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Puis je ignorer qui je suis ?

Publié le 03/03/2005

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Nous ne percevons que ce qui passe à travers les structures a priori de notre subjectivité, y compris notre propre être. En ce sens, Kant distingue le moi empirique, c'est-à-dire celui que nous percevons dans notre vie sensible quotidienne, et le moi "nouménal" (c'est-à-dire purement intelligible), qui ne peut être perceptible comme tel mais qui est ce qui rend notre subjectivité sensible possible : ce Moi est transcendantal, car en tant que principe d'unification absolu de la subjectivité, il constitue la condition a priori de possibilité de toute conscience. Si le Je ne peut certes pas s'ignorer dans une perspective empirique, il ne peut en revanche pas avoir accès au principe qui rend la conscience empirique possible, puisque en tant que transcendantal il échappe par nature à cela même qu'il rend précisément possible ; on ignore donc notre subjectivité transcendantale, précisément parce qu'elle constitue la condition de possibilité a priori (c'est-à-dire extérieure à l'expérience) de toute conscience possible.    

L'homme, le Je sont une fabrication de l'homme, ils constituent une manière, pour le Dasein, de se détourner de sa nature ontologique pour s'identifier à sa nature ontique : l'homme se perçoit lui-même à travers les concepts et catégories forgées par une ontologie déchue ; il se perçoit comme conscience représentative, alors que cette caractérisation n'a aucune pertinence ontologique réelle, puisqu'elle met l'homme au même rang que les autres étants animés (en tant qu'il se détermine comme substance pensante) ; or, le Dasein possède cet avantage certain, par rapport aux autres étants, qu'il a accès à une précompréhension ontologique de l'être, qui détermine sa nature même de transcendance. Le sujet s'ignore, précisément parce qu'il se représente lui-même en tant que sujet : le sujet n'est pas un sujet, mais un être-là, un étant qui se dévoile dans le Là de l'être ; ce Là constitue un principe d'ouverture absolu, et c'est bien là ce qui constitue l'essence propre de l'homme. Il ne faut donc pas demander "Que suis-je ?", mais "Qui suis-je ?", question qui renvoie à une ipséité et non à une identité ; cette ipséité ne se laisse pas enfermer dans une caractérisation ontologique, ce qui est précisément conforme à la nature de l'homme comme transcendance.

-Dire "Je suis", c'est déjà affirmer la conscience qu'un sujet prend de lui-même, au sein d'une identité qui est celle même de la conscience. Cette conscience consiste en une connaissance de soi en tant que tel. Il semble donc évident qu'un sujet ne saurait s'ignorer lui-même, sans quoi cette ignorance rendrait l'identification du sujet à lui-même impossible.

-Néanmoins, poser la question "Qui suis-je" n'épuise peut-être pas entièrement l'essence propre de l'homme, son Wesen fondamental. Car dire du sujet qu'il est un sujet ou un homme, c'est sans doute déjà en interpréter l'essence et en affirmer une nature inauthentique. En ce sens, il serait fort probable que c'est la figure même de la connaissance qui constituerait le sommet même de l'ignorance qu'un sujet peut avoir de lui-même.

-Le sujet peut-il ne pas être transparent à lui-même quant à sa nature propre ? Peut-on aller jusqu'à réfuter même la détermination de sujet pour définir ce qu'est l' "individu" ? La question même "Qui suis-je" ne se révèlerait-elle pas, dans ce cas fallacieuse et impropre ?

 

 

  • I. Le Moi ne saurait s'ignorer lui-même, puisque la conscience réflexive constitue son mode d'existence propre (Descartes).

 

 

 

  • II. Le sujet peut s'ignorer lui-même, non selon une perspective empirique, mais transcendantale (Kant).

 

 

 

 

 

  • III. L'être humain (der Mensch), en tant que Da-sein, peut s'ignorer lui-même s'il s'identitie à un sujet : il faut donc passer de la question Quid est homo à la question Quis est homo

 

 

 

(Heidegger et Sartre).

 

 

 

« 1.

D'après Kant, nous ne pouvons nous présenter les phénomènes que sousles formes de l'espace et du temps; et les phénomènes ainsi représentés sontenchaînés les uns aux autres par un déterminisme inflexible.

Comment alorsadmettre la liberté ? Le seul moyen, c'est de mettre en question la valeur dela science, de montrer qu'elle n'est pas la représentation exacte du réel, etque, par suite, la liberté est possible en réalité.

Or, telle est précisément laconclusion de la Critique de la Maison pure.

