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Puis-je invoquer l'inconscient sans ruiner la morale ?

Publié le 04/03/2005

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morale
Mais la conscience ne s'identifie pas, selon une longue tradition rationaliste, à la connaissance : il y a donc du conscient non connu qui se manifeste notamment dans la vie affective et émotive et dans les conduites par rapport à autrui. Sartre reprend la thèse phénoménologique de la conscience comme acte de visée du monde non pas comme chose mais comme signification et introduit l'idée de cogito préréflexif comme condition du cogito cartésien. La critique de la psychanalyse s'articule autour de deux thèses fondamentales: d'une part le mécanisme de censure est contradictoire puisqu'il suppose que ce qui est refoulé, l'inconscient et ses contenus est tout d'abord connu par la conscience, d'autre part la conception freudienne de la sexualité, de la libido comme énergie sexuelle est un pur biologisme ou naturalisme qui replace donc l'homme dans la nature et l'instinct. A cet inconscient obscur en nous Sartre substitue la mauvaise foi comme conduite de fuite et de négation et oppose au déterminisme psychique la liberté, en situation, dans un monde aliéné, comme choix et projet. " L'homme est obscur en lui-même; cela est à savoir. Seulement il faut éviter ici plusieurs erreurs que fonde le terme d'inconscient. La plus grave de ces erreurs est de croire que l'inconscient est un autre Moi; un Moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses, une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller. Contre quoi il faut comprendre qu'il n'y a point de pensées en nous sinon par l'unique sujet, Je. Cette remarque est d'ordre moral. Il ne faut point se dire qu'en rêvant on se met à penser.
La conscience morale désigne la faculté de discerner le bien du mal, donc de choisir entre le bien et le mal. Ce choix suppose un sujet conscient, libre de penser tout ce qu'il pense, non déterminé. Mais Freud a mis l'accent sur l'importance du déterminisme psychique dans la vie de chacun.
Je peux toujours faire appel à l'hypothèse de l'inconscient pour justifier que telle action contraire à l'exigence morale et ne dépendant pas de ma volonté est excusable. Mais tout d'abord, qu'est-ce qui peut me garantir que c'est bien l'inconscient qui m'a conduit à ne pas respecter l'exigence morale? Enfin, de quelle exigence morale peut-on encore parler si l'on justifie toujours l'action immorale par l'hypothèse de l'inconscient? C'est à ces deux questions qu'il convient de répondre. Développez l'idée selon laquelle on peut attribuer à l'inconscient tout ce que l'on veut. L'inconscient dès lors peut justifier pourquoi le violeur, l'assassin, le menteur, le délinquant n'ont pas pu faire autrement que de se soumettre aux impératifs de l'inconscient. S'il est vrai que l'on peut utilement expliquer certaines conduites immorales en se référant à des motivations inconscientes, cette explication ne doit pas être confondue avec une justification.
De cette réflexion, il vous faut montrer que l'exigence morale n'a plus aucun fondement à partir du moment où l'inconscient l'emporte sur le jugement de la raison. Si l'homme est un être moral, c'est précisément parce qu'il contrôle ses penchants, ses pulsions en vue de maintenir et de renforcer les liens qui l'unissent à autrui.
En conclusion, l'on peut dire que quels que soient les cas de figure envisagés, l'hypothèse de l'inconscient ne peut pas, ne doit pas, contredire l'exigence morale. Si tel était le cas, voilà qui ruinerait tous les fondements de la moralité, mais aussi du droit et de la justice. Maintenant, mais c'est là un autre problème, il se peut que les règles morales qui me sont imposées me contraignent à nier ma nature et à renoncer à la satisfaction de mes désirs les plus profonds. Un puritanisme excessif peut aboutir à des résultats extrêmement fâcheux. Ne pas vouloir reconnaître l'existence de pulsions inconscientes, c'est en redoubler l'ardeur et contraindre les individus à l'hypocrisie, voire la perversité. En ce sens, on ne peut plus parler d'exigence morale, puisque un tel puritanisme est en lui-même immoral. En effet, il ne bonifie pas la nature humaine, mais au contraire contribue à la rendre encore plus vicieuse.
 

morale

« conscience que sous une forme voilée, déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif. Le symptôme est donc un compromis entre le désir inconscient et inavouable que je subis, et les normesconscientes et morales que j'accepte.

« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'ai pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même, ce conflit,ce symptôme. L'hypothèse de l'inconscient est donc qu'une bonne partie de ce qui se passe en moi (dans mon âme, ma psyché) nem'est pas connu, m'échappe, et cependant influe sur moi.

C'est ainsi qu'il faut comprendre notre passage : lapsychanalyse se propose de « montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison, qu'il en est réduit à se contenter de renseignements vagues et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience,dans sa vie psychique ».

