Devoir de Philosophie

Pourquoi Peut On Qualifier Fin De Partie Comme Une Farce Tragique ?

Publié le 06/12/2010

Extrait du document

1°) Pourquoi peut-on qualifier la pièce de ''farce tragique''?

 

Il peut paraître surprenant de qualifier Fin de partie comme une farce puisque les personnages sonyt en attente perpétuelle de la mort et qu'ils ne se fréquentent que dans l'unique but de survivre. Pourtant Samuel Beckett, crée une distanciation ironique qui permet d'allier le comique et le tragique car comme le dit Nell, l'un des personnages, ''Rien n'est plus drôle que le malheur''. En premier temps, il sera développé les éléments se ramenant au tragique de Fin de partie puis les éléments relevant de la farce.

 

Les personnages sont en perpétuelle souffrance, ils attendent la mort avec impatience, celle-ci est vu comme un soulagement. Ainsi les personnages haïssent leurs existences. La mort est omniprésente, le lecteur peut l'envisager rien qu'à la lecture du titre de la pièce: Fin de partie, il s'imagine déjà assister à la clôture d'un jeu mais l'enjeu est bien plus important puisqu'il s'agit de la fin de vie des personnages. Celle-ci est fortement attendu, tel une délivrance. À part les 4 personnages en présence tot est ''mortibus'', il n'y a plus aucune forme de vie: même les graines que Clov a semé ne pousseront jamais. De plus toutes formes de relation a disparu, Hamm et Clov évoquent les disparus: le médecin, la mère Pegg, le fou auquel Hamm rendait visite, Neill morte empoisonné. Les deux personnages principaux, eux, ne font qu'espérer mourir au plus vite, ils parlent sans cesse de la mort ''fini, c'est fini, ça va finir'', le dénouement semble être proche. Hamm va jusqu'à reprocher à son père de l'avoir fait car le néant est préférable à l'existence. Ainsi Beckett introduit la notion de fatum, comme le dit Clov ''quelque chose suit son cours''. Les personnages sont à peine des humains, le peut qu'ils le sont encore ils regrettent de l'être. L'univers est en voie de régression et d'extinction. Les parents sont des déchets humains puisqu'ils vivent dans des poubelles, ils parviennent juste à hisser la tête en dehors de cette dernière, cela crée une atmosphère pathétique. De plus le fait qu'ils évoquent un passé commun heureux où ils n'étaient pas réduit à cet état renforce le côté dramatique. Même le temps rend l'atmosphère de la pièce encore plus pesante car il est monotone, rien ne se passe. Le seul rôle qu'on peut lui accorder est de rapprocher de la mort les personnages: ''Nous perdons nos cheveux, nos dents! Nos idéaux''. L'écoulement imperceptible du temps renforce la tragédie. Les personnages dans leur souffrance aiment à faire souffrir les autres surtout Hamm qui se comporte en maître méprisant, il se permet de dire à Clov, l'enfant qu'il a recueilli: ''tu empestes l'air'', de dire sèchement à ses parents de se taire car ils sont gênants. Il ne suffit plus de souffrir intérieurement, il faut l'extériorisé et faire souffrir autrui. Placé au milieu de la pièce, Hamm se comporte tel un monstre, il traite Clov en esclave et menace de le laisser mourir de faim. De son côté, ce dernier, nie vouloir tuer Hamm mais, s'il ne le fait pas, c'est pour la simple raison qu'il ne peut ouvrir seul le buffet où sont les vivres.

