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Pourquoi prendre la parole ?

Publié le 24/07/2004

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La parole est l’acte individuel par lequel s’exerce la fonction du langage, c’est-à-dire l’individualisation de la fonction générale de communication en tant que faculté d’exprimer verbalement sa pensée, comme un pouvoir d’expression verbale. L’action elle se situe dans le champ pratique, elle est une prise de conscience directe du monde dans sa réalité. Elle est mise en mouvement : déplacement, changement, modification perceptible du monde. Prendre la parole est donc la mise en mouvement de cette action et de cette capacité. Alors la question est de savoir pourquoi il est utile de prendre la parole ou du moins quel est son sens. C’est pourquoi, il faut saisir l’intention ou plus exactement de fondement et la fonction de cette parole.

            Si l’acte de prendre la parole se situe dans un espace social (1ère partie), cette parole devient alors créatrice donc agissante (2nd partie) et peut être envisagée comme dévoilement de l’être et du soi (3ème partie).

 

« II – Mise en acte et performation a) Si l'on peut véritablement parler d'une parole agissante, c'est notamment dans l'aspect performatif de cettedernière comme l'a bien en exergue Austin dans Quand dire c'est faire .

La valeur performative du langage se trouve dans la formule que porte le titre lui-même, c'est-à-dire dans toutes ses phrases que nous prononçons et qui vontagir sur les choses, c'est-à-dire qui produise un effet tel le verbe divin lorsqu'il dit « Que la lumière soit » et que lalumière fut.

Or de cet usage nous en avons une utilisation fréquente comme on peut le voir dans « la séance estouvert », ou encore, mais plus rare « je vous déclare mari et femme » etc.

La prise de parole est donc la mise enmouvement d'une décision, c'est-à-dire l'expression extérieur d'un acte de la volonté donc un dévoilement de soi. b) Prendre la parole, c'est aussi extérioriser les sentiments intérieurs et d'une certaine manière développer le rapportentre soi et soi par l'intermédiaire de l'autre.

Si la prise de parole peut véritablement être dite agissante c'est biendans sa vertu thérapeutique telle qu'elle peut se manifester dans le « talking cure ».

En effet, la parole est cepassage par les mots dans l'apaisement de la souffrance donc comme cure et exutoire.

C'est bien l'une desméthodes utilisées notamment en psychanalyse comme on peut le voir avec Freud dans son Introduction à la psychanalyse .

En effet, comme le rêve est un exutoire de l'inconscient, il apparaît que les mots étant une manière de mettre en forme une souffrance, ils lui permet de se dévoiler, de prendre corps dans les mots et c'est biensouvent ce qui se passe dans l'utilisation de l'hypnose ou, dans un autre ordre d'idée, ce que l'on peut observerdans les groupes de soutiens psychologiques d'aide aux victimes par exemple.

Le premier stade pour atténuer cettesouffrance est l'extériorisation par la parole, à travers le dialogue avec autrui.

C'est amener à la conscience ce quin'est pas entièrement conscient car non-formulé.

Mais dire que la parole a un tel rôle, il faut bien voir que le « dire »ou les mots doivent avoir une vertu à agir : ils ne sont pas simplement des structures vides de vécus psychiques etpsychologiques.

Si la parole a la capacité parfois d'apaiser une douleur de l'âme c'est bien parce qu'elle peut mettreen mouvement l'âme. c) Par ailleurs, c'est bien cette forme de mise en valeur ou dévoilement à soi de sa propre pensée que permet cetteprise de parole.

Plus exactement, si la parole agit ici c'est en donnant forme à l'informe c'est-à-dire en nousproposant un moment de mettre en lumière ce qui est en nous c'est pourquoi on peut parler de cette prise de parolecomme d'un acte envers soi qui serait celui du passage de la puissance à l'acte.

C'est bien ce que l'on peut voiravec cet extrait de De l'habitude de Ravaisson : « Cet état de nature où l'habitude réduit la pensée, comme elle y ramène la volonté et le mouvement, c'est la condition et la source première de toute pensée distincte, comme c'estcelle de toute volonté expresse et de tout mouvement déterminé.

Comment délibérer de saisir dans le présent ou deressaisir dans le passé une idée absente ? Ou l'on cherche ce que l'on sait, ou l'on ne sait ce que l'on cherche.Avant l'idée distincte que cherche la réflexion, avant la réflexion, il faut quelque idée irréfléchie et indistincte, qui nesoit l'occasion et la matière, d'où l'on parte, où on s'appuie.

La réflexion se replierait vainement sur elle-même, sepoursuivant et se fuyant à l'infini.

La pensée réfléchie implique dont l'immédiation antécédente de quelque intuitionconfuse où l'idée n'est pas distinguée du sujet qui la pense, non plus que de la pensée.

C'est dans le courant noninterrompu de la spontanéité involontaire, coulant sans bruit au fond de l'âme, que la volonté arrête des limites etdétermine des formes ».

La prise de parole est alors une traduction extérieur de son intériorité. Transition : Ainsi prendre la parole c'est véritablement agir comme le mot lui-même ressemblait au verbe divin.

D'une certainemanière, cette extériorisation est dévoilement de soi que l'on pourrait qualifier d'ontologique. III – Le dévoilement ontologique a) En effet, au-delà de la simple signification que peut prendre telle ou telle prise de parole, il n'en reste pas moinsvrai que cette parole apparaît comme un dévoilement de soi, comme un passage ontologique à travers cettefonction que l'on pourrait qualifier de métaphysique pour la parole.

C'est en ce sens que l'on voit poindre cetteréflexion de Merleau-Ponty dans la Phénoménologie de l'esprit nous amenant à une parole révélatrice.

La prise de parole serait dans ce cas une certaine mise au grand jour de notre être : « Une parole importante, un bon livreimposent leur sens.

C'est donc d'une certaine manière qu'ils le portent en eux.

Et quant au sujet qui parle, il fautbien que l'acte d'expression lui permette de dépasser lui aussi ce qu'il pensait auparavant et qu'il trouve dans sespropres paroles plus qu'il ne pensait y mettre, sans quoi on ne verrait pas la pensée, même solitaire, chercherl'expression avec tant de persévérance.

La parole est donc cette opération paradoxale où nous tentons de. »

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