La plupart des choses qui se passent dans l'âme échappent à la conscience. Pour Freud , o a surestimé le rôle de la conscience dans la vie de l'âme, et ainsi on s'est privé des moyens : ¨ De comprendre bon nombre de phénomènes comme les lapsus et les rêves ; ¨ De soigner un certain nombre de maladies, qui ne peuvent s'expliquer que par le conflit psychique qui agite lepatient. Adopter l'hypothèse de l'inconscient permet de comprendre et de guérir, c'est un gain de sens et de pouvoir.

Le butde la psychanalyse est alors de faire en sorte que l'individu, au lieu de subir les forces qu'il ignore et ne contrôle pas, puisse recouvrer sa liberté. En effet, la psychanalyse découvre que « Je est un autre » pour reprendre Rimbaud .

Il y a en moi un autre , un ensemble de forces, un inconscient qui me pousse à agir malgré moi.

Je subis un conflit dont je n'ai pas conscience,qui est souvent la trace d'un choc vécu durant l'enfance.

En ce sens je suis un être passif et agi, qui n'a ni lecontrôle de lui-même, ni de son passé, un être scindé.

Le but de la cure est de faire en sorte que je prenneconscience de ce conflit, que je reprenne la maîtrise de mon histoire.

Au lieu de subir ce que je ne connais pas, jechoisirai en toute conscience.

Au lieu de la « politique de l'autruche » de l'inconscient, il y aura le choix d'un sujet maître de lui-même. Enfin, notre passage est important en ce que Freud y explique les résistances à la psychanalyse.

« Dans le cours des siècles, la science a infligé à l'égoïsme naïf de l'humanité deux graves démentis ».

Avec Copernic , elle a montré à l'homme qu'in n'était pas au centre de l'univers.

Avec Darwin , elle est en train de montrer que l'homme est un animal comme les autres, qu'il y a en lui une origine animale. Ces deux sciences ont blessé l'orgueil humain, ont montré à l'homme que son sentiment de supériorité était naïf eterroné.

C'est pourquoi les thèses de Copernic valut un procès à Galilée , devant l'Inquisition en 1633.

C'est pourquoi les thèses de Darwin sont jugées à l'époque scandaleuse.

Les hommes refusent ce qui les blesse et y opposent une farouche résistance.

Or, continue Freud : « Un troisième démenti sera infligé à la mégalomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu'il n'est seulement pasmaître dans sa propre maison. » L'individu est pluriel : il n'est pas seulement une conscience maîtresse d'elle-même ; il subit un inconscient qui lepousse à agir malgré lui.

Redécouvrir et explorer cette zone d'ombre en nous, cette force qui nous rend passif, cedéchirement de l'homme reste le principal acquis de la psychanalyse. 2) L'inconscient comme menace contre la morale (Alain et Sartre) La critique philosophique classique adressée à Freud, au-delà des problèmes épistémologiques nombreux etcomplexes qui sont relatifs au statut de scientificité ou non scientificité de la psychanalyse et de ses contenusthéoriques et pratiques, porte sur la place de la liberté dans une telle conception du psychisme humain et desactes, pensées et sentiments qui tissent l'existence humaine.

Si l'inconscient, c'est-à-dire, ce qui agit en nous ànotre insu, est cause de nos pensées, sentiments, volitions et actes, alors nous sommes sous l'emprise de forcesqui nous déterminent, nous instrumentalisent comme une machine, un automate.

L'inconscient, un dieu à la facediabolique qui nous manipule, une " idolâtrie du corps ", " un abrégé du mécanisme " (Alain, cf texte à la fin ducours)? Mais alors l'homme, jouet de telles forces, ne serait plus responsable de ses actes, se verrait dénier toutpouvoir de la volonté qui, selon les philosophies de la conscience fondées sur une détermination de l'homme par laraison et ses tâches morales et spirituelles à accomplir, est présupposé dans tout acte de liberté ? Cette manière deposer la question, le plus souvent moralisante (il ne s'agit pas d'identifier Alain à un tel argument général et en cesens simplifié) et en tout cas réductrice puisqu'elle pense précisément en termes de déterminisme causal et dedualisme dogmatique du corps et de l'âme ou de l'esprit, là où l'on doit rappeler que Freud ne cesse d'insister sur letravail du sens que le sujet doit faire sur lui-même pour se réapproprier son passé (voyez, même s'il s'agit d'unecaricature, les films de Hitchcock, "La maison du docteur Edwardes" (1945), "Pas de printemps pour Marnie" (1964)où la trame psychanalytique est toujours la même (la trame narrative étant bien sûr renversée): un traumatismedans l'enfance, le refoulement puis éventuellement l'amnésie, des symptômes morbides qui se répètent à l'âge adultesous forme de délires, hallucinations, angoisses, manies et obsessions, par exemple la kleptomanie et enfin un travailde guérison merveilleusement réussi où le sujet revit consciemment la scène traumatique ( ce qu'en termes savantsFreud nommera dans la première période "abréaction" et dont il remarquera la trop grande simplicité) en se libérant. »

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