Devoir de Philosophie

Pourquoi faut-il penser l'art?

Publié le 14/03/2005

Extrait du document

On est toujours un peu décontenancé devant une oeuvre d'art car on cherche à la ramener à du connu, et que l'on n'y parvient pas. Étudier le phénomène artistique, c'est donc étudier l'apparition de l'inconnu, du nouveau. ->S'il faut penser l'art, ce n'est donc pas avant la création, ce n'est pas à l'artiste de penser pourquoi il va faire son oeuvre. Il est évident que l'art se pense, puisque l'art semble être une pensée. Cependant une pensée ne se pense pas elle-même, mais porte sur quelque chose...   2ème partie : Penser l'art, c'est découvrir une autre vision du monde. L'artiste est rarement celui qui parle le mieux de son oeuvre. Il est trop proche de ce qu'il créé, il n'a pas de recul. Il ne sait pas pourquoi il a fait ça, c'est juste sa manière de s'exprimer. C'est alors au spectateur de penser l'art, car l'art questionne, interpelle, choque, émeut. Le spectateur est rarement indifférent devant une oeuvre d'art.

Certains la considèrent superflue, ou réservée à la sphère privée, et pourtant la question de l’éducation artistique à l’école fait encore polémique dans l’actualité française. L’art s’enseigne, se transmet, mais est-ce une nécessité de « penser « l’art, au même titre que l’on pense dans les sciences ? Penser l’art, est-ce réfléchir sur les conditions de sa réalisation ou sur l’œuvre achevée ? Est-ce une tentative de trouver la clé, ou la recette de l’art, pour pouvoir être artiste soi-même, ou est-ce une recherche d’une connaissance qui lui est supérieure ?

« Regarder n'est donc pas la même chose que voir.

Voir, nous dit-il, c'est voir des conventions interposées entrel'objet et nous, c'est-à-dire toujours percevoir une chose à travers un écran ou une grille qui nous en masque laprésence la plus authentique.Quelles sont ces conventions ? « Ce sont des signes conventionnels qui nous permettent de reconnaître l'objet etde le distinguer pratiquement d'un autre.

» Bergson vise ici les mots de notre langage qui sont interposés, commedes étiquettes le sont sur des produits de consommation, entre les objets et nous.Ces mots nous procurent cette « commodité » qui est celle de la communication, laquelle rend l'échange plus facile,le travail plus aisé et, avec lui, une meilleure satisfaction des besoins.

« Il fallait vivre, écrit Bergson dans Le Rire, etla vie exige que nous appréhendions les choses dans le rapport qu'elles ont à nos besoins.

Vivre consiste à agir.Vivre, c'est n'accepter des objets que l'impression utile pour y répondre par des réactions appropriées.

»Ce que nous regardons du monde extérieur est donc simplement ce que nos sens en extraient pour éclairer notreconduite en vue de satisfaire nos besoins.

Comment cette « simplification pratique », par laquelle nous écartons del'objet tout ce qui ne correspond pas à son utilité, s'opère-t-elle ?Les mots ne sont pas des étiquettes blanches.

Ils renvoient à un sens, ils englobent une définition que nous avonstoujours à l'esprit quand nous regardons le monde.

Cette définition, que le philosophe appelle le « concept» del'objet, se résume le plus souvent à une formule qui porte sur sa fonction, à laquelle il est réduit.Quand nous voyons des chaussures comme celles que Van Gogh a représentées en 1886 dans son tableau Souliersavec lacets, ne voyons-nous pas autre chose qu'une paire de semelles recouvertes de cuir, le tout assemblé avecdes clous et de la couture, pour servir à chausser des pieds ? Or le concept qui est associé au mot « chaussures »et qui les réduit à leur fonction la plus générale, convient à toutes les paires de chaussures, et nous empêche devoir cette paire-ci dans sa singularité, dans l'épaisseur de sa présence unique.Ce sont donc bien ces conventions (les mots et leurs concepts) qui constituent ce voile dont parlait Bergson.Cependant, l'artiste est seul capable de « mettre le feu à toutes ces conventions », en portant sur le monde un oeilqui n'est pas celui de la consommation.

Son regard est désintéressé et il redécouvre les êtres et les objets dans leurmystère et dans leur plénitude.

Cette attitude concerne aussi bien les réalités naturelles que les objets techniques.Lorsque le peintre représente, sous forme de « natures mortes », des aliments, des fruits par exemple, il oublie cequ'ils signifient pour nos yeux de consommateurs et les regarde pour eux-mêmes.

La contemplation se substituealors à l'intérêt.C'est pourquoi le regard de l'artiste est un « voir » plus profonde, car il est plus entier.

Il repose sur le mépris de «l'usage pratique et [des] commodités de la vie », conversion du regard qui seule peut nous amener à pénétrer laréalité de la manière la plus intense.C'est pourquoi Bergson écrit, dans Le Rire, que l'art, « qu'il soit peinture, sculpture, poésie ou musique, [...] n'ad'autre objet que d'écarter les symboles pratiquement utiles [...

] pour nous mettre face à face avec la réalitémême ».

Penser l'art, à travers l'analyse, c'est découvrir différents niveaux de sens cachés, des significations (ex : l'analysede film permet de montrer comment la lumière peut donner du sens à l'histoire, en contribuant à créer uneatmosphère, à anticiper une action, etc.).

Chercher à comprendre une œuvre, c'est découvrir sa richesse, c'est selaisser entraîner dans l'univers de l'artiste et recevoir ce qu'il nous donne.

3ème partie : C'est l'art lui-même qui stimule notre pensée. Pour Kant, l'art est un moyen de connaissance, dans la mesure où il donne àpenser.

La contemplation esthétique (la réception de l'œuvre d'art par lespectateur) provoque un « plaisir de réflexion » chez le spectateur.

PourKant, c'est la « beauté » de l'œuvre d'art qui « donne à penser », enconciliant imagination et pensée.Il y a un pouvoir matriciel (=générateur) dans la relation qui se noue entrel'œuvre et le spectateur, qui fait que l'œuvre d'art suggère une pensée etstimule l'imagination du spectateur.

Un plaisir esthétique a sa source « dans le libre jeu de l'imagination et del'entendement ».

Libre jeu car l'imagination n'est pas subordonnée àl'entendement comme dans la connaissance où elle doit se plier à ses règles :si elle ne s'y plie pas elle divague, elle rêve, elle entrave la connaissance.Face au beau qui n'est pas l'objet d'un jugement de connaissance (en langagekantien déterminant ) l'accord entre l'imagination et l'entendement ne suitaucune règle.

Par exemple lorsque nous écoutons une œuvre musicale, nousassocions aux sons des images, ces images s'organisent et prennent un sensmais d'autres associations seraient possibles, un autre sens pourrait jaillir etc'est pour cette raison que le désir d'écouter l'œuvre ne s'épuise pas.

Le plaisir naît de ce libre accord et finalement pour Kant de l'expérience intérieure de la liberté de nos facultés.

Conclusion :Penser l'art, c'est être ouvert au monde qui nous entoure et à ses diverses modalités d'expression.

Finalement, c'estplutôt l'art qui nous donne à penser, qui provoque notre pensée, et c'est davantage le monde que l'art lui-même quel'on pense face à une œuvre.

(Ouverture) : et pourtant, s'il stimule la pensée, l'art qui nous confronte à l'expérience. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles