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Le problème de la personne

Publié le 19/03/2011

Extrait du document

   Le problème de la personne dépasse aussi bien la psychologie que la morale    Le problème de la personne ne se confond en aucune manière avec le problème de la personnalité. La personnalité est psychologique; la personne est généralement considérée dans un contexte moral.    Peut-être cependant cette façon de l'envisager n'est-elle pas sans danger. Car, après tout, il n'est pas de leçon morale qui ne doive s'enraciner dans la réalité psychologique. Mais il ne suffit pas non plus de poser la personne comme psychomorale : car la simple juxtaposition d'un fait et d'une valeur paraîtra toujours un coup de force, soit que la valeur soit au fond niée en étant subrepticement réduite au fait, soit que la description du fait soit insidieusement infléchie par le souci de préparer la place de la valeur elle-même.    Ménager du fait à la valeur une sorte d'émergence sera également tenu à bon droit pour un procédé suspect, s'il est vrai que le mot d'émergence ne recouvre finalement rien de plus qu'une constatation qui demande à être interprétée; or cette interprétation renvoie elle-même à l'une des deux conceptions précédentes.   

« Nous pensons, quant à nous, que l'esprit ne pouvant s'abolir, il y aurait contradiction à identifier la personne qu'ondit « amissible » (c'est-à-dire pouvant se perdre) et l'esprit qui est, par excellence, « in-amissible » (ne pouvant endroit se perdre).

L'esprit n'a hors de lui rien qui lui soit abîme, rien qui lui soit occasion de s'engloutir et dedisparaître; l'esprit ne saurait être plus ou moins esprit : Il est. ...

car l'esprit, comme nature, n'admet ni le plus, ni le moins En ce sens, l'esprit ressemble à la nature : proposition qui n'a rien de scandaleux, si l'on veut bien considérer sous laressemblance et sous l'identité des formules qui la constatent, l'opposition radicale de ces deux manières den'admettre ni le plus ni le moins. La nature n'admet ni le plus ni le moins en ce sens que le dernier élément de la nature est encore nature; l'esprit, encet autre sens, que l'élément de l'esprit n'existe pas et que l'esprit est toujours acte de synthèse. Même dans une conception panthéiste, ou dans une conception romantique de la nature, il faut bien reconnaîtreque la nature naturante est posée à partir de la nature naturée lm, même dans une conception empiriste ounaturaliste de l'esprit, il faut bien reconnaître que l'esprit s'affirme en tant qu'esprit au moment où quelque choserefuse de se laisser réduire à un donné et exige d'être posé comme donnant, — ou, selon les expressions deLachièze-Rey, comme apportant et non comme apporté. La nature n'admet ni le plus, ni le moins, en ce sens que la qualité de naturel n'a pas de degré : que la nature soitceci ou cela, elle est toujours naturelle; l'esprit, en cet autre sens que son acte le plus humble l'enveloppe toutentier. Mais si la nature se fragmente, l'esprit n'est plus que synthèse Mais cette distinction paraîtra fragile à qui considère que, derrière le fragment de nature, c'est aussi la nature toutentière qui se cache, ou, si l'on préfère, qui se révèle.

Il faut donc préciser davantage : disons que si la nature,sans se réduire à ses fragments, admet et peut-être même appelle la fragmentation, l'esprit, lui, ne se fragmentepas.

Disons que le propre de l'esprit est de repousser la fragmentation.

Il y a des morceaux de nature; il n'y a pasde morceaux d'esprit.

La nature tronçonnée est encore et toujours la nature; l'esprit ne se tronçonne pas.

La naturetotale peut bien se reconstituer à partir de ses tronçons, l'esprit n'est jamais offert sous forme de tronçons. D'un autre côté, si la nature se laisse fragmenter, aucun morceau de nature n'est la nature : il n'y a pas desnatures.

Mais il y a des esprits, dont aucun ne se laisse fragmenter, et dont aucun non plus n'est fragment d'esprit. Totalité fragmentale, voilà la nature; pluralité qui n'est ni fragmentaire, ni fragmentable, voilà l'esprit.

Totalitéfragmentable, la nature l'est parce qu'en elle les relations sont relatées; pluralité ni fragmentaire, ni fragmentable,l'esprit l'est parce que par lui toutes relations sont relatantes.

Le plus et le moins sont étrangers à l'esprit parce quel'acte de relation n'admet pas de degrés; à la nature, parce que le relatif est toujours le relatif. Ni pure nature, ni esprit pur, la personne, capable de plus et de moins, se définit par le passage et la tendance La nature apparaît donc comme l'absolu du relatif, et l'esprit comme la relation absolue.

Ni pure nature, ni esprit pur,la personne est l'unique lieu par où s'effectue le passage du relatif à la relation, ou la dégradation de la relation enrelatif.

Donnée et construite, circulant sans cesse de la nécessité à la liberté, et de la liberté à la nécessité, lapersonne est insaisissable, précaire et inamissible, capable, de plus et de moins; son être, c'est le passage, sanature, la tendance. La tendance ressemble au projet de l'existentialisme Arrêtons-nous un instant sur cet aspect de la personne.

Nous n'entendons pas ce mot de tendance dans le sensque lui donne la psychanalyse, qui en fait en somme l'équivalent d'une nature secrète, déterminée quoiquesublimable, orientée quoique déviable, indéracinable quoique éducable.

La tendance, c'est l'acte même de tendre,dans l'ignorance du doute, en l'absence d'un mécanisme adaptatif tout adapté.

La tendance ressemble à ce quel'existentialisme appelle le projet c'est la visée intentionnelle, mais sans objet intentionnel ou permanent, toujoursvisée certes, mais d'un objet toujours variable. ...

mais elle en diffère, car elle n'est pas liberté pure Les tendances étudiées par la psychanalyse apparaissent comme des déterminations particulières qui ne sontpossibles que comme des variations sur ce thème fondamental de la déterminabilité.

En d'autres termes, telletendance n'existe que parce que rien d'autre n'est donné dans l'homme que la possibilité même de tendre; parce quela nature de l'homme n'est pas instinct.

Mais, du même coup, se trouve posée la différence entre la tendance ainsicomprise et le « projet »; car le projet est liberté pure et irrationnelle, tandis que la tendance se donne d'embléecomme insuffisance à soi, pauvreté, vide qui demande à être rempli, besoin d'autre chose que soi. Le projet, tel que l'entendent les existentialistes, est, certes, sortie hors de soi, — mais non pas besoin, non pasinsuffisance ni pauvreté; sans aller jusqu'à dire qu'il est richesse et plénitude, il faut bien reconnaître en lui une. »

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