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Pourquoi haïr la culture ?

Publié le 27/02/2008

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Au vu des millions d'euros investis par tous les pays développés dans la promotion et le développement de leur culture ou des efforts faits, en France par exemple, pour promouvoir les langues (le Français est ainsi promu au travers de la francophonie) et les arts ou encore tout simplement de la connotation positive que revêt l'adjectif « cultivé », se demander pourquoi haïr la culture est presque choquant. N'est-il pas acquis que la culture est aimée, valorisée est recherchée ? C'est ce que nous allons remettre en question. Le sujet repose sur deux présupposés, l'existence de « la » culture existe et sa haine. Nous les interrogerons. Pour notre part, nous montrerons que concevoir la culture de manière totalisante n'est peut être pas très heureux et que dès lors il n'y a pas de haine de « la » culture même si ces différentes formes, facteurs de divisions, peuvent susciter la méfiance. Pour ce faire nous établirons d'abord l'inexistence de « la » culture pour ensuite voir qu'elle est un facteur de création identitaire et enfin montrer que c'est pour cela qu'elle est haïe ou que l'on s'en méfie.
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« « des » cultures, fruits d'un mécanisme commun à toute l'humanité.

Sans aller jusqu'à la haine c'est peut être « laculture » envisagée comme mécanisme qui peut susciter la méfiance.

Dans le Second discours , Rousseau remarque qu'hors de l'état de nature, c'est à dire après l'institution de la propriété privée, et donc après la création d'unecertaine « culture », l'homme perd son égalité naturelle et qu'il se retrouve dans les « fers », c'est à dire sous ladomination de ses semblables à l'état civil.

Le passage de « l'état naturel » à « l'état culturel » ne se fait donc passans heurt et en ce sens il est peut-être possible de trouver un sens à une méfiance de « la » culture même si sa« haine » nous semble un peu disproportionnée. Nous l'avions entrevu avec le fait que la culture forme le soubassement de l'identité, elle est un facteur de division.Pourtant le fait est que les états, même multiculturels, survivent et c'est probablement parce qu'ils promeuvent unecertaine culture élargie, dans laquelle chacun peut se reconnaître.

Peut-être ainsi que chaque citoyen américain,peu importe son origine, peut se reconnaître dans le mythe du « rêve américain ».

Il reste qu'au sein de chaque étatla possibilité de l'interaction sociale est crée par une certaine uniformisation qui n'est pas sans soulever de lourdsdébats.

Sans nous attarder sur ces derniers il nous semble que Bourdieu, par toute son oeuvre de sociologue nouséveille à nous méfier de cette culture exigée de chacun et que l'on semble naturellement valoriser.

Si la culturepermet la structuration d'identités de groupes ou individuelles, Bourdieu montre surtout que « la culture » n'a en faitqu'une valeur relative par rapports à d'autres cultures (la culture des élites par rapport à la culture de masse parexemple).

Surtout il montre que « la culture » sert surtout d'outil de domination.

Chacun part en effet avec un« capital culturel », c'est à dire un semble d'acquis culturels qu'il peut investir dans ses interactions mais commeseuls la culture de l'élite est valorisée et exigée, notamment pour réussir sur le plan scolaire, seuls ceux qui partentavec le « bon » capital culturel réussissent.

C'est donc à une lute des valeurs et des significations que se livrent lesdifférents groupes sociaux et on le voit, Bourdieu nous incite à déconstruire la notion de « culture » afin de voirqu'elle n'a pas de valeur ontologique mais uniquement une valeur relative et contingente.

Même si nous sommesmenés une fois de plus à nous méfier de « la culture », la haine n'a pas encore surgi, existe-t-elle même ? Dans une interview, Nicolas Sarkozy soutenait que certaines filières, comme la littérature ancienne, sont inutiles carelles ne sont pas économiquement rentables contrairement aux mathématiques, à l'informatique etc.

Sans prendrede position politique, on s'aperçoit donc que « la culture » n'entraîne peut être pas de rejet généralisé mais quec'est une certaine forme de culture qui provoque ce rejet.

Ici pour des motifs économiques, là parce que l'on rejettela culture que le pays colonisateur ou vainqueur veut imposer pour ne pas perdre sa propre identité.

Peut-être cerejet peut-il aller jusqu'à la haine.

Il reste que c'est toujours une certaine culture, c'est à dire la culture envisagéesous un certain point de vue qui est dépréciée.

Peut-être encore que la dépréciation la plus prononcée de la culturevient des états totalitaires.

En effet, en interdisant l'accès à la littérature et aux arts et en favorisantexclusivement l'accès aux matières scientifiques appliquées ou techniques, l'état musèle l'esprit critique de sescitoyens et les transforme en un groupe probablement plus facile à gouverner et à influencer.

Peut-être ainsi queseul l'état totalitaire hait « la culture » dans son acception la plus courante (les humanités) et la censure afin depouvoir se perpétuer et de ne pas se retrouver confronté à des identités pourvues de sens critique. Conclusion La définition de la culture selon l'Unesco pourrait donc nous faire penser qu'il existe « une » culture et tel est bien lecas si on accepte une définition totalisante de la culture, c'est à dire rassemblant toutes les pratiques humaines, enopposition à la « nature » notamment.

Pourtant, nous avons montré qu'il fallait probablement établir une distinctionentre culture individuelle et culture sociale et plus généralement entre plusieurs cultures puisqu'en général on neparle pas de « la culture » mais de la culture qualifiée par un adjectif. Il nous est donc apparu difficile d'haïr « la culture » comme une réalité en soit même si nous avons montré qu'il étaitprobable que les états totalitaire haïssent la plupart des formes des cultures (il faut entendre ici le terme « culture »au sens des arts et des lettres, des « humanités »).

En effet, empêcher la diffusion de la culture ou des culturespermet de disposer d'un peuple crédule et donc facile à gouverner. La promotion de la diversité culturelle et de son approfondissement semble donc liée à la promotion de la liberté etdu développement de l'esprit critique.

Pourtant, et c'est peut-être là le revers de la médaille, on encourage aussiprobablement ainsi les réflexes identitaires et, partant, les luttes entre groupes.

Ce processus de création identitaireau travers de la culture, Bourdieu l'illustre bien, est aussi à la racine de la création d'inégalités.

« La » culturen'existe pas parce qu'elle n'a qu'une valeur relative, par les liens qu'elle entretient avec les autres cultures.

Plutôtqu'haïr la culture, sauf à vouloir bâtir un état totalitaire, il s'agit donc peut-être plutôt de s'en méfier afin de ne pasen avoir une conception essentialiste mais de la prendre pour ce qu'elle est, un certain degré d'achèvement d'unesociété humaine en perpétuelle évolution afin de ne pas révérer une culture qui bien que servant d'outil dedomination n'a pas, en soi, plus de valeurs que les cultures moins « distinguées ».. »

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