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Puis-je ne pas savoir ce que je pense ?

Publié le 20/07/2005

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Mais que sais-je s'il n'y a point quelque autre chose différente de celles que je viens de juger incertaines, de laquelle on ne puisse avoir le moindre doute ? N'y a-t-il point quelque Dieu, ou quelque autre puissance, qui me met en l'esprit ces pensées ? Cela n'est pas nécessaire ; car peut-être que je suis capable de les produire de moi-même. Moi donc à tout le moins ne suis-je pas quelque chose ? Mais j'ai déjà nié que j'eusse aucun sens ni aucun corps. J'hésite néanmoins, car que s'ensuit-il de là ? Suis-je tellement dépendant du corps et des sens, que je ne puisse être sans eux ? Mais je me suis persuadé qu'il n'y avait rien du tout dans le monde, qu'il n'y avait aucun ciel, aucune terre, aucuns esprits, ni aucuns corps; ne me suis-je donc pas aussi persuadé que je n'étais point ? Non certes, j'étais sans doute, si je me suis persuadé, ou seulement si j'ai pensé quelque chose. Mais il y a un je ne sais quel trompeur très puissant et très rusé, qui emploie toute son industrie à me tromper toujours.

Penser est l'activité d'appliquer son esprit aux élèments fournis par la connaissance, former, combiner des idées et des jugements.  Penser c'est aussi juger, raisonner, réfléchir, comment expliquer qu'une telle activité nécessatant des règles et des méthodes puisse échapper à mon savoir, à ma conscience? Puis-je ne pas savoir ce que je pense? Puis-je être dans l'ignorance de ce qui se passe au sein de mon entendement, de mes réflexions et jugements? Autrement dit ma propre pensée peut-elle m'échapper? Ne pas savoir ce que je pense signifie que je ne suis alors plus maître de mes pensées : qui est alors maître de mes actes de pensées? Puis-je tout le temps savoir ce que je pense? Si je ne sais pas ce que je pense, qui peut alors le savoir et comment puis-je m'en rendre compte, en prendre conscience et donc connaissance? Faut-il présupposer une vie inconsciencte et donc une pensée inconsciente qui donne une autre dimension à l'acte de penser? L'enjeu est ici de savoir si mes pensées sont toujours miennes, si mes pensées sont toujours conscientes ou si celles-ci peuvent devenir inconscientes et donc m'échapper.

« choses qui se passent dans le sujet mais que ce dernier ne contrôle et n'a pas conscience.

Si nous prenonsl'exemple des rêves, nous pouvons les prendre pour des pensées.

Ils ont vie dans notre esprit et rien ne lesdistingue de mes rêves éveillés que je fais dans la journée.

Nous savons que le sujet n'a qu'une faible conscience deses rêves.

La plupart du temps, il les oublie.

La maîtrise des pensées par le sujet est problématique dans le rêve, àtel point que la nature des rêves a souvent été discuté par la philosophie.

Ils ont été considérés commeprémonitions, augures, maladies, c'est-à-dire comme des phénomènes trouvant leur cause en-dehors de l'individu.

Atravers l'activité des rêves, nous voyons qu'il se passe des choses en l'homme dont il n'a pas conscience. -On emploie la notion d'inconscient quand je me comporte comme si je savais quelque chose, sans que j'ai accèsmoi-même à cette information.

Ainsi, je peux par exemple faire des phrases grammaticalement correctes sans savoirexpliquer les règles de grammaires correspondantes. A ce titre, de nombreuses actions sont effectuées, de nombreuses informations traitées sans que cela passe parnotre conscience.

Ainsi, Leibniz admet qu'il y a dans notre pensée des « changements d'âmes dont nous ne nousapercevons pas », ou « des petites sollicitations imperceptibles ». - Avec Nietzsche, le renversement est total.

Descartes pensait le sujet comme principe des pensées.

Nietzscheremarque lui, dans Par delà le bien et le mal , qu'une « pensée vient quand elle veut et non quand je veux.

» L'homme ne maîtrise pas ses pensées et celles-ci sont généralement plutôt subies que sues.

Ainsi, Nietzsche vamême jusqu'à dire que « ça pense », qu'il y a bien quelque chose qui pense mais qu'on ne peut pas savoir si c'est le« je » qui pense.