Celle-ci établit que le monde telqu'il nous apparaît et qui est soumis au déterminisme, n'est qu'un mondeapparent, tout relatif à la constitution de notre esprit, et que, parconséquent, nous n'avons pas le droit de conclure de ce qui apparaît à ce quiest.

Il peut donc y avoir, dans le noumène, une causalité libre.

Or, la raisonpratique transforme pour nous cette possibilité en nécessité.

Elle ne nousprouve pas cette liberté fondamentale ; elle nous oblige à y croire. 2.

Ainsi donc, d'une part, la science implique le déterminisme universel ;d'autre part, le devoir postule la liberté.

Comment lever cette antinomie? Kantdistingue dans l'homme deux espèces de causalités et de caractères : lescaractère et causalité empiriques (homme-phénomène) ; les caractère etcausalité intelligibles (homme-noumène). a) Le caractère empirique, c'est l'homme en tant qu'il se connaît, qu'il s'apparaît à lui-même : c'est-à-dire une série de phénomènes (faits de conscience) reliés entre eux par une loi, loiqui s'exprime par le mot : moi.

Cette expression ne signifie rien autre que l'unité de notre perception.

En d'autrestermes, nous ne pouvons apercevoir les faits de conscience, qui sont plusieurs, successifs, qu'en les reliant les unsaux autres par la causalité.

Notre caractère empirique n'est donc qu'une série de phénomènes unis par la causalitéempirique, c'est-à-dire déterminés.

De ce point de vue phénoménal, la formule déterministe (antithèse del'antinomie), « il n'y a pas de causalité libre », est donc vraie. b) Le caractère intelligible ou nouménal, c'est l'homme tel qu'il est réellement, comme être en soi, comme noumène.Ce caractère n'est pas dans le temps; il est supérieur au temps; il jouit de la propriété de la causalité absolue, nondéterminée, libre, c'est lui qui, par un acte hors du temps, détermine la série des effets phénoménaux, qui eux, sedéroulent dans le temps, et forment notre caractère empirique.Cette solution semble avoir été admise par certains savants qui, comme le dit Poincaré, « sont déterministes, quandils font de la science, mais croient à la liberté, quand il s'agit de la conduite de leur vie ». III.

L'être humain ( der Mensch ), en tant que Da-sein , peut s'ignorer lui- même s'il s'identitie à un sujet : il faut donc passer de la question Quid est homo à la question Quis est homo (Heidegger et Sartre). L'homme, le Je sont une fabrication de l'homme, ils constituent une manière,pour le Dasein , de se détourner de sa nature ontologique pour s'identifier à sa nature ontique : l'homme se perçoit lui-même à travers les concepts etcatégories forgées par une ontologie déchue ; il se perçoit comme consciencereprésentative, alors que cette caractérisation n'a aucune pertinenceontologique réelle, puisqu'elle met l'homme au même rang que les autresétants animés (en tant qu'il se détermine comme substance pensante) ; or, leDasein possède cet avantage certain, par rapport aux autres étants, qu'il a accès à une précompréhension ontologique de l'être, qui détermine sa naturemême de transcendance .

Le sujet s'ignore, précisément parce qu'il se représente lui-même en tant que sujet : le sujet n'est pas un sujet, mais un être-là, un étant qui se dévoile dans le Là de l'être ; ce Là constitue unprincipe d'ouverture absolu, et c'est bien là ce qui constitue l'essence proprede l'homme.

Il ne faut donc pas demander " Que suis-je ? ", mais " Qui suis-je ?", question qui renvoie à une ipséité et non à une identité ; cette ipséité ne selaisse pas enfermer dans une caractérisation ontologique, ce qui estprécisément conforme à la nature de l'homme comme transcendance.

Dans la même perspective, Sartre dira: "chez l'homme, l'existence précède l'essence".

Une philosophie existentialistese définit par le fait qu'elle pose l'existence avant l'essence et de la sorte définit la condition humaine.

Les objetsmatériels dérivent d'un concept, répondent à une finalité — ce à quoi l'objet va servir — et à un ensemble de règlestechniques.

Pour tout ustensile, l'essence précède l'existence, et son existence ne vaut que dans la mesure où elleréalise l'essence, c'est-à-dire par rapport à l'idée qui a permis de la concevoir et de la produire.

Dans la théologietraditionnelle, on voit en Dieu une sorte d'artisan supérieur qui a créé le monde et les hommes à partir d'une idée,d'un projet.

Lorsque Dieu crée, il sait au préalable ce qu'il crée.

Chaque individu réalise un certain concept contenu. »

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