Devoir de Philosophie

Pourquoi sommes-nous sensibles à la beauté ?

Publié le 24/01/2004

Extrait du document

2- Les raisons qui nous rendent sensibles à la beauté sont des produits de l'histoire individuelle et collective.

* Si, contrairement à Platon, nous pensons que la sensibilité à la beauté s'épanouit au contact des oeuvres d'art, force est d'admettre des divergences quant aux raisons justifiant notre sensibilité. Pour Platon, une chose est d'autant plus belle qu'elle est davantage conforme aux caractéristiques de l'Idée du beau. La première et la plus essentielle est l'identité à soi. L'Idée est toujours égale à elle-même et s'impose en tout temps et en tout lieu. D'où, la critique, par exemple dans le Sophiste, de la statue du temple d'Athéna qui n'est pas ce qu'elle paraît.

* Le point de vue de Platon est celui du philosophe. La modernité s'est habituée à considérer celui de l'humanité. En comparant ces deux approches, on réalise que nous ne hiérarchisons plus la sensibilité en fonction de son degré de proximité avec une idée du beau, mais nous admettons une commune sensibilité émue par des objets et des oeuvres différents. L'homme moderne en conclut à la relativité du beau.

Analyse : • La sensibilité est ce qui fait le lien entre la perception et l’aperception. Par les cinq sens externes, nous percevons le monde à travers ses sons, ses couleurs, ses odeurs etc… L’aperception nous renseigne sur l’état de notre conscience. Elle répond à ces questions : qu’est-ce que je ressens en ce moment ? Suis-je apaisé, triste ou en colère ? Quelles sont mes pensées, mes centres d’intérêts ? Or la perception extérieure et l’aperception intérieure sont interdépendantes. Les objets, les personnes, les situations m’émeuvent et sollicitent ma réflexion. Réciproquement, mes émotions et mes pensées influent sur le monde extérieur. C’est un tel mécanisme que l’on nomme la sensibilité. • En tant qu’acte de liaison entre la perception et l’aperception, la sensibilité nous fait le don de l’état de notre conscience dans le monde. Or ce don se fait sur le mode de la différenciation. Nous sommes sensibles au rouge, au bleu, au droit, à l’anguleux etc… • L’intitulé du sujet, en demandant les raisons de notre sensibilité à la beauté, présuppose que la beauté est singulière par rapport à tout ce qui nous est donné dans le monde. Ne semble-t-il pas incongru, d’un point de vue philosophique, de s’interroger sur notre sensibilité au rouge ou à l’anguleux ? Cette singularité de la beauté est justifiée par deux opinions courantes. La première souligne la difficile homogénéité du concept de beauté. Si tout le monde s’accorde sur la couleur d’un objet, il n’en est pas de même pour un jugement sur la beauté. Des goûts et des couleurs, on n’en discute pas. Tel concerto de Mozart me transporte tandis qu’il ennuie profondément mon meilleur ami. La seconde voit dans la beauté un signe de supériorité. La beauté a le privilège de capter toute notre attention et parfois d’emporter notre dévotion à tel point que nous sommes prêts à faire de grands sacrifices pour se l’approprier et d’exiger des autres qu’ils partagent notre enthousiasme. • On voit que ces deux opinions créent une tension. D’un côté, elle est jugée relative à un individu ou une culture, de l’autre elle implique une exigence d’universalité. D’où une première interrogation pour amener la problématique. La beauté est-elle la projection idéalisante d’un individu et d’une culture ou bien est-elle l’expression d’une perfection ? Problématique : • Ne sommes-nous pas sensible à la beauté parce qu’elle éveille une idée de perfection en accord avec la réalité de notre âme ? Mais cette sensibilité n’est-elle pas produite historiquement, rendant alors nos jugements esthétiques relatifs ? Néanmoins, par delà les cultures, n’existe-t-il pas un esprit commun à l’humanité qui fonde l’universelle sensibilité à la beauté ?Analyse : • La sensibilité est ce qui fait le lien entre la perception et l’aperception. Par les cinq sens externes, nous percevons le monde à travers ses sons, ses couleurs, ses odeurs etc… L’aperception nous renseigne sur l’état de notre conscience. Elle répond à ces questions : qu’est-ce que je ressens en ce moment ? Suis-je apaisé, triste ou en colère ? Quelles sont mes pensées, mes centres d’intérêts ? Or la perception extérieure et l’aperception intérieure sont interdépendantes. Les objets, les personnes, les situations m’émeuvent et sollicitent ma réflexion. Réciproquement, mes émotions et mes pensées influent sur le monde extérieur. C’est un tel mécanisme que l’on nomme la sensibilité. • En tant qu’acte de liaison entre la perception et l’aperception, la sensibilité nous fait le don de l’état de notre conscience dans le monde. Or ce don se fait sur le mode de la différenciation. Nous sommes sensibles au rouge, au bleu, au droit, à l’anguleux etc… • L’intitulé du sujet, en demandant les raisons de notre sensibilité à la beauté, présuppose que la beauté est singulière par rapport à tout ce qui nous est donné dans le monde. Ne semble-t-il pas incongru, d’un point de vue philosophique, de s’interroger sur notre sensibilité au rouge ou à l’anguleux ? Cette singularité de la beauté est justifiée par deux opinions courantes. La première souligne la difficile homogénéité du concept de beauté. Si tout le monde s’accorde sur la couleur d’un objet, il n’en est pas de même pour un jugement sur la beauté. Des goûts et des couleurs, on n’en discute pas. Tel concerto de Mozart me transporte tandis qu’il ennuie profondément mon meilleur ami. La seconde voit dans la beauté un signe de supériorité. La beauté a le privilège de capter toute notre attention et parfois d’emporter notre dévotion à tel point que nous sommes prêts à faire de grands sacrifices pour se l’approprier et d’exiger des autres qu’ils partagent notre enthousiasme. • On voit que ces deux opinions créent une tension. D’un côté, elle est jugée relative à un individu ou une culture, de l’autre elle implique une exigence d’universalité. D’où une première interrogation pour amener la problématique. La beauté est-elle la projection idéalisante d’un individu et d’une culture ou bien est-elle l’expression d’une perfection ? Problématique : • Ne sommes-nous pas sensible à la beauté parce qu’elle éveille une idée de perfection en accord avec la réalité de notre âme ? Mais cette sensibilité n’est-elle pas produite historiquement, rendant alors nos jugements esthétiques relatifs ? Néanmoins, par delà les cultures, n’existe-t-il pas un esprit commun à l’humanité qui fonde l’universelle sensibilité à la beauté ,;llll