La farce est une petite comédie, reposant souvent sur un comique grossier qui a pour but de faire rire. Dans cette pièce de Samuel Beckett, le langage sert cet effet (comique de mot): les grossièretés tel ''macache'', ''bernique'', le rapprochement de deux termes opposés ''vache'' et ''puce'' amène à faire sourire le lecteur. De plus les personnages jouent sur les effet sonores tel: ''sans Hamm, pas de home''. Les personnages font des quiproquos comme lorsque Clov ramasse les objet que Hamm fait tomber par terre, ce dernier lui demande de laisser tomber, c'est à dire de stopper son activité, mais Clov ne l'interprète pas de cette façon et ''laisse tomber les objets qu'il vient de ramasser''. Clov se comporte tel un clown (comique de geste): il va et vient dans la pièce avec une démarche vacillante, il va de fenêtre en fenêtre au bon vouloir d' Hamm, grimpe sur son escabeau, en redescend, ne trouve pas sa lunette. Cette scène se reproduit plusieurs fois au cours de la pièce. Le fait que Clov baille énormément pourrait être vu comme un manque de politesse cependant ces bâillements à répétition donne du comique à la pièce puisqu'il est en train de converser sur un sujet grave: la douleur. De plus l'auteur utilise des parodies, le ''je pense donc je suis'' de Descartes, se transforme en ''il pleure, donc il vit''. L'humour noir est très présent dans cette pièce puisqu'il permet aux personnages de prendre de la distance par rapport aux deux thèmes principaux de l'oeuvre: la souffrance et la mort, pour exemple Hamm demande à son père: ''comment vont tes moignons?'' celui ci lui répond:'' T'occupe pas de mes moignons'' Nagg se moque de ses propres malheurs. Clov qui ne fait qu'attendre la mort dit: ''Quand je tomberai je pleurerai de bonheur'', il crée ici une oxymore qui allie la mort à l'idée du bonheur. Hamm demande à Clov de lui faire faire le tour du monde, c'est à dire le tour de la pièce (comique de situation). Les parents de Hamm: Nell et Nagg vivent dans des poubelles, ils sont réduits à un état de larve, le fait de les voir sortir progressivement la tête des poubelles portent à rire, surtout parce que le public ne s'y attend pas. Même si cela peut paraître triste au premier abord, le comique l'emporte car la tragédie est tellement excessive que cela porte à rire.

 

Bien que touchant à des sujets extrêmement difficils comme la mort et la souffrance, Samuel Beckett réussi avec beaucoup de tact à toucher à ces sujets sensibles, car il réussit à y allier du comique, ainsi ce type de sujet est dédramatisé.

2°) Peut-on considérer Fin de partie comme une oeuvre représentative de la littérature de l'après-guerre?

 

Au milieu du XXe siècle après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les gens prennent conscience de la différence entre les principes et les actes. C’est dans ce contexte que naît le Théâtre de l’Absurde, appellé aussi: Nouveau Théâtre, qui se situe à la frontière entre deux genres: le théâtre et l’essai. Les pièces qui s’inscrivent dans ce mouvement (Beckett, Ionesco…) sont en réalité des réflexions sur la condition humaine, mais déguisées sous une mise en scène et des dialogues absurdes. Nous verrons en quoi Fin de Partie est-elle une oeuvre caractéristique de la littérature d'après guerre: premièrement, en quoi l'oeuvre rompt-elle avec les conventions traditionnelles du théâtre? Puis les éléments qui montrent que Fin de partie a une vision noire de la condition humaine.

 

