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Le progrès est-il une donnée positive des sciences humaines ou bien une valeur philosophique et morale ?

Publié le 23/03/2004

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Mais il n'implique pas nécessairement une idée de perfectionnement : «La dynamique sociale se présente directement avec un pur caractère scientifique, qui permettrait d'écarter comme oiseuse la controverse si agitée encore sur le perfectionnement humain, et dont la prépondérance devra terminer cette stérile discussion, en la transportant à jamais du champ de l'idéalité dans celui de la réalité... Il serait facile, à mon gré, de traiter la physique sociale tout entière sans employer une seule fois le mot de perfectionnement, en le remplaçant toujours par l'expression simplement scientifique de développement qui désigne, sans aucune appréciation morale, un fait général incontestable » (Cours de Philos. positive, 48e leçon, éd. Schleicher, IV, p. 192). B. - Mais on peut dire aussi, indépendamment de toute théorie et de toute « philosophie de l'histoire », que le progrès est une donnée des sciences humaines. -1° Du point de vue sociologique d'abord, il y a eu, dans l'ensemble, progrès de la division du travail social. Les sociétés dites« primitives » sont des sociétés relativement simples, en ce sens du moins que toutes les fonctions sociales s'y trouvent plus ou moins mêlées ou même confondues. Les sociétés modernes sont, au contraire, des sociétés différenciées où chaque fonction possède ses organes et son personnel propres; d'où, comme a dit DURKHEIM, une « solidarité organique » qui fait que tous ces organes collaborent à l'oeuvre commune.
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« II.

Le progrès comme idéal. Mais le progrès a, le plus souvent, été conçu comme un idéal beaucoup plus que comme un fait.

Le XIXe siècle amême connu une véritable religion du progrès.

Il y eut un temps où nier le progrès humain apparaissait comme unesorte de sacrilège.

Le progrès est alors conçu comme un ensemble de valeurs qui s'incarnent peu à peu dans laréalité.

De nos jours toutefois, l'homme est devenu beaucoup plus sceptique, et l'on n'oserait plus guère aujourd'huichanter, comme Victor HUGO : « Temps futurs, vision sublime », etc.

C'est qu'en effet le progrès ainsi conçu soulève de nombreux problèmes. A.

— On peut d'abord mettre en doute la réalité même de certaines, au moins, des formes positives, effectives duprogrès décrites ci-dessus.

La multiplication des groupes sociaux, si elle libère l'homme par certains côtés, l'enserred'autre part dans une multitude d'obligations et d'obédiences, à tel point qu'on a pu parler d'une croissante «mécanisation sociale ».

L'extension du bien-être social ne doit pas nous faire oublier l'existence de « pays sous-développés », et l'accroissement continuel de la population dans certaines régions du globe pose aujourd'hui degraves problèmes concernant même l'alimentation des êtres humains.

Souvenons-nous enfin que l'esclavage existeencore dans certains pays et que d'autres sont soumis à un régime totalitaire qui n'est qu'un retour à l'empriseabsolue du groupe sur l'individu qu'on rencontre dans les sociétés primitives. B.

— Là même où le progrès de fait est incontestable, sa bienfaisance, sa valeur comme progrès humain peut êtremise en question : c'est ce qui se produit pour le progrès technique. C.

— De toute façon, il faut bien reconnaître qu'il existe des régressions (nous venons de le signaler à propos desrégimes totalitaires) et aussi des distorsions entre les différents aspects du développement social : toutes lesparties de la société, toutes les fonctions sociales ne se développent pas au même rythme, et les sociologuesaméricains ont beaucoup insisté sur ce phénomène du cultural lag, du retard de civilisation, qui fait, par exemple,comme a dit l'un d'eux (Harry Elmer BARNES) que nous avons « des machines up to date » et « des institutionsantiques ». Conclusion. Ne soyons donc pas trop optimistes sur la réalité et surtout sur la valeur du progrès.

A vrai dire, il n'y a qu'un critère essentiel du véritable progrès humain : c'est celui de la valeur reconnue à la personne humaine, durespect de sa dignité et des moyens plus ou moins étendus qui lui sont offerts en vue de son plein développement.Si ce progrès est, dans une certaine mesure, une réalité, il est surtout un idéal.. »

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