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Pourquoi veut-on changer le monde ?

Publié le 27/02/2008

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Analyse du sujet :

 

  • Le monde, au sens propre, est l'ensemble de ce qui est, c'est-à-dire l'univers. De manière plus restreinte, il désigne la Terre.
  • Au sens figuré, nous parlons par exemple du monde de l'ouvrier, du monde de l'art, du monde de l'entreprise, etc. Un monde est alors un ensemble d'institutions, de pratiques, d'habitudes, etc. Nous pourrions le qualifier de monde social.
  • Le monde peut également être attaché à une unique subjectivité : le monde de Pierre désigne par exemple les habitudes, les pratiques, la profession de Pierre, mais également les lieux qu'il fréquente, les amis qu'il rencontre, et même son imaginaire.
  • Dans tous les cas, le monde est une totalité organisée, qui peut donc faire l'objet d'une théorie. Au regard de l'homme ou plus généralement du vivant, il est le milieu dans le lequel il vie, le lieu de sa pratique.
  • Vouloir changer le monde, c'est vouloir intervenir dans tous ces types d'organisations, c'est-à-dire, réorganiser le monde. Le sujet nous demande de fournir la raison de cette volonté

 

Problématisation :

 

Afin de déterminer ce en vue de quoi et pour quelle raison nous cherchons à changer le monde, il nous faut nous demander premièrement comment ce changement même est possible, c'est-à-dire :

I – A l'aide de quoi changeons-nous le monde ?

Une fois déterminé le moyen du changement, il faudra encore se demander en quoi le changement lui-même consiste, c'est-à-dire :

II – Que changeons-nous du monde ?

 

Introduction I) Pourquoi  changer le monde ? A. Modifier le monde pour le rendre habitable B. Modifier le monde pour le rendre meilleur C. Changer le monde pour prendre le pouvoir II) Est-il possible de changer le monde ? A. Avons-nous le pouvoir de changer le monde ? B. Avons-nous la liberté de changer le monde ? III) Changer le monde est-il légitime ? Conclusion

« le petit garçon qui jette des pierres dans le torrent et admire les ronds qui se forment dans l'eau, admire en fait uneoeuvre où il bénéficie du spectacle de sa propre activité.

Ce besoin revêt des formes multiples, jusqu'à ce qu'il arriveà cette manière de se manifester soi-même dans les choses extérieures, que l'on trouve dans l'oeuvre artistique.Mais les choses artistiques ne sont pas les seules que l'homme traite ainsi ; il en use pareillement avec lui-même,avec son propre corps, qu'il change volontairement, au lieu de le laisser dans l'état où il se trouve.

Là est le motif detoutes les parures, de toutes les élégances, fussent-elles barbares, contraires au goût, enlaidissantes, voiredangereuses.

» Hegel s'appuie sur le couple intériorité / extériorité pour marquer la différence entre le sujet qui tente de seconstituer et le milieu dans lequel son activité pratique se déploie.

La constitution de l'homme consiste justement àappliquer à l'extériorité la marque de son intériorité, c'est-à-dire, à nier l'extériorité de ce qui nous est extérieur.Concrètement, il s'agit d'une appropriation qui est à la fois constitutive de l'intériorité.

Il y a bien constitution dèslors que l'appropriation à pour but de pouvoir se reconnaître dans ce qui est originellement absolument étranger.Ainsi donc, en le changeant, nous faisons être le monde à notre image.

Ce que nous changeons de lui, c'estjustement tout ce qui nous échappe, ce qui nous est étranger.

Nous voulons donc changer le monde pour nousconstituer en sujet dans le monde, c'est-à-dire en quelque sorte nous y intégrer.

III – Est-ce l'homme qui change le monde ? Référence : Heidegger « La centrale électrique est mise en place dans le Rhin.

Elle le somme de livrer sa pression hydraulique, qui somme àson tour les turbines de tourner.

Ce mouvement fait tourner la machine dont le mécanisme produit le courantélectrique, pour lequel la centrale régionale et son réseau sont commis aux fins de transmission.

Dans le domaine deces conséquences s'enchaînant l'une l'autre à partir de la mise en place de l'énergie électrique, le fleuve du Rhinapparaît, lui aussi, comme quelque chose de commis.

La centrale n'est pas construite dans le courant du Rhincomme le vieux pont de bois qui depuis des siècles unit une rive à l'autre.

C'est bien plutôt le fleuve qui est murédans la centrale.

Ce qu'il est aujourd'hui comme fleuve, à savoir fournisseur de pression hydraulique, il l'est de parl'essence de la centrale.

Afin de voir et de mesurer, ne fût-ce que de loin, l'élément monstrueux qui domine ici,arrêtons-nous un instant sur l'opposition qui apparaît entre les deux intitulés:"Le Rhin", muré dans l'usine d'énergie,et "le Rhin", titre de cette oeuvre d'art qu'est un hymne de Hölderlin.

Mais le Rhin, répondra-t-on, demeure de toutefaçon le fleuve du paysage.

Soit, mais comment le demeure-t-il? Pas autrement que comme un objet pour lequel onpasse une commande, l'objet d'une visite organisée par une agence de voyages, laquelle a constitué là-bas uneindustrie des vacances.

» Le changement majeur qu'opère la technique sur la nature, sur le monde en général, est le fait qu'il empêchedoublement l'être de celui-ci de se manifester.

Premièrement, par ce que la nature, en tant qu'objet du notrepratique, devient un stock et perd de ce fait son statut « naturel ».

Son être ne se donne plus tel quel mais sous unensemble de propriétés objectives qui permettent de l'exploiter.

Deuxièmement, la technique a ceci de perversqu'elle masque la modification qu'elle opère.

Autrement dit, elle rend impossible tout retour en arrière.

Le Rhin estdéfinitivement un réservoir d'énergie.

Ce caractère définitif tient à notre besoin en énergie.

D'une manière générale,ce n'est plus l'homme qui par la technique modifie le monde, mais la technique qui, devenue autonome, entraînel'homme, l'assujettit.La technique n'est plus le moyen que l'homme possédait pour changer le monde.

C'est l'homme qui est devenu lemoyen de la technique autonome.

Autant dire que nous ne changeons pas le monde mais que la technique seuledécide du changement sans que l'homme puisse la contrôler.

Conclusion : L'homme, avec la technique, s'est d'abord donné le moyen de changer le monde, de le plier à ses besoins.

Il a par làfait de la nature et du monde un stock dans lequel puiser.

Mais la technique est un processus qui par essence tendà sa propre autonomisation, si bien qu'elle n'est plus un moyen pour l'homme.

A l'inverse, l'homme est un moyen pourla technique.

Cela signifie que l'homme ne veut justement plus changer le monde, mais qu'au contraire et sansvolonté aucune, il s'insert comme un rouage dans le processus technique, sans avoir en vue les bénéfices dontDescartes faisait mention.

Quand bien même il voudrait changer le monde, il ne le pourrait qu'en entrant à nouveaudans un processus technique qui chaque fois aurait le dessus.

L'homme, par conséquent, peut bien vouloir changerle monde mais ne le peut plus.

Du moins n'a-t-il pas la main mise sur les moyens de changer le monde.

C'est donc latechnique qui d'elle-même change le monde au moyen de l'homme.

Ce changement autonome est sans raison, il n'apas de pourquoi, puisque même si la technique est un processus autonome, elle n'a pas de volonté particulière, ellene poursuit aucun but.. »

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