La dramaturgie traditionnelle a cherché à raconter des histoires, et possédait un schéma narratif bien précis: la scène d'exposition présentait les personnages et leurs situations, un élément perturbateur venant à rompre la stabilité des personnages, les péripéties constituaient une partie importante puisqu'elles mettaient en avant les actions des personnages, la situation de résolution mettait en avant les personnes qui avaient permis de trouver un nouvel équilibre  la pièce et la situation finale clôt l'histoire et donne une vue générale de la nouvelle situation. Dans Fin de partie, l'une des principales oeuvres de la littérature d'après guerre, il n'y a aucune intrigue, les personnages ne font qu'attendre une chose: la mort. Il n'y a aucune péripétie qui vise à changer la situation. Seule la mort est envisager comme une fin possible pour les personnages.  Rien ne se passe, sinon ''ce quelque chose qui suit son cours'' et qui est la fuite du temps. De plus, ils sont très diminués physiquement: Hamm est aveugle et paralysé, la vue de Clov baisse et ses jambes sont en mauvais état. Nagg et Nell ont perdus leurs jambes suite à un accident. Le spectateur ne peut rassembler que d'infimes détails de leurs vies: l'accident de tandem de Nell et Nagg, une promenade sur le lac de Côme faite par ces derniers et l'adoption de Clov par Hamm. Depuis le XVIIeme siècle une pièce de théâtre possède une structure bien précise: elle est divisée en acte qui eux mêmes se divisent en scènes qui sont rythmées par les entrées et les sorties des différents personnages. On peut tout au plus dire que la pièce se constitue d'un seul et même acte. Cependant les éléments qui permettent une structure à l'oeuvre sont les didascalies et les silences, pour exemple: ''CLOV.- Alors nous ne mourrons pas. (Un temps). Je vais chercher le drap. Il va vers la porte. HAMM.- Pas la peine. (Clov s'arrête)''. De plus ce genre de théâtre ne recherche pas à imiter la réalité, au contraire des pièces qui avaient été au part avant produites: il n'y a aucun repère spatio-temporel: on ne sait où se trouve les personnages, à qu'elle époque ils vivent. Même la pièce dans laquelle les personnages vivent est sans vie puisque ''L'intérieur est sans meuble''. Les spectateurs se posent de multiples questions: qu'a t-il pu se passer pour qu'il règne à ce point cette impression apocalyptique? Que se passe t-il dehors? Sont-ils les survivants d'une catastrophe? À toutes ces interrogations Beckett ne fournie aucune explication car son but n'est pas de rendre son oeuvre crédible. Même les idéaux de la sociétés tel l'amour et l'amitié sont pour les personnages des foutaises que Clov s'empresse de qualifier ''d'inepties''. De plus Beckett a décidé de totalement disloquer les mots ainsi il révolutionne l'écriture qui se devait de « bien parler « et d'utiliser de « beau mot « (surtout à l'époque Classique). Ainsi l'auteur pulvérise le langage, l'appauvri et surtout le vidant de son sens dans le but de montrer qu'il est difficile d'utiliser la langue comme il se doit. 

 Fin de partie présente une vison extrêmement noire de l'existence humaine: les personnages haïssent la vie, pour exemple Clov se retrouve avec une puce dans son pantalon, il s'empresse de la tuer car sinon ''à partir de là l'humanité pourrait se reconstituer'' de plus lorsque Clov aperçoit l'enfant dehors, la première idée qui lui vient à l'esprit est de le tuer car il est un danger: ''un procréateur en puissance''. Les personnages essaient de détruire tout se qui se rapporte à la vie. Clov affirme ne pas se souvenir avoir été heureux un jour. Le fait que la pièce soit vide met en avant le fait que leur vie n'est que néant, aucun meuble, aucun objet personnel, juste un tableau que l'on ne veut pas montrer puisqu'il retourné à l'envers. De plus, le physique des personnages plongent le spectateur dans le malaise et évoque les amputations suite à la guerre, la répétition du mot ''moignon'' accentue cette image. Dans ce monde, tout est handicapé, puisque même le chien en peluche d' Hamm a une jambe en moins. Par ce fait, Beckett a vraiment voulu insister sur la déchéance physique des personnages. Toute cette insistance autours des corps en décomposition créent chez le spectateur un effet de dégoût. Les personnages sont dépourvus de caractère, leurs noms sont monosyllabiques comme si cela témoignait de leur petitesse dans le monde, on ne connaît même pas leurs âges mais seulement qu'ils sont vieux. Ils sont des anti-héros: ils tournent en rond et subissent leurs vies dans l'attente de la mort. De plus, ils sont conscients de leur finitude, ils savent que naître c'est être voué à mourir un jour, ils sont condamnés à errer dans un espace vide et insignifiant jusqu'à la mort, ils se savent voués à la déchéance et à la mort.

 

Beckett a décidé de remettre en cause les codes du théâtre traditionnel pour mieux mettre en avant l'état pessimiste dans lequel se trouve le monde à la fin de la seconde guerre mondial. Il met en avant l'immanence du temps, des personnages anti héros dont le corps est mutilé et qui attendent la fin comme un soulagement.

Liens utiles