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Pourquoi désire-t-on l'impossible?

Publié le 17/03/2005

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Le désir est, par essence, le manque : et ce depuis Platon, dans son célèbre Banquet. Eros, en d'autres termes le dieu grec de l'amour, personnifie le désir : c'est l'intermédiaire entre le savant (celui qui sait qu'il sait : celui qui sait tout) et l'ignorant (celui qui ignore qu'il ignore : celui qui ne sait rien). Éros est ni tout à fait laid, ni tout à fait beau : c'est le juste milieu entre deux extrêmes : il recherche donc la connaissance, puisqu'il ne sait pas. Le désir caractérise donc cette quête : la quête de ce qui manque. Toujours en quête de ce qu'il lui manque, de ce qui lui fait défaut... l'homme se consume dans cette course infinie qui le pousse à toujours désirer plus qu'il n'a, plus que ce qui lui est permis d'espérer. Le désir c'est une volonté, au sens de Schopenhauer : ils désirent être comblés (souffrance), mais dès qu'il est satisfait, comblé surgit alors l'ennui. Le désir engendre de nouveaux désirs, jusqu'à l'infini.     II.                Le désir comme manque difficile à combler :   Ambivalence du désir : il veut être satisfait, mais dans le même temps, il ne le veut pas. La satisfaction d'un désir quelconque conduit à l'extinction de ce désir, mais dans le même temps, à la reconduite ou la naissance d'un nouveau désir.

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Le désir c'est « l'essence même de l'homme «, selon Spinoza. C'est inscrit au cœur même des affects de l'homme que de désirer : faculté irrationnelle qui ne se fixe que temporairement sur un objet ou sur une personne. Objet ou personne sur lequel se fixent les intérêts, les espoirs, …etc. d'un individu particulier.

            Mais le désir ouvre à l'individu tout un choix de possibilités : il détermine les décisions, les choix, les chemins à prendre ou à emprunter. C'est le moteur de la vie humaine : qu'il se décline sous la forme du Conatus de Spinoza ou de Hobbes, sous la forme du vouloir-vivre de Schopenhauer, ou sous la forme du « ça « de Freud.

            Affirmer que tout un chacun désir l'impossible (« on «) c'est affirmer que tout objet, que toute personne peut devenir objet de désir : que tout, indépendamment des conditions de possibilités d'obtention de l'objet désiré, peut être objet de désir. Le possible et l'impossible sont deux faces d'une même médaille : l'impossible peut devenir possible, tout comme le possible peut devenir impossible. Désirer quelque chose, c'est vouloir que ce quelque chose arrive : désir et satisfaction

« jamais de satisfaction finale, nulle part un lieu de repos.Cet effort est-il propre à l'homme ? Non.

On peut le reconnaître partout, y compris dans la nature dépourvued'intelligence.

Dans la pesanteur, par exemple, « effort interminable, et qui tend vers un point central sans étendue,qu'il ne pourrait atteindre sans s'anéantir et la matière avec ».

Chez la plante qui , par un effort poursuivi à traversdes formes de plus en plus nobles, aboutit enfin à la graine, « qui est un point de départ à son tour : et cela répétéjusqu'à l'infini ».

Chez les bêtes aussi.Mais plus la conscience s'élève et plus la misère va croissant, plus la souffrance est grande.

De toutes les formes devie, c'est la vie humaine qui est la plus douloureuse et celle-ci « oscille, comme un pendule, de droite à gauche, dela souffrance à l'ennui ».

souffrance quand le désir n'est pas satisfait, ennui quand la volonté vient à manquerd'objet ou quand une prompte satisfaction vient lui enlever tout motif de désirer.

L'homme est-il arrêté par quelqueobstacle dressé entre lui et son but immédiat ? voilà la souffrance.

Atteint-il son but ? C'est la satisfaction.

Soit,mais pour combien de temps ? La douleur ne s'interrompt pas pour autant.L'homme ne peut, en fait, que vivre que dans un état perpétuel de douleur.

Celle-ci accompagne chaque moment deson existence et les efforts incessants qu'il fait pour la chasser sont vains.

