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Le problème du langage animal

Publié le 11/03/2004

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langage
Néanmoins, cela ne prouverait pas que le volatile témoigne véritablement par là qu'il souhaite le bonjour à l'arrivant. Habituée à ce qu'on la récompense de quelques friandises lorsqu'elle « dit « bonjour, la bête ne proférera ces sons, comme par un réflexe conditionné, que dans l'espoir de manger bientôt. Elle ne souhaite pas le bonjour mais signale sa faim. Il n'est donc pas vrai que les bêtes parlent, puisqu'il ne s'en est jamais trouvé une qui usât de signes pour exprimer autre chose que sa joie ou sa douleur, son espérance ou sa crainte. Les prétendues paroles des bêtes n'en sont pas, puisqu'elles n'ont de rapport qu'à leurs passions. De ce fait elles ne témoignent pas que les bêtes pensent, encore moins qu'elles pensent ce qu'elles disent. Exprimer ce que l'on ressent n'est pas encore parler, le langage supposant la pensée outre le sentiment. « On ne doit pas confondre les paroles avec les mouvements naturels qui témoignent les passions «. Or les sons proférés par les bêtes entrent tous dans cette dernière catégorie, pour autant qu'on n'ait « point encore observé « qu'aucun animal nous ait marqué par la voix ou les mouvements de son corps « quelque chose qui pût se rapporter à la pure pensée plutôt qu'à un mouvement naturel «. Enfin il n'y a aucune de nos actions extérieures, qui puisse assurer ceux qui les examinent, que notre corps n'est pas seulement une machine qui se remue de soi-même, mais qu'il y a aussi en lui une âme qui a des pensées, excepté les paroles, ou autres signes faits à propos des sujets qui se présentent, sans se rapporter à aucune passion.
Un langage est un système de signes. En ce sens large, on peu! parler de langage animal ou de langage informatique, à la condition de ne pas donner au mot signe son sens précis, qui implique la référence claire d'un signifiant (le signe) à un signifié (ce que désigne le signe). Contrairement au symbole, le signe n'a aucun lien logique avec ce qu'il signifie. De ce fait, l'extension du mot langage est limitée au langage humain, et exclut tout langage animal.

langage

« j'arrache ma langue ».

Le fou serait-il hors-langue ? Mais c'est en poème que le clame Artaud .

Et sa « langue de feu » nous affecte sans doute plus profondément que bien des discours « sensés ».

En conséquence, comme le soulignait déjà Descartes , on peut considérer que le fou a part au logos.

Si désarticulé qu'il puisse être , et « bien qu'il ne suive pas la raison », le discours de la folie reste un discours.

D'apparence incohérente, il « ne laisse pas d'être à propos des sujets qui se présentent », conservant donc un rapport à la réalité, tant des objets auxquels il a trait que de la situation de communication dans laquelle il s'inscrit.

On peut donc conclure provisoirement sur cepoint que le langage est en l'humanité, tout comme la raison peut-être, un instrument universel.

Instrument voué,en l'occurrence, à la manifestation de la vie de conscience ; au service, donc, du témoignage, et qui ne fait défautni à l'imbécile ni au fou : « c'est une chose bien remarquable , résumait Descartes , qu'il n'y a point d'hommes si hébétés et si stupides, sans en excepter mêmes les insensés qu'ils ne soient capables d'arranger ensemble diversesparoles, et d'en composer un discours par lequel ils fassent entendre leurs pensées ». Au contraire, souligne aussitôt, et par contraste, le « Discours de la méthode », « il n'y a point d'autre animal » qui fasse de même.

Le philosophe exclut donc fermement la possibilité que des bêtes aient accès au langage.

Certes, note-t-il, on peut bien dresser un perroquet ou une pie à crier « bonjour » à l'arrivée de son propriétaire.

Néanmoins, cela ne prouverait pas que le volatile témoigne véritablement par là qu'il souhaite le bonjourà l'arrivant.

Habituée à ce qu'on la récompense de quelques friandises lorsqu'elle « dit » bonjour, la bête ne proférera ces sons, comme par un réflexe conditionné, que dans l'espoir de manger bientôt.

