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preciosité

Publié le 11/09/2012

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Dans sa jeunesse, Madame de La Fayette fréquente les salons précieux de l’hôtel de Rambouillet et de Madeleine de Scudéry. La préciosité marque encore le siècle, et l’influence de l’ouvrage phare du courant, l'Astrée d’Honoré d’Urfé, se fait toujours sentir dans la littérature. Madame de la Fayette n’est donc pas exempte de préciosité, lorsqu’elle écrit la Princesse de Clèves.

La préciosité est donc extérieure à l’œuvre, puisqu’elle concerne Madame de Lafayette elle-même. En effet, étant une femme écrivain, elle s’inscrit dans la lignée de ces précieuses lettrées, symbolisées par Madeleine de Scudéry. Une œuvre issue de la fréquentation des salons précieux et écrite par une femme porte alors la marque de la préciosité.

La première et la plus évidente des marques de préciosité dans la nouvelle est l’importance accordée au thème de l’amour, et la forme que ce dernier prend. Les salons précieux, en effet, se nourrissent de discussions sur l’amour, dans le but de résoudre des cas typiques (Une femme doit-elle céder à son amant ?) L’amour est un thème central du mouvement précieux. Des problèmes de ce type se retrouvent dans l’ensemble de l’œuvre, de manière plus ou moins explicite. Par exemple, l’aveu que Madame de Clèves fait de son amour pour Monsieur de Nemours à son mari est un cas typique de question précieuse : une femme doit-elle avouer qu’elle a un amant à son mari ? De la même façon, le comportement de Madame de Tournon pose certaines questions d’amour : une femme doit-elle promettre un mariage ? Une femme doit-elle épouser l’homme qu’elle aime ? Enfin, la situation la plus explicite de conversation précieuse est celle qui fait discuter la reine Dauphine et le Prince de Condé de l’opinion de Monsieur de Nemours, qui ne veut pas que sa maîtresse aille au bal.

Autre manifestation de la préciosité, la princesse de Clèves et le duc de Nemours, qui représentent en quelque sorte l’idéal précieux : beaux, intelligents et gracieux. Ils sont appelés à être au-dessus des autres humains. En somme, ils concentrent en eux toutes les qualités nécessaires à l’amour idéal, l’amour pur. Cela dit, l’amour précieux demeure généralement malheureux, comme celui qui unit la princesse et le duc.

En effet, l’amour est toujours teinté de jalousie, de tromperies. L’idéal précieux demeure un idéal, c’est-à-dire qu’il ne peut se réaliser que dans un cadre utopique semblable à celui de l’Astrée. Or, Madame de Clèves demeure irrémédiablement ancrée dans la réalité historique ; elle ne peut échapper à la jalousie. « Mais elle se trompait elle-même ; et ce mal, qu’elle trouvait si insupportable, était la jalousie avec toutes les horreurs dont elle peut être accompagnée. » (Deuxième Partie)

La conception de l’amour précieux s’illustre par ailleurs dans les valeurs défendues, au fil de la nouvelle, par divers personnages. De façon assez générale, ces valeurs reprennent celles qui sont modélisées par la Carte de Tendre. Elles constituent l’idéal amoureux précieux, idéal bien entendu inaccessible.

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