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Qu'est-ce qu'une preuve? Quels sont les principaux genres de preuves usitées dans les sciences ?

Publié le 23/03/2004

Extrait du document

B.    - La preuve est en effet ce qui établit la vérité de cette propo­sition. Or, réserve faite des vérités morales qui pourraient seules ici faire question, «la vérité, comme le dit encore GoBLOT, est indépendante du caractère, de la volonté, du sentiment et des passions : toutes les conditions de l'idée vraie se trouvent dans les seules idées ». Autrement dit, la vérité est de l'ordre de l'intelligible ; elle consiste à reconstruire sur le plan des idées ,ou des concepts ce qui est d'abord aperçu sous forme sensible ou intuitive. La preuve doit donc se situer, elle aussi, sur ce plan de l'intellectuel pur.   II. Où doit-on prouver ? Ces considérations nous fournissent la réponse à la deuxième question : où, dans quels cas doit-on prouver? D'après ce qui vient d'être dit, la preuve n'est à sa place que dans le domaine proprement intellectuel, lorsqu'il s'agit d'établir la vérité. Par suite : A.

« parler, on ne prouve pas un dogme, nous disent les théologiens, on peut seulement apporter à son appui des «motifs de crédibilité » qui sont extérieurs à son contenu intellectuel ; C.

— Enfin, dans le domaine intellectuel lui-même, il faut distinguer le travail de la recherche et de ladécouverte et celui de la preuve ; en général, la vérité se découvre par intuition ; la preuve n'intervient qu'aprèscoup pour la confirmer. III.

Comment on doit prouver ? Mais, si la preuve est toujours de l'ordre intellectuel, elle se présente cependant sous des formes différentes dansles différents domaines du savoir. A.

— Dans le domaine rationnel pur, comme en Mathématiques, la preuve est, elle aussi, non seulement d'ordreintellectuel, mais rationnel, c'est-à-dire qu'elle part de principes abstraits à partir desquels elle construitdéductivement la proposition à prouver : tel est le cas de la démonstration mathématique.

B.

— Dans le domaine expérimental, comme dans les Sciences physiques, biologiques, etc., la preuve se fait parinduction.

Le point de départ n'est plus un principe abstrait : ce sont les faits.

Mais, dans ces faits, on isole paranalyse certains éléments abstraits avec lesquels on construit une hypothèse qui, une fois confirmée parl'expérience, devient une loi.

La preuve semble donc se ramener ici à la vérification expérimentale.

Mais, en réalité,l'induction s'accompagne de toute une analyse conceptuelle qui, à la différence de ce qui se passe enMathématiques, est soumise au contrôle de l'expérience.

Au fond, la preuve s'effectue donc, ici encore, sur le plande l'intelligible substitué au sensible. C.

— Il y a un domaine où la preuve prend une forme toute spéciale : c'est l'histoire.

Le point de départ, ledonné, ce sont ici les documents, et il s'agit de prouver les faits à l'aide des documents.

Mais, au fond, la preuveest beaucoup moins dans les documents eux-mêmes que dans leur concordance, c'est-à-dire encore dans un faitd'ordre intellectuel. D.

— Peut-on parler de preuve en Morale ? Si les vérités morales ne peuvent être, à proprement parler, nidémontrées ni vérifiées, puisqu'elles sont faites de jugements de valeur, elles ne sont pourtant pas gratuites,subjectives, variables au gré de l'arbitraire individuel.

Les valeurs sont, comme a dit A.

LALANDE, synnomiques ; ellesprésentent, selon l'expression d'E.

DUPRÉEL, une certaine consistance.

Dès lors, elles sont bien susceptibles d'unecertaine justification, sinon d'une preuve au, sens rigoureux du terme.

Cette justification consistera à les montrerimpliquées dans notre vie morale effectivement vécue, à les intégrer dans une conception de l'existence de l'êtrehumain pris dans sa totalité, compte tenu de la hiérarchie des divers éléments qui constituent sa nature. IV.

Doit-on tout prouver ? Ces remarques nous permettent de répondre à la dernière question : doit-on tout prouver? A.

— Nous avons déjà posé une double limite au travail de la preuve : on ne prouve ni ce qui est extra-intellectuel,ni ce qui est supra-intellectuel. B.

— Dans le domaine intellectuel même : 1° la preuve par déduction suppose des principes premiers qui sontindémontrables, soit parce que, comme les axiomes proprement dits, ils sont évidents par eux-mêmes, soit parceque, comme les postulats, ils sont conventionnels ; — 2° la preuve par induction suppose, à sa base comme à sonterme, des données empiriques, celles des faits, qui sont objet de constatation, mais non de preuve ; ces donnéesdoivent être toutefois analysées, interprétées et, le plus souvent, mesurées ; — 3° la preuve historique suppose demême des documents qui sont des données, mais dont on doit contrôler l'authenticité et, si ce sont destémoignages, la véracité ; — 4° la preuve morale implique certains «jugements de valeur primitifs» sans lesquels onne peut rien prouver, et ce serait une «fausse exigence de la raison») que de vouloir que ces jugementsfondamentaux fussent eux-mêmes appuyés de preuve : « Si quelqu'un n'admet aucune affirmation de la forme :"Mieux vaut ceci" ou "Il faut faire cela", la demande» d'une preuve en matière normative est de sa part un pur non-sens.

C'est pourquoi nous avons dit ci-dessus que ces jugements de valeur fondamentaux devaient être dégagés,par explicitation réflexive, de notre vie morale effectivement vécue. Conclusion .

De ce qui précède, il résulte que la preuve consiste toujours à établir un système d'ordre intellectuel auquel on intègre la proposition, le fait, la croyance à prouver.

Mais, bien entendu, ce système ne peut être construit, en quelque sorte, ex nihilo : il supposetoujours, soit des principes premiers, soit des données empiriques, soit des prises de position en présence desproblèmes moraux.. »

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