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Pouvons-nous avoir des passions rationnelles ?

Publié le 27/02/2008

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Alquié dans Le désir d'éternité « L'homme normal porte son attention sur les divers objets qui s'offrent à ses sens, son esprit agite diverses pensées. Mais l'avare ne songe qu'à son or, le joueur qu'à son gain, l'amoureux qu'à celle qu'il aime. Tout ce qui n'est pas l'objet de sa passion paraît indifférent au passionné, tout ce qui touche ou lui rappelle cet objet fait naître en lui les émotions les plus vives : de là dépendent sa joie et son désespoir. » La passion peut se définir comme une affection durable de la conscience, s'installe et se fait centre de tout, se subordonnant aux autres inclinations. L'événement essentiel de la passion c'est la rupture d'équilibre durable. Elle n'est pas l'émotion qui une tempête passagère dont le désordre s'épuise rapidement tandis qu'un sentiment est une disposition affective moins démesurée et excessive. Or la raison quant à elle est une puissance d'agir, rationnelle, procédant de la volonté ou du jugement vrai c'est-à-dire d'une cause adéquate tandis que la passion elle semble est l'objet d'une cause inadéquate. N'y a-t-il pas alors une manifeste contradiction ou un paradoxe à poser l'existence d'une passion rationnelle ? Pourtant, la philosophie n'est-elle un « amour » de la sagesse, donc l'objet d'un désir, d'une passion ? S'il semble donc paradoxale de pose l'existence de passions rationnelles (1ère partie), il n'en reste pas moins que le mouvement érotique de la passion semble pouvant prendre pour objet des sujets que usant de notre puissance rationnelle comme la philosophie (2nd partie), faut-il alors renouveler non seulement notre conception de la passion vers une grande positivité et redéfinir celle de la rationalité (3ème partie).

« diffère en rien.

Son discours se porte sur l'amour du vrai, de la sagesse, et c'est en ce sens que le philosophe estlui-même celui qui aime la sagesse, celui qui contemple les idées.

Il s'agit en ce sens véritablement d'une passionrationnelle en tant qu'elle fait référence à la partie rationnelle de notre âme et non aux plaisirs bas de l'homme.

Maisil n'en reste pas moins qu'il s'agit d'un « délire ».b) Or pour comprendre la possibilité de l'existence de passions rationnelles, il faut reprendre la tripartition de l'âmetelle qu'elle transparaît dans le mythe du Phèdre de Platon parlant justement de ces délires : « En conséquence, s'il est vrai que ce qui se meut soi-même n'est point autre chose que l'âme, il résulte de cette affirmation quenécessairement l'âme ne peut avoir ni naissance ni fin.

Mais j'ai assez parlé de son immortalité.

Il faut maintenanttraiter de sa nature.

Pour montrer ce qu'elle est, il faudrait une science absolument divine et une explication trèsétendue.

Mais, pour se figurer ce que peut être cette âme, une science humaine et une explication plus restreintesuffisent.

Nous parlerons en suivant ce dernier point de vue.

Supposons donc que l'âme ressemble aux forcescombinées d'un attelage ailé et d'un cocher.

Tous les chevaux et les cochers des dieux sont bons et de bonnerace ; ceux des autres êtres sont formés d'un mélange.

Chez nous d'abord, le chef de l'attelage dirige deuxchevaux ; en outre, si l'un des coursiers est beau, bon et de race excellente, l'autre, par sa nature et par sonorigine, est le contraire du premier.

Nécessairement donc la conduite de notre attelage est difficile et pénible.

Maispour quelle raison, un être vivant est-il donc désigné, tantôt comme mortel, tantôt comme immortel : c'est ce qu'ilfaut essayer d'expliquer.

Tout ce qui est âme prend soin de tout ce qui est sans âme, fait le tour du ciel tout entieret se manifeste tantôt sous une forme et tantôt sous une autre.

Quand elle est parfaite et ailée, elle parcourt lesespaces célestes et gouverne le monde tout entier.

Quand elle a perdu ses ailes, elle est emportée jusqu'à cequ'elle s'attache à quelque chose de solide ; là, elle établit sa demeure, prend un corps terrestre et paraît, par laforce qu'elle lui communique, faire que ce corps se meuve de lui-même.

Cet ensemble, composé et d'une âme etd'un corps, est appelé être vivant et qualifié de mortel par surnom.

Quant au nom d'immortel, il ne peut être définipar aucun raisonnement raisonné ; mais, dans l'impossibilité où nous sommes de voir et de connaître exactementDieu, nous nous l'imaginons comme un être immortel ayant une âme et possédant un corps, éternellement l'un àl'autre attachés.

Toutefois, qu'il en soit de ces choses et qu'on en parle ainsi qu'il plaît à Dieu ! Recherchons, quantà nous, la cause qui fait que l'âme perd ses ailes et les laisse tomber.

Elle est telle que voici.

