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Pourquoi punir ?

Publié le 28/04/2013

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           Dans quelle perspective punir ? La réponse semble aller de soi : pour préserver le corps civil et politique de tous les délits. Les raisons de punir se suffisent à elles-mêmes. Et on voit mal en quoi, il serait nécessaire de les justifier. Pourtant, la punition quelles que soient ses modalités effectives n’apparaît pas efficace. La punition n’est pas dissuasive, elle n’est pas une entrave à la récidive, elle ne peut se présenter comme exemple. Dès lors, à quoi bon punir ? Puisque nous constatons que non seulement la punition est sans efficacité, mais qui plus, elle provoque un effet pervers. En effet, la punition est criminogène. Mais qu’entendre par punition ? En une première approche, on peut cerner ce qui circonscrit d’une manière satisfaisante la punition : punir, c’est porter un préjudice subi en conséquence d’une action mauvaise, injuste. L’acte de punir a-t-il pour sens la réparation pour celui qui est lésé ? A-t-elle pour vocation de dissuader l’intention de ne pas commettre l’injuste ou le mal par le recours à une punition exemplaire ? A-t-elle pour finalité d’interdire la récidive ? A-t-elle une fonction préventive ? La punition n’est-elle pas une vengeance voilée à peine déguisée de la société civile ? Les raisons convoquées pour punir rattrapent-elles les fins pour lesquelles nous punissons ?


« paraître choquant, pour ne pas dire scandaleux, de punir un enfant qui ne fait pas le mal pour faire le mal, qui ignore ce que sont le juste et l’injuste, qui accomplit un méfait sans en connaître ni les raisons ni les causes.

En quoi pour lui, jouer avec des allumettes est -il de l’o rdre de la faute ? Il doit pourtant, nous dit le Genevois, être puni.

On doit sévir ne fût -ce que pour son propre bien, pour l’empê cher de renouveler son expérience.

La raison, le raisonnement est inutile et inc ertain.

On ne peut ni le convaincre par tout un arsenal d’arguments, par une réflexion sur le mal et le bien, sur le juste et l’injuste ; ni le persuader par la confiance ou l’affectivité.

Aussi la punit ion est-elle le d ernier recours : il faut punir mais en punissant, on prend le risque, prévient Rousseau, que l’enfant n’ inscrive cette punition dans la ligne d’un trait de caractère de l’éducateur, comme preuve d’une extrême sévérité o u comme expression de la colère ; ou pire encore , comme désaffection à son égard.

C’est pourquoi il faut respecter un certain nombre de principes dont dépendent les conséquences de la punition.

Rousseau nous avertit : ne jamais accompagner la punition de manifestation d’ esprit coléreux, punir le moins possible et toujours en sorte que l’enfant ne soit pas sanctionné par le maître mais par les suites mêmes de ses actes.

I l casse un carreau de la fenêtre de sa chambre.

Il ne sert à rien de lui expliquer en quoi c’est une faute, un délit.

La seul e punition envisageable est qu’il y dorme au risque de s’enrhumer.

S’il brise un objet ? Qu’il en re ssente la privation.

Il a menti ! Qu’ il éprouve en sa chair les effets néfastes du mensonge.

Par exemple, on le ne croira plus même s’ il dit la vérité.

Ou e ncore, on l’accusera à tort ! Rousseau fonde la punition sur la nature.

La « punition naturelle » est la seule réplique, l’unique sanction que l’on puisse infliger à un â ge où l’enfant comprend mieux la nécessité des choses que la lo ngue chaine logique des raisons.

D’autant plus que la punition ne va pas sans risques.

Kant relève, dans Réflexions sur l’ éducation, que la punition comme la récompense façonnent les enfants à se mont rer hypocrites et cultivent en eux une « disposition servile ».

Lorsque l’enfant accède à l’âge de raison, Kant , grand lecteur de Rousseau, recommande de traiter le mensonge — la faute la plus fautive à ses yeux — par un « regard de mépris ».

C’est que l’« agent moral » est l’âge de la liberté, l’âge où l’éducation ne peut plus reposer sur la seule nécessité de protéger l’enfant lui -même.

Si la punition présente des modalités diverses, ces modes d’exécution de la sanction doi vent tenir compte du ce pour quoi et du pourquoi on punit .

La première raison évoquée serait l e caractère d’e xemplarité de la punition.

On punirait non tant parce que le fautif aurait fauté mais pour dissuader qui conque tenterait d’imiter l’acte sanctionné.

Il s’agit alors de la punition dissuasive dont le but est d’ int imider, d’impressionner.

Cette que stion de la punition exemplaire est le nerf de la discussion sur la peine de mort, sur le problème de la récidive.

Cette sanction pour et par l’ex emple n’est -elle pas foncièrement injuste ? On ne punirait pas tant le fautif que celui qui n’a pas encor e fauté ! Dans ce cas, la règle de la p unition ne serait plus la justice, mais l’efficacité ou encore un inst rument pour le pouvoir politique de préserver une autorité souvent fragile ou menacée comme lors des crucifixions collectives d’esclaves, la décimations lors des mutineries de 1917 dans l’Armée française.

Aussi cette fonction exemplaire de la punition relève -t- elle exclusivement de l’ efficacité et non de la l égitimité morale.

Or, comme le rappelle Kant , si l’on punit pour l’exe mple la punition est profondément injuste car il y a utilisation de la personne comme un simple moyen.

Il faut donc à nouveaux frais réactiver les raisons de punir en fonction des finalités poursuivies.

So mme toute, pourquoi utilise -t- on la punition comme exemple ? N’est -ce pas pour accorder à la loi une puissance conc rète et omniprésente ? Rémi d’ Orques découpé en morceaux est exposé sur la place publique.

Pourquoi ? C’est la loi de César Borgia s immédiatement présente à tous.

Ce coup de force de la punition trouve sa justification chez Mach iavel qui recommande, dans L e Prince, de sanctionner énergiquement.

Par la suite, Montesquieu rattrape la même difficulté de devoir pense r le sens de la punition.

Dans L ’Esprit de s lo is, il se p rononce pour une punition plus douce pour ne pas « user le ressort », il serait en effet peu judicieux d’infliger les mêmes peines à des crimes de gravité différente, ce qui reviendrait à inciter le contrevenant à risquer la sanction suprême.

Mais, outre cet effet pervers de la. »

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