirs ne se prête pas à une ambiguïté quant à leur objet.

« l'homme a la capacité de fixer d'autres fins à ses actes que leur participation au bonheur.

Il se fixe des finspurement morales, et non naturelles ou affectives. 2.

Les devoirs envers soi Il y a alors un sens à parler de devoir envers soi.

Kant les rassemble autour de l'exigence de raison justement.

Veillerà sa propre perfection, veiller au bon développement de sa raison est ainsi un devoir envers soi-même car s'enabstenir reviendrait à ne pas se soucier de notre statut de fin en soi ou de créature capable de se poser sespropres fins de comportement.

Il faut donc le plus possible se désengager de tout tuteur de conscience, ou commele dit Descartes d'user au mieux de son libre arbitre personnel.C'est aussi pour cette raison que le suicide peut être condamnable : il revient à se retirer volontairement du mondeet par conséquent à ne plus considérer la réalité de la morale comme une fin en soi.

Au contraire, on fait de sapropre vie une sorte de moyen, utilisé au profit d'un penchant affectif venu d'un désir morbide ou d'un idéal manqué. 3.

La vertu du sage Si l'on pousse cette logique à son terme, apparaît la figure du sage, celui qui connaît et sait appliquer les principesd'une vie parfaite pour lui-même.

Il réalise en effet la perfection de sa nature d'être humain et obtient ainsil'excellence de la vertu.Cela passe bien souvent par l'indifférence à l'égard du jugement des autres.

Comme le montre Sénèque, dans De laconstance du sage, ce dernier ne doit pas être sensible à l'insulte ou à la moquerie, c'est aux autres de faire lemême travail que lui vis-à-vis de leur raison.

Si celui qui insulte dit la vérité, on ne peut que lui en êtrereconnaissant, et ce n'est pas une insulte.

Si c'en est une, c'est qu'il ne se contient plus, et dans ce cas c'est luiqu'il faut plaindre, mais on ne peut s'en affecter.

Dans cette perspective, c'est en vertu du devoir envers soi-mêmeque l'on n'a pas à répondre à une insulte.Mais outre que cette attitude d'abstention serait difficile à tenir, est-elle si vertueuse que cela ? Si le résultat de lavertu est d'être heureux de façon constante, comme l'affirme en effet toute la philosophie stoïcienne, n'est-ce pasle bonheur et l'intérêt qui dictent les devoirs envers nous-même ? Et dans ce cas s'agit-il encore de devoirs ? III.

Devoir ou nécessité ? 1.

Devoir et intérêt Le problème du devoir, envers soi-même comme envers les autres, est qu'il peut se confondre avec l'intérêt.

Si jeveux être médecin, je dois suivre des études longues et difficiles.

Si je veux garder ma clientèle, je me dois d'êtrecompétent et serviable, etc.

Tous ces éléments sont bien des devoirs demandant des efforts, mais ils proviennentde mon choix initial, et ils vont dans le sens de mon intérêt personnel.On pourrait même dire que les devoirs de la vie sociale n'ont de sens que parce qu'ils servent l'intérêt de chacun.J'accepte de me plier à des règles, car en retour je gagne sécurité et liberté partielle dans mes actes.

C'est ainsique Hobbes analyse le pacte social par exemple.

C'est toujours par intérêt personnel que l'individu se plie de sonplein gré à des devoirs.

Mais la finalité ultime du devoir social ou moral n'est pas le pur respect d'autrui, juste lesouci de soi.C'est le même schéma pour la nature : on respecte l'environnement parce qu'on a intérêt, pour nous et pour nosenfants, à vivre dans un environnement salubre et viable.

On respecte aussi Dieu, dans la religion, parce que l'onpense qu'il récompensera les siens, notre intérêt n'est donc jamais absent.

Pascal montre même, dans l'argument dupari, que l'on peut rationnellement calculer ses chances de gagner une vie éternelle si l'on se montre croyant. 2.

Devoir et éthique L'ambiguïté est inscrite à l'intérieur même de la réalité du devoir.

Soit on fait de ce dernier le résultat d'un calculrationnel, et finalement égoïste, soit, comme le fait Rousseau par exemple, on assimile le devoir moral à unsentiment naturel quasi instinctif et non acquis, dans lequel la notion d'intérêt n'est pas pertinente.

Il y a ainsi desdevoirs envers ses proches, mais aussi envers tout être vivant, animaux compris, par le simple fait que l'on répugneà les faire souffrir en vain.

Devoir et amour désintéressé peuvent se confondre : on peut donc respecter des entitésinférieures ou supérieures à l'homme sans attendre quoi que ce soit en retour.L'expérience du contact avec autrui est néanmoins privilégiée car elle incarne le modèle exemplaire du devoir.Lévinas analyse ainsi le rapport au visage de l'autre.

Tout visage montre l'entière altérité de ce qui ne peut prendrela forme que je voudrais moi.

Mais il montre aussi à quel point l'autre peut être vulnérable, car il laisse transparaîtretoutes ses faiblesses.

C'est donc un appel à un respect immédiat et inconditionné qui s'impose, une responsabilitééthique à son égard donnant toute sa chair au terme « devoir ». Conclusion. »

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