La force de l'aile estpar nature de pouvoir élever et conduire ce qui est pesant vers les hauteurs où habite la race des dieux.

De toutesles choses attenantes au corps, ce sont les ailes qui le plus participent à ce qui est divin.

Or ce qui est divin, c'estle beau, le sage, le bon et tout ce qui est tel.

Ce sont ces qualités qui nourrissent et fortifient le mieux l'appareil ailéde l'âme, tandis que leurs contraires, le mauvais et le laid, le consument et le perdent.

»c) Et s'il existe bien des passions rationnelles, on peut comprendre alors que le Sage ne soit pas le pur ascète chezSocrate, mais bien le Tempérant chez Platon comme on le voit dans le Gorgias : « Par conséquent, Calliclès, il est fort nécessaire que l'homme raisonnable, comme celui dont j'ai fait le portrait, soit un homme juste, courageux,pieux, et qu'il soit parfaitement bon.

Oui, il est nécessaire que cet homme, qui agit bien et réussit tout ce qu'il fait,réussisse sa vie, qu'il soit heureux et bienheureux ! En revanche, il faut que l'homme scélérat, celui qui agit mal, soitun homme misérable.

Or, le scélérat, c'est l'homme dont le caractère est opposé à celui de l'homme raisonnable,c'est donc un homme déréglé : et c'est d'un tel homme que tu as fait l'éloge ! J'ai dit – en tous cas je tiens à dire etje soutiens – que c'est la vérité.

Or, si tout cela est vrai, il semble que celui d'entre nous, qui veut être heureux,doit se vouer à la poursuite de la tempérance et doit la pratiquer, mais, qu'à l'inverse, il doit fuir le dérèglement detoute la vitesse de ses jambes et surtout s'arranger pour ne pas avoir besoin d'être puni.

Cependant, s'il arrive qu'ilait besoin d'être puni, lui-même ou l'un de ses proches, simple particulier ou cité, il faut, s'il doit être heureux, quejustice soit faite et qu'il soit puni.

Voilà, selon moi, quel est le but à atteindre.

C'est avec un tel objectif qu'on doitvivre.

Faire que toutes ses ressources personnelles, et celles de sa propre cité, soient tendues vers ce but, pourqu'on acquière, comme les conditions du bonheur, la justice et la tempérance, qu'on agisse avec elles, sans laisserles plaisirs devenir déréglés ou excessifs, sans tenter de les satisfaire (car ils sont un mal insatiable) et sans menernon plus la vie d'un vaurien.

» En effet, il apparaît que l'homme ayant une âme réglée bonne soit le sage, leraisonnable ou plus exactement celui qui soit tempérant.

Or la tempérance ou la modération est bien la vertu quiconsiste en la maîtrise des plaisirs et c'est en ce que l'on peut parler de sagesse.

L'homme tempérant ou raisonnableest donc le sage qui maîtrise sa faculté désirante, c'est-à-dire l'individu qui l'a emporté sur ses désirs donc sur lui-même.

et c'est en ce sens que cette discussion se rattache à ce qui précède dans la mesure où il était questionnotamment de la distinction entre le bon et l'agréable c'est-à-dire du rapport de l'homme au plaisir.

L'hommeraisonnable est celui qui distingue les plaisirs nécessaires et les plaisirs superflus.

Il faut alors remarquer que latempérance est ici l'une des quatre vertus « cardinales » comme le montre la République au livre IV.

Au demeurant, il apparaît que l'homme raisonnable ne possède pas simplement cette vertu mais il est aussi juste, courageux etpieux qui sont les trois autres vertus « cardinales ».

Mais surtout c'est dire que l'homme raisonnable qui est l'hommebon participe à la fois de la tempérance, de la justice, du courage et de la piété.

En ce sens, il y a unecomplémentarité de la participation et commerce entre les formes.

Cet homme parfaitement est bon, en ce sens ilparticipe aussi du Bien, ainsi que les formes précédentes.

La justice est l'exercice de sa propre fonction, maissurtout elle est le facteur d'équilibre et d'harmonie dans un tout.

Dès lors la persistance dans l'exercice de sondevoir suppose alors le courage parce qu'il est la vertu consistant à savoir ce qu'il faut redouter ou non.

Maissurtout si la justice et la tempérance d'une telle âme assurent aussi son courage c'est que ce dernier est bien lejuste milieu entre deux excès, c'est-à-dire entre l'intrépidité aveuglante et la couardise infamante.

De même, sil'homme tempérant est l'homme qui s'acquitte de ses devoirs alors il est un homme pieux dans la mesure il s'acquittede ses devoirs non seulement envers les hommes mais aussi envers les dieux.

En effet, la piété correspond aurespect des traditions et à l'obéissance à la loi.

Autrement dit, l'homme raisonnable est l'homme bon parce qu'ilparticipe au bien et que la justice, le courage, la piété, et la tempérance participent du bien qui est la formeabsolue.

Il y a donc une unité des vertus cardinales.

Transition :. »

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