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Le pouvoir politique a-t-il pour fonction d'assurer l'ordre ?

Publié le 28/02/2004

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Mais les hommes sont pour la plupart méchants quand on ne les force pas à être bons. En conséquence, le Prince sera vertueux, au sens courant du terme, si le contexte le permet, et il ne le sera pas si la situation le lui impose. En cas de nécessité, il pourra faire des entorses aux grands principes. Il lui sera loisible d'agir contre la parole donnée, contre la charité, contre l'humanité (le respect de l'homme) et même contre la religion. La fin justifie les moyens. Cette idée est exprimée en plusieurs endroits du « Prince « et de « Discours sur la première décade de Tite-Live «, et, en particulier, dans le chapitre XV du « Prince « : «Car qui veut entièrement faire profession d'homme de bien, il ne peut éviter sa perte parmi tant d'autres qui ne sont pas bons. Aussi est-il nécessaire au Prince qui se veut conserver qu'il apprenne à pouvoir n'être pas bon, et d'en user ou n'user pas selon la nécessité. «. Après avoir, dans les premières pages du « Prince «, envisagé les différentes formes de gouvernement, Machiavel décide de centrer son propos sur la situation qui peut paraître la plus précaire, celle d'un prince nouveau et qui a été mis en place par une armée étrangère. Quels principes doit mettre en oeuvre ce prince pour se conserver et pour conserver son pouvoir ?

La tâche première du pouvoir politique est d'assurer l'ordre, cad de mettre fin à la guerre de l'état de nature. Cette tâche accomplie, les particuliers sont alors libres d'agir à leur guise. Mais, assurer l'ordre n'est pas suffisant. Le pouvoir doit aussi permettre à la liberté et à la justice sociale de se réaliser.

  • I) Le pouvoir politique a pour fonction d'assurer l'ordre public.

a) L'homme est méchant. b) L'Etat doit supprimer la violence de l'état de nature. c) Dans le silence des lois...

  • II) Le pouvoir politique n'a pas pour seule fonction d'assurer l'ordre.

a) Ordre et tyrannie. b) Et la morale dans tout cela ? c) Et la justice dans tout cela ?

.../...

« Le passage de l'état de nature à la société se présente comme le remplacement d'une crainte par une autre.

Dansl'état de nature, l'homme craint son semblable qui peut à chaque instant le tuer ou le déposséder.

Dans la vie ensociété, l'individu craint un pouvoir fort qui garantit sa sécurité mais qui lui demande une obéissance quasi absolue. Pour que ce passage de l'état de nature à la société puisse avoir lieu, il est donc nécessaire que soit mis fin à « la guerre de chacun contre chacun » par un contrat « de chacun avec chacun ». Dans le système de Hobbes , comme cela se trouve chez certains prédécesseurs de Hobbes ou comme chez Rousseau , un contrat liant gouvernant et gouvernés.

Le contrat Hobbes ien est un contrat qui ne lie que les gouvernés entre eux.

Chacun de ceux-ci dit à l'autre en substance : j'accepte de ne pas attenter à ta vie et, enéchange, tu t'engages à faire de même.

Pour garantir cet accord, nous acceptons d'obéir à une autorité dont lafonction sera d'imposer le respect des termes du contrat. La seule limite de cette autorité, et en même temps de cette obéissance, va découler de la « fin » de cette convention, c'est-à-dire de son objectif.

Chacun abandonne l'essentiel de sa liberté au profit de sa sécurité.

Chacunréfrène sa volonté de puissance (Freud dirait ses pulsions agressives) pour ne pas être tué ou blessé par autrui.

Enconséquence pour Hobbes , si le pouvoir souverain veut attenter à ma vie (ou me blesser, m'emprisonner et autres actions qui peuvent entraîner la mort), je me trouve en état de légitime défense et j'ai le droit de résister.

Certainesnuances sont apportées à ce droit de résistance ; ainsi, s'il y a promesse de pardon, je dois m'incliner.