Il laisse alors la place à une pensée qui ne rencontrera aucun savoir chez l'homme.

Il affirme ainsi« comme toute créature vivante, l'homme pense constamment, mais il l'ignore.

La pensée qui devient consciente nereprésente que la plus infime, la plus superficielle, la plus mauvaise, de tout ce qu'il pense : car il n'y a que cettepensée qui s'exprime en paroles, c'est à dire en signes d'échanges, ce qui révèle l'origine même de la conscience.

» - Freud reprend à son compte ces idées de Nietzsche et forgera un conceptd'inconscient inédit.

L'inconscient chez Freud devient autonome, il est uneinstance au même titre de la conscience mais c'est lui qui devient « tout-puissant ».

Freud remarque ainsi qu'« Il faut voir dans l'inconscient le fond detoute vie psychique.

L'inconscient est pareil à un grand cercle qui enfermeraitle conscient comme un cercle plus petit.

» L'interprétation des rêves ).

Les pensées inconscientes deviennent les plus nombreuses et les plusimportantes.

Freud, pour persuader de la bien fondée de sa théorie, vaessayer de montrer les moments où les pensées inconscientes sont à l'oeuvreet sont observables.

Son livre intitulé Introduction à la psychanalyse débute ainsi par l'étude des actes manqués et lapsus, porteurs d'une penséeinconsciente.

Il analyse le cas d'un individu qui nie nourrir des ressentiments àl'égard de son patron alors qu'il a appelé à le démolir au lieu de dire de boire àsa santé.

L'observation de la situation de l'employé vient à montrer que desdésirs de vengeance ont pu mené à une idée inconsciente de ressentiment.

Connaître en profondeur la pensée - Si nous admettons qu'il y a de la pensée inconsciente, reste à savoir si nouspouvons avoir un véritable savoir, des connaissances organisées sur elle.

Ilsemble là que ce soit le programme même de la psychanalyse.

A la suite de Freud, les psychanalystes font en effet tenter de comprendre comment la pensée inconsciente fonctionne.

Freudétudiera par exemple les processus de condensation, déplacement à l'oeuvre dans les rêves et les refoulements del'inconscient.

Mais cela peut étonner, comment étudier des pensées qui ne sont pas atteignables par la conscience? Cela pose en effet problème et empêche notamment de concevoir la psychanalyse comme une science à partentière.

Auguste Comte et Popper, des scientifiques, ont attaqué la psychanalyse parce que l'inconscient n'étaitpas observable, objectif et que les allégations de la psychanalyse ne pouvaient pas être vérifiées.

Freud prend encompte ses critiques et y répond en se rangeant du côté des sciences historiques.

Il s'agit comme l'historien detrouver des preuves et des témoignages de cette présence de l'inconscient.

Il est nécessaire de trouver lessymptômes.

Freud explique que de nombreux faits ne peuvent être expliqués par le fonctionnement de la conscienceet prennent sens avec l'idée d'inconscient.

Il s'agit alors de prendre appui sur les symptômes qui en découlent, les"manifestations observables", inexplicables par les seuls motifs de la conscience.

C'est pour cela que Freud parle delapsus, d'actes manqués… - La cure psychanalytique, méthode que met en place Freud est en réalité une manière de tester les dires de lapsychanalyse.

L'association libre et le transfert entre analysé et analysant est censé faire venir à jour les penséesinconscientes qui perturbent notre conscience.

En fait, il ne s'agit pas tant de tenter d'expliquer l'inconscient que dedécouvrir ce qui dans notre conscience bloque.

On ne peut en effet tenter de travailler sur les symptômes del'inconscient qu'à partir de la conscience. C'est pourquoi Paul Ricoeur affirme que « le sens profond de la cure n'est pas une explication de la conscience parl'inconscient mais un triomphe de la conscience sur ses propres interdits par le détour d'une autre consciencedéchiffreuse.

» Sartre s'opposera à l'hypothèse de l'inconscient qui selon lui, ruine toute responsabilité humaine.Comment la conscience censurerait-elle quelque chose dont elle n'a pas conscience ? Pour lui, la conscience doit. »

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