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Puis-je être libre en vivant une passion ?

Publié le 16/02/2004

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3 - J'entends par Affections les affections du Corps par lesquelles la puissance d'agir de ce Corps est accrue ou diminuée, secondée ou réduite, et en même temps les idées de ces affections.   Quand nous pouvons être la cause adéquate de quelqu'une de ces affections, j'entends donc par affection une action ; dans les autres cas, une passion. «   SPINOZA.   Définir la passion, c'est, pour Spinoza, comprendre les rapports de l'homme à son âme, à son corps et au monde. La passion est un phénomène qui nous affecte, dont notre âme et notre corps pâtissent, parce que nous ne pouvons en discerner l'origine clairement et distinctement (c'est-à-dire avec évidence). En d'autres termes, la passion se manifeste par des idées confuses sur elle-même. Plus précisément, elle résulte d'un décalage (une « inadéquation «) entre l'homme et la totalité du monde (Dieu) : la passion est un refus de l'ordre naturel des événements, des enchaînements inéluctables qui nous déterminent. Ainsi, par exemple, l'homme qui s'emporte contre une situation donnée (la perte d'un objet auquel il tenait, la mauvaise conduite d'une autre personne, l'échec d'une ambition, etc.) ne le fait que par ignorance de la chaîne des causes et des effets qui ont nécessairement conduit à cette  situation. Il subit le monde corporel sans ramener ce qui lui arrive à Dieu (c'est-à-dire à l'ordre global de la nature).

POUR DÉMARRER Est-il possible d'accéder à une capacité d'autodétermination et à une autonomie de choix en expérimentant une passion, c'est-à-dire une affection durable de la conscience, si puissante qu'elle s'installe à demeure et se fait centre de tout ? Ne suis-je pas, dès lors, sous le joug de cette affection ? La question posée semble donc a priori énigmatique. CONSEILS PRATIQUES N'oubliez pas que toute une tradition classique (le stoïcisme, etc.) voit dans la passion un phénomène subi et passif. La liberté ne consiste-t-elle pas à s'assurer la maîtrise des passions ? Au contraire, Sartre assure que nous sommes entièrement libres dans nos passions. La liberté n'est pas seulement fille de la raison. Par ailleurs, la passion permet parfois de mener à bien une oeuvre. Donc elle n'exclut pas la liberté.

 

« d'aveuglement ou de péché, les passions ne seront réhabilitées qu'à la Renaissance, et surtout à l'âge de l'empirismeet du Romantisme.

Au delà de leurs divergentes, les avocats des passions voient en celles-ci une conscience desoi-même qui éclaire le sujet sur sa propre identité, et une force intérieure qui confère souffle, saveur etauthenticité à son existence. « Gorgias : Veux-tu savoir ce que sont le beau et le juste selon la nature ? Hé bien, je vais te le dire franchement ! Voici, si on veut vivre comme il faut, on doit laisseraller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer.

Au contraire, ilfaut être capable de mettre son courage et son intelligence au service de si grandespassions et de les assouvir avec tout ce qu'elles peuvent désirer.

Seulement, tout lemonde n'est pas capable, j'imagine, de vivre comme cela.

C'est pourquoi la masse desgens blâme les hommes qui vivent ainsi, gênée qu'elle est de devoir dissimuler sa propreincapacité à le faire.

La masse déclare donc bien haut que le dérèglement est une vilainechose.

C'est ainsi qu'elle réduit à l'état d'esclaves les hommes dotés d'une plus fortenature que celle des hommes de la masse ; et ces derniers, qui sont eux-mêmesincapables de se procurer les plaisirs qui les combleraient, font la louange de latempérance et de la justice à cause du manque de courage de leur âme. Socrate : Mais, tout de même la vie dont tu parles, c'est une vie terrible ![...] En effet, regarde bien si ce que tu veux dire, quand tu parles de ces genres de vie, une vied'ordre et une vie de dérèglement, ne ressemble pas à la situation suivante.

Suppose qu'ily ait deux hommes qui possèdent, chacun, un grand nombre de tonneaux.

Les tonneauxde l'un sont sains, remplis de vin, de miel, de lait, et cet homme a encore bien d'autrestonneaux, remplis de toutes sortes de choses.

Chaque tonneau est donc plein de cesdenrées liquides qui sont rares, difficiles à recueillir et qu'on obtient qu'au terme de maintstravaux pénibles.

Mais, au moins, une fois que cet homme a rempli ses tonneaux, il n'a plusà y reverser quoi que ce soit ni à s'occuper d'eux ; au contraire, quand il pense à sestonneaux, il est tranquille.

L'autre homme, quant à lui, serait aussi capable de se procurerce genre de denrées, même si elles sont difficiles à recueillir, mais comme ses récipientssont percés et fêlés, il serait forcé de les remplir sans cesse, jour et nuit, en s'infligeantles plus pénibles peines.

Alors, regarde bien, si ces deux hommes représentent chacun unemanière de vivre, de laquelle des deux dis-tu qu'elle est la plus heureuse ? Est-ce la vie del'homme déréglé ou celle de l'homme tempérant ? En te racontant cela, est-ce que je teconvaincs d'admettre que la vie tempérante vaut mieux que la vie déréglée ? [...] Gorgias : Tu ne me convaincs pas, Socrate.

Car l'homme dont tu parles, celui qui a fait le plein en lui-même et en ses tonneaux, n'a plus aucun plaisir, il a exactement letype d'existence dont je parlais tout à l'heure : il vit comme une pierre.

S'il a fait le plein, iln'éprouve plus ni joie ni peine.

Au contraire, la vie de plaisirs est celle où on verse etreverse autant qu'on peut dans son tonneau ! » Platon , « Gorgias ». b) La passion est le désir illimité - excessif et exclusif - montrant que l'homme n'est pas limité au besoin.

Définir lapassion comme désir, au-delà du simple besoin. c) La passion permet donc à l'homme d'être Libre.

Seul l'homme passionné serait libre.

Telle est La revendication deCalliclès.

La liberté serait inséparable de La passion : on ne peut qu'être à la fois libre et passionné, la passionconditionnant la liberté et la liberté rendant possible la passion. 2) La passion comme esclavage. a) La liberté est pensée et action reposant sur la raison.

Elle consiste à savoir ce que l'on pense et savoir ce quel'on fait. b) La passion est illusion.

On ne sait pas ce que l'on recherche.

Elle est action déraisonnable : le passionné obéit audésir sans en être l'auteur conscient. Ø Un premier critère de critique contre les passions est la menace qu'elles font peser sur la liberté.

Lespassions aliènent le sujet, le dépossèdent de lui-même, le rendent esclave de son corps ou de sonimagination.

Cette nocivité envers la personnalité même du passionné est à mettre en rapport avec ladimension de permanence de l'attachement passionnel, ou encore son caractère circulaire et donc. »

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