Devoir de Philosophie

Pourquoi parle-t-on ?

Publié le 29/07/2005

Extrait du document

L'homme est le seul animal à posséder les valeurs politiques, celles-là mêmes qui sont traduites dans le langage articulé, et c'est la possession commune de ces valeurs, transmises et exprimées par le langage, qui constitue une cité, c'est-à-dire une communauté politique. Ainsi, le langage a une nature profondément politique : on parle pour partager des valeurs "politiques" (au sens où la justice constitue une vertu, par exemple, qui assure la bonne tenue de la cohésion sociale), dont le langage constitue le principal vecteur. Par suite, un homme est un homme parce qu'il vit en communauté (sans quoi, selon Aristote, il est soit une bête, soit un dieu), et donc parce qu'il parle, puisque la parole est d'elle-même le signe de la nature politique de l'homme : il n'y a de parole que parce qu'il y a échange, et la condition principielle de l'échange, c'est le vivre-ensemble.     II. Mais il n'y a pas de parole sans cohérence et sans rationalité : on parle aussi et surtout pour penser (Descartes).   Descartes (Lettre au marquis de Newcastle) : les bêtes, contrairement à l'homme, ne parlent pas, et pourtant nombre d'entre elles sont également des êtres vivant en société. La cause du langage se trouve donc ailleurs, car si les bêtes expriment des passions, il n'y a pourtant pas chez elles de véritable langage. Descartes fournit une réponse avec la thèse de l'animal-machine : étant dépourvus d'âme et de raison, l'animal se trouve naturellement dépourvu de langage, il y a donc une corrélation évidente entre la pensée et le langage ; par ailleurs, cette idée se trouve déjà, par exemple, chez Platon, qui affirmera, par la bouche de Socrate, que la pensée constitue un dialogue intérieur de l'âme avec elle-même : l'on parle donc pour penser, peu importe que cette parole soir oralisée ou non ; elle constitue une figure de dédoublement du sujet pensant, qui s'adresse à lui-même comme à un interlocuteur. La pensée trouve donc une origine qui n'a pas lieu dans les passions, contrairement aux autres animaux : l'homme emploie des signes linguistiques pour communiquer des pensées, et l'absence de ces signes chez les animaux montrent précisément qu'ils ne pensent pas. Plus que le critère politique, c'est donc le critère rationnel qu'il faut ici retenir pour déterminer la cause première du langage humain.

- Parler, c'est produire par la voix un certain langage, dans une langue donnée ; et une langue, c'est un système de signes linguistiques organisés ; il n'y a donc de parole que selon un langage articulé et symbolique (cf. Aristote, De l'Interprétation, 1).

- Comme le remarque Aristote, le langage articulé est le propre de l'homme ; il est donc naturel, si l'on veut déterminer les raisons de la faculté humaine de la parole, de voir ce qui constitue encore le propre de l'homme.

- Selon Aristote, deux autres caractéristiques sont définitoires de l'homme, et ce qu'elles lui appartiennent en propre : sa nature socio-politique, et sa nature rationnelle.

- Ainsi, le langage humain tient-il à la nature socio-politique et rationnelle de l'homme ? Ou bien faut-il en rechercher la cause en amont de ces caractéristiques ? Le langage ne constitue-t-il pas une faculté qui dépasse les autres carctéristiques propres de l'homme, tout en les fondant ?