Elle ne souhaite pas le bonjourmais signale sa faim.

Il n'est donc pas vrai que les bêtes parlent, puisqu'il ne s'en est jamais trouvé une qui usât designes pour exprimer autre chose que sa joie ou sa douleur, son espérance ou sa crainte.

Les prétendues parolesdes bêtes n'en sont pas, puisqu'elles n'ont de rapport qu'à leurs passions.

De ce fait elles ne témoignent pas que lesbêtes pensent, encore moins qu'elles pensent ce qu'elles disent.

Exprimer ce que l'on ressent n'est pas encoreparler, le langage supposant la pensée outre le sentiment.

« On ne doit pas confondre les paroles avec les mouvements naturels qui témoignent les passions ».

Or les sons proférés par les bêtes entrent tous dans cette dernière catégorie, pour autant qu'on n'ait « point encore observé » qu'aucun animal nous ait marqué par la voix ou les mouvements de son corps « quelque chose qui pût se rapporter à la pure pensée plutôt qu'à un mouvement naturel ». Enfin il n'y a aucune de nos actions extérieures, qui puisse assurerceux qui les examinent, que notre corps n'est pas seulement unemachine qui se remue de soi-même, mais qu'il y a aussi en lui uneâme qui a des pensées, excepté les paroles, ou autres signes faitsà propos des sujets qui se présentent, sans se rapporter à aucunepassion.

Je dis les paroles ou autres signes, parce que les muetsse servent de signes en même façon que nous de la voix ; et queces signes soient à propos, pour exclure le parler des perroquets,sans exclure celui des fous, qui ne laisse pas d'être à propos dessujets qui se présentent, bien qu'ils ne suivent pas la raison ; etj'ajoute que ces paroles ou signes ne se doivent rapporter àaucune passion pour exclure non seulement les cris de joie ou detristesse, et semblables, mais aussi tout ce qui peut être enseignépar artifice aux animaux ; car si on apprend à une pie à direbonjour à sa maîtresse, lorsqu'elle la voit arriver, ce ne peut êtrequ'en faisant que la prolation' de cette parole devienne lemouvement de quelqu'une de ses passions ; à savoir ce sera unmouvement de l'espérance qu'elle a de manger, si on l'a toujoursaccoutumé de lui donner quelque friandise, lorsqu'elle l'a dit; etainsi toutes les choses qu'on fait faire aux chiens, aux chevaux etaux singes, ne sont que des mouvements de leur crainte, de leurespérance, ou de leur joie, en sorte qu'ils les peuvent faire sans aucune pensée.

Or, il est, ce me semble, fort remarquable que la parole, étant ainsi définie, neconvient qu'à l'homme seul.

Car bien que Montaigne et Charon aient dit qu'il y a plus de différenced'homme à homme que d'homme à bête, il ne s'est toutefois jamais trouvé aucune bête si parfaite,qu'elle ait usé de quelque signe, pour faire entendre à d'autres animaux quelque chose qui n'eut pointde rapport à ses passions ; et il n'y a point d'homme si imparfait, qu'il n'en use ; en sorte que ceux quisont sourds et muets, inventent des signes particuliers, par lesquels ils expriment leurs pensées.

Cequi me semble un très fort argument pour prouver que ce qui fait que les bêtes ne parlent pointcomme nous, est qu'elles n'ont aucune pensée, et non point que les organes leur manquent.

Et on nepeut dire qu'elles parlent entre elles ; mais que nous ne les entendons pas ; car comme les chiens etquelques autres animaux nous expriment leurs passions, ils nous exprimeraient aussi bien leurspensées, s'ils en avaient. DESCARTES Seule la parole nous distingue des bêtes Puisque c'est dans la mesure où je pense que je suis certain que j'existe, je ne peux savoir si l'autre en face demoi est un être pensant : je ne peux me mettre à sa place pour effectuer l'expérience du doute.

Comment nepas le confondre avec un simple être matériel ? « Enfin il n'y a aucune de nos actions extérieures, qui puisse assurer ceux qui les examinent, que notre corps. »

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