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Pouvons-nous nous mentir à nous-même?

Publié le 10/02/2005

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mentir
La réflexion menée par Nietzsche oblige à inverser radicalement la perspective classique pour affirmer que toute prise de conscience de soi est en fait une ALIÉNATION : Concept juridique (aliéner un bien, c'est le ceder par vente ou par don), psychiatrique (un aliéné est un fou) et philosophique (l'aliénation est le contraire de la liberté). Dans les trois acceptions, on trouve l'idée d'une chose ou d'un être devenu étranger à lui-même. On songera ici à Marx. aliénation du vrai « moi », et que, plus je crois me connaître, plus je méconnais et dissimule mon être authentique. Dans une telle optique, il ne s'agit plus de constater que l'on peut se mentir à soi-même, il faut considérer que l'on y est obligé dès que l'on prétend dire ce que l'on est.   Thème 494: Connais-toi toi même Il ne s'agit pas pour Socrate de se livrer à une investigation psychologique, mais d'acquérir la science des valeurs que l'homme porte en lui. Cette science importe essentiellement - bien avant de connaître la nature ou les dieux. Comment conduire sa vie pour être heureux ; voilà la question qui hante tous les hommes. L'opinion, confortée en cela par les sophistes, identifie le bonheur à la jouissance, au pouvoir, à la fortune, à la beauté. Sans doute tout cela n'est-il pas négligeable, mais ce sont là des biens équivoques qui peuvent nous être utiles, ou nous nuire selon les circonstances, l'usage qui en est fait.
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« n'implique pas que l'on (se) dissimule la vérité.

C'est bien pourquoi Marx n'accuse pas vraiment ses prédécesseurs d'avoir diffusé leurs conceptions erronées : ils ne pouvaient en produired'autres.

La situation change radicalement dès lors que Marx lui-même arévélé sa conception « vraie » : l'ignorer, c'est désormais ne pas se donnerles moyens de la connaître, ou ne pas le vouloir.

Schématiquement, onpourrait ainsi considérer que le sujet, avant Marx, ne se ment pas sur ce qu'ilest puisqu'il est obligé de l'ignorer en ignorant sa position de classe ; depuisMarx par contre, le même sujet qui prétend ignorer sa position declasse semble bien se mentir à lui-même puisqu'il a désormais les moyens de laconnaître — et donc de mieux comprendre d'où viennent ses réactions, sessentiments, ses attitudes, etc., à l'égard des bourgeois ou desouvriers.Il importe peu, relativement à notre problème, que Marx ait totalement raisonou non.

Ce qui compte, c'est qu'il invite à considérer que la conscienceindividuelle peut être trompée et déterminée par un principe qui la constitueaussi bien de l'« extérieur» (dans la mesure où la classe est extérieure àl'individu) que de l'« intérieur » (car les contenus de la conscience de classesont consubstantiels à la conscience d'un sujet), et que, dès lors, la vérité dece qu'elle est lui devient énigmatique.

C'est un enseignement du même ordreque l'on trouve chez Nietzsche, lorsqu'il nous somme de nous défaire detoutes nos illusions — à commencer par celles que produit notre propreconscience.Si, en effet, je ne peux prendre conscience que de ce que je peux formulerdans le langage (ce que confirme à sa façon la rédaction de n'importe quel journal intime), et puisque ce dernier estpar nature ou définition collectif, la conséquence est que je ne peux présenter comme constituant ma vérité que lepoint de vue des autres (ou de l'anonymat) sur ma singularité, c'est-à-dire que je trahis nécessairement cettedernière.

La réflexion menée par Nietzsche oblige à inverser radicalement la perspective classique pour affirmer quetoute prise de conscience de soi est en fait une aliénation du vrai « moi », et que, plus je crois me connaître, plus jeméconnais et dissimule mon être authentique.

Dans une telle optique, il ne s'agit plus de constater que l'on peut sementir à soi-même, il faut considérer que l'on y est obligé dès que l'on prétend dire ce que l'on est.

Connais-toi toi même Il ne s'agit pas pour Socrate de se livrer à une investigation psychologique, mais d'acquérir la science des valeursque l'homme porte en lui.

Cette science importe essentiellement — bien avant de connaître la nature ou les dieux.Comment conduire sa vie pour être heureux ; voilà la question qui hante tous les hommes.

L'opinion, confortée encela par les sophistes, identifie le bonheur à la jouissance, au pouvoir, à la fortune, à la beauté.

Sans doute toutcela n'est-il pas négligeable, mais ce sont là des biens équivoques qui peuvent nous être utiles, ou nous nuire selonles circonstances, l'usage qui en est fait.

Pour qu'ils deviennent utiles, il faut que nous sachions nous en servir et sil'homme agit toujours en vue de son bien propre, il peut se tromper sur sa définition.

Si nul n'est méchantvolontairement, c'est d'abord parce que nul ne veut consciemment se nuire à lui-même et donc ce n'est que paraccident que la conduite qu'il adopte peut éventuellement s'avérer mauvaise.

Par accident, non volontairement, ilfaut entendre par là par ignorance : si je ne connais pas la hiérarchie des biens, je serai nécessairementmalheureux.

Par exemple, celui qui consacre son existence à acquérir la richesse, en viendra naturellement à nuire àautrui, donc il s'exposera à la rigueur de la loi ; de plus c'est là un bien qui dépend en large partie du hasard et quipeut échapper à tout instant.

Il est donc inconcevable que sachant tout cela on puisse vouloir agir de la sorte.C'est la science qui détermine l'action, elle ne peut être vaincue par les passions, seulement par l'ignorance.Le primat donné à la science explique les railleries dont Socrate accable aussi bien les institutions, en particulier letirage au sort des magistrats, que l'inspiration qui permettrait à certains de bien agir par une sorte d'illumination.Faisant confiance au savoir et pensant que tous les hommes — fut-ce l'esclave — portent en eux le germe de cesavoir, c'est une vision délibérément optimiste que Socrate offre de l'humanité. [III.

Inconscient et version mensongère de moi-même] C'est avec la théorie psychanalytique que le dédoublement intérieur qui est possible dans le sujet aboutit àl'opposition la plus forte.

Il ne met plus en présence un peu conscient et un pleinement conscient (comme dans laprise de conscience classiquement conçue), ni une conscience individuelle et une conscience de classe qu'il estmalgré tout possible de reconnaître comme telle (comme chez Marx), ni une conscience superficielle et unesingularité profonde de nature « instinctive » (comme chez Nietzsche) ; il confronte cette fois deux instancescontradictoires, soit, en termes freudiens, la conscience et l'inconscient ; et ce dernier, qui demeure radicalementinconnu de la conscience, représente les neuf dixièmes de l'appareil psychique.

Comme l'inconscient est constitué depulsions qui déterminent non seulement ma conduite, mais, plus intimement, mes désirs et toute mon affectivité, ilpeut en être déduit que la conscience est tout à fait incapable de repérer clairement ma nature et les raisons demon comportement, tant physique qu'affectif ou sentimental.Je suis ainsi condamné à l'ignorance.

Cela signifie-t-il nécessairement un mensonge ? Si la conscience avouait sonimpuissance à me connaître, le mensonge serait évité.

Mais elle doit, pour garantir mon équilibre et mon intégrationsociale, élaborer des interprétations acceptables ou rassurantes qui viennent dissimuler la vérité de mes pulsions :. »

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