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A PRIORI/A POSTERIORI

Publié le 22/02/2012

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Source: http://www.peiresc.org/DINER/Lexique.pdf

 

Une connaissance a priori est une connaissance obtenue avant et en dehors de l'expérience, alors qu'une connaissance à posteriori est la connaissance obtenue par l'expérience. Cette distinction essentielle a été clairement formulée par le rationalisme classique (Descartes, Leibniz) qui reconnaissait l'existence de vérités générales et nécessaires distinctes des vérités contingentes obtenues à posteriori par l'expérience. Des vérités profondes que l'on n'obtient pas par l'expérience mais par l'intuition intellectuelle. Leibniz distingue une « vérité de la raison » d'une « vérité de fait ». Reconnaissant par là que le processus de la connaissance n'est pas une simple photographie de la réalité, que l'homme ne se borne pas à refléter le monde mais le crée véritablement. C'est Kant qui a donné l'aspect moderne de cette distinction en réservant la notion d'a priori aux formes susceptibles d'organiser la connaissance. Chez kant ce n'est pas la connaissance qui est à priori mais ce sont les formes qui permettent de l'acquérir. Kant liait la distinction à sa division de tous les jugements en analytiques et synthétiques. Il en tirait une question devenue célèbre sur l'existence de jugements 14 synthétiques à priori, pour répondre à la question de savoir comment des jugements à priori peuvent néanmoins augmenter notre connaissance. Ces jugements sont produits par des facteurs a priori- le temps, l'espace, les catégories- qui sont les conditions nécessaires de notre connaissance. Quoique notre connaissance de la nature soit expérimentalement variable, elle place nécessairement les objets de la connaissance dans le temps et dans l'espace. Le temps et l'espace ne sont pas connus par l'expérience, ils nous sont fournis par l'esprit. Ces derniers sont des formes universelles de l'expérience sensible. Ce qui différenciera jugement synthétique a posteriori et a priori, c'est le type d'intuition auquel ils feront appel. Un jugement synthétique a posteriori impliquera nécessairement l'intervention d'une intuition sensible, un jugement synthétique a priori ne supposera que celle de l'intuition pure. L'intuition pure se composant du temps et de l'espace (qui sont des formes de cette intuition), le dernier type de jugement y recourrera obligatoirement d'une manière ou d'une autre. Kant soutiendra que l'arithmétique fait appel au sens interne (le temps), la géométrie elle au sens externe (espace). Les jugements synthétique a priori portent essentiellement sur deux domaines, les mathématiques et la métaphysique. Les propositions mathématiques sont selon Kant synthétiques a priori, elles ne peuvent être simplement analytiques. Les propositions de la métaphysique critique sont aussi synthétiques a priori. Contrairement à la métaphysique dogmatique qui se perd dans des contradictions, la métaphysique critique que Kant propose est censée elle avoir des bases plus solides, et se fonde sur la possibilité de jugements synthétiques a priori. L'enseignement de Kant sur l'espace et le temps a joué un rôle de freinage dans le développement de la science. L'espace et le temps n'étant que les formes a priori de nos sens, déterminées par les particularités invariantes de la pensée humaine, les représentations de l'espace et du temps doivent rester invariantes. Kant et ses disciples n'admettaient pas d'avoir sur l'espace et le temps des vues nouvelles La découverte de géométries non euclidiennes au cours du XIXe siècle (par Lobatchevski, Bolyai, Riemann) puis la théorie de la relativité qui affirme que la géométrie de l'espace réel est non euclidienne vont porter un coup fatal à la croyance en l'existence de jugements synthétiques a priori. Ainsi, les positivistes logiques (comme le premier Wittgenstein ou Carnap) fondent leur pensée sur la négation de tels jugements, en affirmant que toute connaissance provient de l'expérience et que les lois (ou intuitions) logiques ne disent rien sur le monde, ce sont de pures tautologies. Ils sont sur ce point en accord avec le matérialisme dialectique pour lequel toute connaissance provient de la pratique ou Quine pour lequel la connaissance est issue de l'apprentissage. Les sciences cognitives et la théorie de l'évolution pourraient aujourd'hui réhabiliter l'a priori kantien au nom de l'adaptation et de la stabilité de la perception. Sans parler des conceptions liées à la notion d'archétype.

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