Ils n'ont d'autres effets que de la fairechanger de figure. 2) De cette analyse du désir, Schopenhauer tire la conséquence : il n'y a pas de bonheur durable, mais seulementun effort continu, sans vrai but, sans vrai repos.

La vie la plus heureuse est la moins douloureuse, cad celle où « ledésir et sa satisfaction se succèdent à des intervalles qui ne sont ni trop longs, ni trop courts ».

comment expliquer,dès lors, que la plupart des hommes s'accrochent à la vie ? Qu'est-ce qui leur fait endurer toutes ces souffrances ?L'amour de la vie ? L'espoir d'une vie meilleure ? Ou tout simplement la peur de la mort, qui est toujours là, « quelquepart caché », prête à se manifester à tout instant ?La vie n'est-elle pas, au fond, une fuite continuelle devant cette même mort que nous désirons parfois, qui nousattire irrésistiblement ? Ne voyons-nous pas, en effet, des hommes à l'abri du besoin et des soucis qui, à chaqueheure qui passe, se disent : autant de gagné ! A chaque heure, cad, « à chaque réduction de cette vie qu'il tenaittant à prolonger » Le désir engendre de nouveaux désirs, jusqu'à l'infini.

II.

Le désir comme manque difficile à combler : Ambivalence du désir : il veut être satisfait, mais dans le même temps, il ne le veut pas.

La satisfaction d'undésir quelconque conduit à l'extinction de ce désir, mais dans le même temps, à la reconduite ou la naissanced'un nouveau désir.

Schopenhauer qualifie ces deux états de souffrance (quand il y a désir) et ennui (dès lorsque le désir est satisfait).

Se déplaçant d'objet en objet, le désir est illimité ou condamné à l'insatisfactionradicale.

Désirer l'impossible serait l'essence même du désir ou de l'acte de désirer : chaque désir éteint faitnaître un nouveau désir, jusqu'à l'infini.

Dans le Banquet Platon souligne de manière très marquée cetteambivalence du désir en le décrivant tout d'abord comme manque, le désirest la manifestation en nous de l'aspiration vers quelque chose dont nousavons l'intuition plus ou moins vague, mais que nous ne possédons pas,que nous ne parvenons pas à atteindre. Assimilant le désir à l'amour il en fait le fils d'une mendiante (Pénia, lapauvreté) et de la richesse (Poros, la ressource), cette double origine quifait du désir un mixte symbolise à la fois le vide en quoi consiste lemanque qui le fait naître et la plénitude vers laquelle il tend mais qu'iln'atteint que très difficilement. On ne désir pas ce que l'on a : le désir est la recherche de ce qui nousmanque, c'est donc le moment où nous prenons conscience du manque.

Le désir est donc le symptôme de notre incomplétude.

Dans Le Banquet,Platon raconte le manque à l'origine du désir.

Le mythe de la naissanced'Eros, symbole du désir amoureux, permet de comprendre l'essence dudésir.

Eros est le fils de Pénia, le manque, et de Poros la plénitude.

Erosest l'être contradictoire qui tend vers la plénitude mais ne l'atteint jamais.Ce manque est conscient parce qu'il implique la représentation d'un but àatteindre.

La raison pour laquelle le désir est une souffrance, c'est qu'iln'est jamais satisfait.

On peut parfois atteindre certains objets de notredésir, on peut réaliser certains de nos désirs particuliers, mais on ne cesse jamais de désirer et nos appétitssautent sans cesse d'un objet à un autre.

C'est pourquoi les moralistes insistent souvent sur la servitude danslaquelle nous plonge le désir si l'on ne le limite pas.

Dans Le Monde comme volonté et comme représentation,Schopenhauer montre que le désir, c'est l'essence même de l'homme.

L'animal recherche de quoi survivre defaçon mécanique, l'homme forme en lui des représentations conscientes et passe sa vie à courir derrière ce qu'iln'a pas.

C'est pourquoi la vie oscille sans cesse entre la souffrance causée par le désir et l'ennui, dans les rares. »

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