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praxis - philosophie.

Publié le 08/05/2013

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praxis - philosophie. 1 PRÉSENTATION praxis, terme grec qui vient du verbe prattein (accomplir) et qui signifie l'action ou la pratique. 2 PHILOSOPHIE ANTIQUE : PRAXIS ET POÏESIS La praxis s'oppose, dans la philosophie antique, à la theoria, c'est-à-dire à la contemplation, qui ne met en jeu que la vertu intellectuelle, c'est-à-dire la seule faculté de connaître, là où la praxis suppose en outre un faire, une modification du monde. Mais de quel ordre est ce faire, et comment le comprendre ? C'est sur l'interprétation et l'extension du concept de praxis que les philosophies divergent : pour Platon, la praxis est encore comprise sur le mode de la fabrication, de la production (poïesis). Car « n'est-ce pas la même chose que fabriquer et faire ? « (Charmide, 163 b) : prattein et poïein sont donc donnés comme synonymes, de même qu'érgaxesthai (travailler), et constituent autant de dimensions d'une même science pratique, que la République oppose aux sciences théoriques. C'est avec Aristote que le concept de praxis est radicalement distingué du concept de production : dans l'Éthique à Nicomaque (VI, 5, 1 140a), Aristote précise qu'alors que la praxis a sa fin en elle-même (et que dans ce cas, « le fait de bien agir est le but même de l'action «), la fin de la production (poïesis) est extérieure à l'activité de production elle-même. L'action morale est par conséquent de l'ordre de la praxis, alors que l'activité de fabrication est de l'ordre de la poïesis, car l'objet fabriqué y est extérieur au processus de fabrication lui-même : la vertu ne saurait en ce sens être un art (technè), produit par un ensemble de règles dont on pourrait établir la science, mais elle a une spécificité qui la rend inaccessible à une quelconque science pratique. C'est cette conscience de la spécificité de la praxis qui fait de la politique et de l'éthique des réalités impossibles à comprendre d'après le schème de la production, qu'auraient perdue les modernes, d'après Hannah Arendt (Condition de l'homme moderne). 3 KANT : PHILOSOPHIE PRATIQUE ET PHILOSOPHIE THÉORIQUE Le concept de praxis a pourtant connu une postérité inattendue à partir du XVIIIe siècle, dans la philosophie allemande. C'est d'abord Kant qui le reprendra, en soulignant sa dimension essentiellement morale : dans l'introduction à la Critique de la faculté de juger, il distingue ainsi la philosophie théorique, qui n'use que de concepts de la nature (qui rendent possible une connaissance a priori des phénomènes) et une philosophie pratique, qui recourt au concept de liberté, ce qui n'autorise aucune connaissance, mais « institue en revanche pour la volonté des principes élargissant cette volonté et qui, pour cela, sont appelés pratiques «. Est ainsi reprise l'antique division entre theoria et praxis ; mais il faut encore distinguer ces principes en règles technico-pratiques, qui relèvent de l'habileté et du savoir-faire, et qui en ce sens dépendent en dernière instance d'une science, et en règles pratiques moralement : celles-ci sont des lois qui commandent à la volonté sous la forme d'impératifs catégoriques, de telle sorte que cette volonté soit une volonté morale. Est alors pratique à proprement parler la raison qui détermine a priori, par le concept de liberté, l'action humaine : les règles technico-pratiques, qui gouvernent ce qu'Aristote aurait appelé la poïesis, sont en revanche réductibles à la raison théorique, si l'on excepte les règles des beaux-arts, qui supposent en outre le « génie «. 4 PRAXIS ET MARXISME À l'inverse, chez Marx, toute connotation morale disparaît du concept de praxis, qui apparaît essentiellement dans les Thèses sur Feuerbach : cette praxis est définie dès la Thèse I comme « activité humaine sensible «, activité qui n'a de sens que dans une société et une période historique déterminées. Par opposition à un matérialisme contemplatif comme celui de Feuerbach, qui ne conçoit le réel que sous la forme de l'objet sensible passivement reçu dans une intuition, le matérialisme historique de Marx se veut un matérialisme de la praxis, c'est-à-dire une réflexion sur la pratique humaine, qui cherche moins à interpréter le monde qu'à le changer (Thèse XI) par l'activité « pratiquement critique «, l'activité révolutionnaire. L'interprétation exacte du concept de praxis chez Marx, qui n'intervient plus dans les textes de la maturité, n'en reste pas moins indéterminée : c'est pourquoi la tradition marxiste se disputera tout au long du XXe siècle son sens exact. La question est tout d'abord de savoir si Marx distingue, comme Aristote, la praxis de la poïesis ou s'il a tendance à confondre ce concept avec celui de production par l'homme de ses conditions matérielles d'existence. De Habermas, qui dans la Technique et la science comme idéologie, reproche à Marx de penser la vie sociale sous la catégorie réductrice de la production (et qui distingue en contrepartie ce qu'il appelle « l'agir communicationnel «, équivalent contemporain de la praxis aristotélicienne), à Gramsci, qui distingue comme forme de la praxis, à côté de la sphère productive à proprement parler, une « sphère éthico-politique « (Quaderni), nombreux sont ceux qui reprochent à la conception marxiste de la praxis de ne pas laisser de place à la spécificité de la normativité morale ou politique. L'autre problème majeur posé par la catégorie marxiste de praxis, c'est de savoir si elle obéit à un schéma purement déterministe, l'activité humaine résultant de pures déterminations objectives (la contradiction entre l'état des forces productives et les rapports de production) ou si elle est téléologique, c'est-à-dire si elle implique la représentation de fins, comme le pense pour sa part Sartre dans la Critique de la raison dialectique. Pour ce dernier, la catégorie de praxis est indissociable de la structure de projet qui caractérise toute réalité humaine : elle est en effet totalisation, c'est-à-dire qu'elle unifie le champ matériel qu'elle dépasse à partir de la fin qu'elle vise en tant que projet. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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