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Y a-t-il un "problème d'autrui" ?

Publié le 25/01/2004

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L'être-seul est un mode déficient de l'être-avec » (Être et temps, § 26). Dans cette optique, l'existence humaine est toujours déjà co-existence.   Quand nous sommes avec d'autres, il y a quelque chose que nous ne questionnons jamais spontanément : leur existence. Ils sont là, nous les voyons, les entendons, les comprenons. Exceptées quelques situations extraordinaires, nous voyons en eux des êtres humains que nous reconnaissons comme tels. Même si cette évidence semble aller de soi dans l'expérience quotidienne, il n'en demeure pas moins que ce n'est pas forcément le cas en philosophie. En effet, toutes les philosophies qui font de la conscience de soi l'essence du sujet se trouvent confrontées à cette impossibilité de l'existence d'autrui comme allant de soi. C'est pourquoi il semble pertinent de se poser la question de savoir quel problème pose l'existence d'autrui. Il semble que le noeud de la question réside dans la tension entre l'immédiateté de l'existence d'autrui en tant qu'elle s'impose à nous et son apparente impossibilité quand on part d'une définition traditionnelle du sujet comme être en première personne. Et au-delà de cette tension, il s'agira d'étudier le versant pratique du problème, à savoir les nécessaires conséquences morales qu'il y a à reconnaître en l'autre un alter ego (car autrui est bine plus qu' « un autre »).

« mais conceptuellement il n'en va pas de même.

Une fois dépersonnalisé, désincarné, l'idée qu'autrui existe ne va plusvraiment de soi. Ces contre-argument trouvent leur fondement dans une définition du sujet comme conscience de soi.

Si l'actefondateur du sujet est un « je suis, j'existe » en première personne, alors l'existence de l'autre pose problème.Descartes considère que le sujet est avant tout un ego, un moi.

Et toute existence humaine est centrée autour dece moi.

Le sujet n'est capable de prendre conscience que de sa propre existence.

Pour lui-même, il n'y que lui quiexiste.

Il n'est pas question de dire ici que les hommes sont égoïstes au sens où ils ne pensent qu'à eux, mais plutôtque leur constitution en tant que sujet se fait avant tout en première personne. A partir de cette définition du sujet comme ego, l'existence d'autrui pose problème, elle ne va pas de soi et semblemême impossible à penser pour le sujet.

C'est le moi qui existe, autrui en tant qu'autre moi n'est pas théorisable.

Jene peux pas entrer en relation avec lui, le reconnaître en tant que conscience de soi, cette définition étantréservée à ma personne. Dans cette perspective, l'existence d'autrui pose problème dans le sens où elle est impossible à penser pour le sujet. III.

L'existence d'autrui pose au sujet le problème moral. En termes théoriques, la question de l'existence d'autrui débouche sur une aporie.

En effet, on a deux réponsesantagonistes : soit l'existence d'autrui ne pose pas de problème du fait de son immédiateté, soit elle est impossible.C'est du coté de la pratique que l'on peut trouver des solutions satisfaisantes. Tout d'abord, le problème de l'existence d'autrui n'éclate vraiment que dans la question morale : le problème qu'ellepose est de savoir quelles sont les conséquences au fait que nous vivions avec d'autres.

Qui est cet autre,comment dois-je agir avec lui ? Autrui a un statut particulier, et reconnaître l'autre comme tel a des conséquencesimportantes sur mes actions. Kant, dans sa philosophie pratique, explique que je ne dois pas considérer lesautres hommes comme des moyens mais comme des fins en soi, c'est là larègle canonique de toute action morale.

Par exemple, je ne peux pas vendreun être humain dans le but de m'enrichir, ni en faire mon esclave.

Je ne doispas ignorer la dignité inhérente à chaque être humain, je n'ai pas le droit defaire comme si les autres étaient moins hommes que moi. Quand j'accorde à l'autre le statut d'autrui, je reconnais qu'il est un alter-ego(un autre moi) et c'est là que se pose vraiment le problème moral : une foisreconnue l'existence d'autrui, je ne peux plus l'utiliser comme un moyenservant à mes fins. Conclusion - De prime abord, l'existence d'autrui ne semble pas poser de problème du fait de son immédiateté. - Mais en définissant le sujet comme un ego, l'existence d'autrui pose un immense problème : elle est impossible à penser. - Au-delà de la question théorique, l'existence d'autrui pose un problème encore plus fondamental, le problème moral.

L'existence d'autrui est une question qui touche au comportement des hommes entre eux, et aux façons de bien agir.

C'est par autrui, enreconnaissant son existence en tant qu'alter ego que le sujet ouvre la possibilité d'une action morale ouimmorale.

Grâce à autrui, le sujet a la possibilité de se poser le problème moral.. »

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