De plus, sesmodalités de mise en oeuvre pourraient être mieux précisées.

Mais l'essentiel est qu'il demeure un droit de résistancese rattachant à l'idée que l'organisation sociale a pour but de protéger le corps de l'homme et qu'elle perd son senssi, portant atteinte à ce corps, elle recrée la situation de l'état de nature qu'elle avait pour mission de supprimer.L'individu concerné pourra alors protéger sa vie de la même manière qu'il l'aurait fait à l'état de nature. Nous ne sommes pas dans un système totalitaire qui exige l'anéantissement de l'individu au profit de la collectivité.L'organisation sociale a pour but de protéger l'individu.

Le pouvoir qui fait régner l'ordre est quasi absolu à seule find'éviter la guerre civile qui n'est, en fait, qu'un retour à l'état de nature.

Mais quasi absolu seulement, car cepouvoir souverain est limité par un principe de cohérence qui veut qu'il ne fasse pas ce qu'il a pour fonctiond'empêcher. On voit donc apparaître ici, conjointement au souhait d'un pouvoir concentré et fort, l'idée de droits inaliénables del'être humain, la nécessité d'un respect de l'individu dans son corps, éléments qui peuvent être perçus comme lesprémisses des droits de l'homme. Le meilleur résumé de la façon dont s'établit le contrat est à chercher dans « Léviathan », l'oeuvre majeure du philosophe.

Au chapitre 17, celui-ci écrit : « La seule façon d'ériger un tel pouvoir commun, apte à défendre les gens de l'attaque des étrangers, et des torts qu'ils pourraient se faire les uns aux autres, et ainsi à lesprotéger de telle sorte que par leur industrie et par les productions de la terre, ils puissent se nourrir et vivresatisfaits, c'est de confier tout leur pouvoir et toute leur force à un seul homme, ou à une assemblée, qui puisseréduire toutes leurs volontés, par la règle de la majorité, en une seule volonté.

» Cela revient à dire : désigner un homme, ou une assemblée, pour assumer leur personnalité ; et que chacun s'avoueet se reconnaisse comme l'auteur de tout ce qu'aura fait ou fait faire, quant aux choses qui concernent la paix et lasécurité commune, celui qui a ainsi assumé leur personnalité, que chacun, par conséquent, soumette sa vol et sonjugement à la volonté et au jugement de cet homme ou de cette assemblée. Cela va plus loin que le consensus ou concorde : il s'agit d'une unité réelle de tous en une seule et même personne, unité réalisée par une convention de chacun avec chacun passée de telle sorte que c'est comme sichacun disait à chacun : « J'autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne le droit de me gouverner moi-même, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit et que tu autorises toutes se actions de la mêmemanière. » Cela fait la multitude ainsi unie en une seule personne est appelée une RÉPUBLIQUE , en latin CIVITAS .

Telle est la génération de ce grand LÉVIATHAN , ou plutôt, pour en parler avec plus de révérence, de ce « dieu mortel, auquel nous devons, sous le Dieu immortel, notre paix et notre protection. » Pour Hobbes , le propre de cette souveraineté est qu'elle est indivisible.

Sur ce point, il s'oppose aux tendances, défendues à son époque, qui aboutiront à cette distribution des pouvoirs mise en oeuvre dans laconstitution anglaise et dont Montesquieu s'inspirera. Hobbes refuse que le parlement détienne une partie de la souveraineté.

Ce parlement est seulement auprès du roi pour un rôle de conseil.

Lui allouer ne serait-ce qu'une parcelle de pouvoir reviendrait à introduire le germe dela guerre civile dans l'Etat. Il importe avant tout que la souveraineté ne soit pas divisée, car les troubles commencent quand le citoyen « voit double ».

Le guerre civile naît lorsque les gouvernés ne savent pas à qui obéir. Les préférences de Hobbes vont à la monarchie absolue (la souveraineté dans la main d'un seul), mais elles. »

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