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Psychose, Forclusion du nom du père et pulsion de mort (Lacan)

Publié le 25/07/2012

Extrait du document

1. la répétition du même, de l'identique, la compulsion de répétition : « On ne peut s'empêcher d'admettre qu'il existe dans la vie psychique une tendance irrésistible à la reproduction, à la répétition, tendance qui s'affirme sans tenir compte du principe du plaisir, en se mettant au-dessus de lui « (Freud, 1920). 2. la destruction d'abord tournée vers soi (masochisme), et ensuite vers autrui (sadisme) : « Le sadisme n'est à proprement parler qu'un instinct de mort que la libido narcissique a détaché du Moi et qui ne trouve à s'exercer que sur l'objet « (Freud, 1920). 3. la tendance à l'immobilisme, à la régression, à l'inorganique: [la pulsion de vie] "tend à conserver la substance vivante et à l'agréger en unités toujours plus grandes", [alors que la pulsion de mort] "tend à dissoudre ces unités et à les ramener à leur état le plus primitif, c'est-à-dire à l'état inorganique" (Freud, 1927).

« la consistance à la parole du père : cela passe par le fait de s'accepter comme « manquante », c'est-à-dire comme ayant besoin de l'autre (le père) concernant l'enfant etde renoncer à fusionner avec l'enfant de ses rêves, l'enfant imaginaire, objet de jouissance.

Selon Lacan (1957-58), le père, dans sa fonction symbolique, indique à lamère porteuse: "Non, tu ne réintégreras pas ton produit!".

Ensuite, pour que l'enfant renonce à être le phallus de sa mère, il faut que celle-ci mette un mot sur le désirqu'elle a pour le père, et ce mot est le Nom du Père.

Le fait que la mère dénomme le père comme étant ce qui soutient son désir à elle fait apparaître le père commeporteur du phallus.

L'enfant se rend compte alors que le phallus est dans l'autre et cela va le pousser à renoncer à être le phallus de la mère et s'accepter avec son pénistout simple ou sans pénis mais pouvant le recevoir.

C'est précisément ce passage d'être (le phallus imaginaire) à avoir (ou recevoir le pénis) que Jacques Lacanappelle la "castration symbolique".Cette castration symbolique, l'enfant va y faire face en s'identifiant au père.

Et étant donné que le père parle, c'est par l'intermédiaire de cette identification quel'enfant va apprendre à parler, dans le but d'atteindre la mère selon Jacques Lacan.

Il est important de souligner que cette identification sexuelle n'est possible que si lepère se reconnaît lui-même comme marqué par la castration.

Voilà en quoi l'introjection du signifiant Le Nom du Père est essentielle dans l'apprentissage du langageet dans la différenciation des sexes. Au cours de cette première partie, nous avons vu à travers la métaphore du Nom du Père en quoi l'expérience du « Manque » et l'acceptation de l'existence de l'Autresont essentiels dans l'établissement des fondements de la personnalité de l'individu.

Selon Lacan, lorsque le signifiant de base le Nom du Père est forclos, l'enfantreste coincé dans une position où il reste le tout de sa mère, ou inversement, où la mère devient le tout pour lui.

Dans ces conditions, pas de place pour l'Autre, et c'estlorsqu'un père apparaît pour le sujet qui est lui-même coincé dans une relation duelle avec quelqu'un, que la psychose apparaît.Nous allons maintenant voir dans la seconde partie de ce document, en quoi chez le psychotique, sa relation à l'Autre le met particulièrement sous l'emprise de lapulsion de mort. Comme nous avons pu le constater dans la partie précédente, c'est lorsque le Nom du Père est forclos que le sujet n'accepte pas l'existence de l'Autre, entrant dans unerelation fusionnelle avec la mère où chacun devient l'objet de jouissance de l'autre (Autre).

Si le psychotique veut jouir de l'Autre, et ainsi se situer au Lieu de l'Autreet se confondre avec lui, il risque aussi d'être victime de l'Autre dont il devient le jouet.

L'Autre deviendra alors un objet persécuteur, intrusif et destructeur en raisonde ses exigences implacables et constantes.

C'est en cela que le psychotique, plus que tout autre être humain, est victime de la pulsion de mort qui aura une totaleemprise sur lui à travers la mainmise terrifiante de l'Autre sur sa vie quotidienne. La pulsion de mort Si l'on se base sur les écrits de Freud, la pulsion de mort comprend trois aspects fondamentaux:1.

la répétition du même, de l'identique, la compulsion de répétition : « On ne peut s'empêcher d'admettre qu'il existe dans la vie psychique une tendance irrésistible àla reproduction, à la répétition, tendance qui s'affirme sans tenir compte du principe du plaisir, en se mettant au-dessus de lui » (Freud, 1920).2.

la destruction d'abord tournée vers soi (masochisme), et ensuite vers autrui (sadisme) : « Le sadisme n'est à proprement parler qu'un instinct de mort que la libidonarcissique a détaché du Moi et qui ne trouve à s'exercer que sur l'objet » (Freud, 1920).3.

la tendance à l'immobilisme, à la régression, à l'inorganique: [la pulsion de vie] "tend à conserver la substance vivante et à l'agréger en unités toujours plusgrandes", [alors que la pulsion de mort] "tend à dissoudre ces unités et à les ramener à leur état le plus primitif, c'est-à-dire à l'état inorganique" (Freud, 1927).L'insistance de la pulsion de mort dans l'existence du psychotique est perceptible, sous cet angle freudien, dans le fait que le psychotique est piégé dans la répétitiondu même, de l'identique, qu'il est happé dans les mouvements de destruction (de soi et de l'Autre), qu'il glisse vers l'immobilisme, la régression, la déliaison.

Sous unangle plus lacanien, Lucie Cantin (1991) indique: « Si nous définissons la pulsion comme la réponse du sujet à la demande de l'Autre, alors la pulsion de mortconstituerait ce mode particulier de réponse par lequel le sujet est tout entier sacrifié à l'Autre.

Dire que le psychotique est aux prises avec la pulsion de mort, c'estdésigner ce que nous constatons dans la clinique, à savoir que le psychotique est l'objet de la jouissance de l'Autre ».

Précisons d'ailleurs que l'expression jouissancede l'Autre est à entendre dans un double sens, comme ce qui fait jouir l'Autre et ce dont le sujet jouit.En conclusion, le psychotique, en raison de son mode de fonctionnement psychique, met en évidence de façon criante l'œuvre de la pulsion de mort.

L'emprise de lapulsion de mort sur la vie du psychotique aura quelque chose de démoniaque comme l'entend Freud (1919), au sens où le psychotique est aux prises avec des forcesqui le dépassent et l'entraînent vers la répétition de l'identique, vers l'autodestruction violente ou progressive, vers l'inorganique.

Les symptômes psychotiquesindiquent clairement la présence de processus mortifères dans sa vie tels l'apathie, l'anhédonie ou encore les sentiments de vide et de routine.BibliographieCantin, L.

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La forclusion du Nom du Père [en ligne].

Disponible sur : .

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