« 2-Les raisons qui nous rendent sensibles à la beauté sont des produits de l'histoire individuelle etcollective. • Si, contrairement à Platon, nous pensons que la sensibilité à la beauté s'épanouit au contact des œuvres d'art,force est d'admettre des divergences quant aux raisons justifiant notre sensibilité.

Pour Platon, une chose estd'autant plus belle qu'elle est davantage conforme aux caractéristiques de l'Idée du beau.

La première et la plusessentielle est l'identité à soi.

L'Idée est toujours égale à elle-même et s'impose en tout temps et en tout lieu.

D'où,la critique, par exemple dans le Sophiste , de la statue du temple d'Athéna qui n'est pas ce qu'elle paraît. • Le point de vue de Platon est celui du philosophe.

La modernité s'est habituée à considérer celui de l'humanité.

Encomparant ces deux approches, on réalise que nous ne hiérarchisons plus la sensibilité en fonction de son degré deproximité avec une idée du beau, mais nous admettons une commune sensibilité émue par des objets et des œuvresdifférents.

L'homme moderne en conclut à la relativité du beau.

Ce qu'un individu juge beau ici, à cet instant necorrespond pas au jugement d'un homme ailleurs ou d'une époque différente.

Si je suis admiratif de la peinture dePicasso, mon meilleur ami peut n'y voir qu'un bricolage sans intérêt.

Les tatouages en Polynésie ou en Amazoniesont des distinctions esthétiques reconnues, alors que dans nos pays cette pratique est généralement perçuecomme le signe d'un caractère rebelle.

Les robes et les chapeaux féminins de la belle époque font sourires lesfemmes actuelles. • Si des hommes éprouvent le sentiment du beau pour des objets et des œuvres très différents, cela est dû àl'éducation de leur sensibilité par la culture.

Le climat, les mœurs, les techniques, le tempérament influencent laproduction et la sensibilité au beau.

Mais si la culture éduque la sensibilité, elle peut également la contraindre etfinalement rendre insensible.

Evoquons la critique par Zola de l'œuvre de Cézanne qualifié « d'artiste raté ».

Cejugement était la conséquence de l'idéologie que Zola avait de l'art.

Il devait être une fenêtre transparente sur leréel, ce qui condamnait la perspective sans académisme et les contours peu lisses des objets peints par Cézanne. • La culture est donc dans un rapport contradictoire à la sensibilité au beau.

Puisqu'elle l'éduque et l'enferme, celasignifie que les raisons de notre sensibilité au beau ne peuvent s'y réduire.

Pour quelles raisons, hors de notreculture particulière, sommes-nous sensibles à la beauté ? 3-Nous sommes sensibles à la beauté parce que nous sentons à travers une œuvre singulière l'expressionde l'universel. • Si la culture éduque notre sensibilité au beau par la transmission d'œuvres, elle la limite quand elle absolutise descodes esthétiques extraits de certaines œuvres.

Or ce qui initie notre sensibilité à la beauté, c'est l'élémentd'originalité contenu dans une œuvre.

Sans cet élément nous sommes en face de ce que Baudelaire appelle un« beau banal ».

( Exposition universelle , dans Ecrits sur l'art ).

Contrairement à ce « beau banal », la vraie beauté est « toujours bizarre ».

Cette bizarrerie « constitue et définit l'individualité » d'une œuvre.

C'est par elle qu'elle estsingulière et se distingue de tout ce qui a été crée. • Peut-on interpréter cette « bizarrerie » autrement que comme « l'assaisonnement » particulier d'une œuvre, sasaveur local et individuelle sans devenir semblable à ce « professeur-juré » ou « tyran-mandarin » dénoncé parBaudelaire ? Il semble que l'on puisse penser, sans chercher à expliquer, la singularité d'une œuvre en la considérantcomme la manifestation d'un authentique processus de création.

Dans son processus de création, l'œuvre n'est pasl'imitation d'une réalité intérieure ou extérieure.

Les images initiales et les plans d'une œuvre ne suffisent pas àexpliquer la réalité manifestée d'une création.

Il y a toujours un écart entre l'intention initiale de l'artiste et l'œuvrecréée.

Lors du processus de création, l'artiste génial se livre à un dur travail d'enfantement au cours duquel ilexécute des règles techniques et s'en remet à un principe d'inspiration (les Muses, l'inconscient, un souffle divin) quisublime ces règles et leur exécution.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles