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Quel besoin l'homme a-t-il de produire des oeuvres d'art ?

Publié le 10/02/2004

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Une oeuvre d'art ratée ennuie car elle nous ramène à notre réalité, qu'elle n'a pas la puissance de nous emporter dans un autre univers.    4) L'art est besoin : il sauve la réalité de l'insignifiance.     L'industrie, l'apparition de nouveaux matériaux de construction comme le fer, le verre réclameront un embellissement par l'art décoratif et l'architecture. La modernité de l'industrie côtoie souvent la laideur. Pour la première fois de l'histoire de l'humanité, on doit construire une grande quantité de bâtiments qui n'ont pas de précédent comme les gares, les grands magasins, les halls d'expositions universelles, des grandes usines. Aucun code académique ou historique ne régit la construction de ces bâtiments. La croissance de la population au 19e siècle oblige à construire rapidement une grande quantité de maisons, écoles, bâtiments civils sans grand souci esthétique. En réaction, apparaîtra l' Art Nouveau précurseur du design moderne. Le but final étant de rendre acceptable une modernité insignifiante et ennuyeuse. Le tout étant l'appropriation par l'homme d'une réalité qui le dépasse.

On prête souvent à l’art qu’il est gratuit et sans raison, qu’il n’est qu’une distraction pour le plaisir des sens et de l’esprit, mais on s’interroge moins sur les réels besoins que peut avoir l’homme à produire des œuvres d’art. Il faudra examiner si il y a un besoin d’art chez l’homme et pour quelles raisons. L’art serait un médium, un support d’expression pour la subjectivité, pour exprimer des opinions politiques ou sur la société, il permet de supporter la vie, de la rendre plus belle et adéquate à ses désirs. Que serait en effet la vie sans l’art ?

« A.

Introduction La question posée peut frapper par son caractère large et indéterminé.

Elle s'enracine dans un questionnement maldélimité et semble appeler des réponses multiformes et indéfinies.Dès lors, elle ne prendra un sens réel et précis que si nous examinons quel besoin humain spécifique répond etcorrespond à une définition exacte de l'œuvre artistique.

Le problème est d'arriver à délimiter et à décrire un besoin(spirituel) en accord avec une notion juste de l'art.

Dès lors, c'est une sorte de « phénoménologie » (de descriptionprogressive) du besoin qui s'impose à notre étude. B.

Discussion 1.

La sublimation des besoins dans l'art Définissons, en première approximation, le besoin comme l'exigence de quelque chose correspondant à une nécessitévitale, exigence naissant d'un état de tension interne ne pouvant trouver satisfaction que par l'action spécifiqueprocurant l'objet adéquat.

Quant à l'œuvre d'art, elle désigne une actualisation sensible de la beauté par l'effort d'unêtre conscient.

Qu'est-ce que produire une œuvre d'art? C'est créer, exprimer et extérioriser dans le monde desœuvres exprimant un idéal de beauté.

Dès lors, il s'agit de comprendre sous l'effet de quelles exigences internesl'homme peut façonner un ouvrage correspondant à un idéal de beauté.

Quelle insatisfaction meut l'artiste qui sedépasse dans l'objet artistique et le crée? Le problème est, en filigrane, de comprendre le moteur de la facultécréatrice de l'artiste, son aiguillon en quelque sorte.Au niveau le plus élémentaire, le besoin de produire des œuvres d'art pourrait s'alimenter dans l'insatisfaction et lesmanques inhérents au réel.

Quand les désirs ou les besoins ne peuvent être comblés dans la réalité, quand lesdemandes vitales ne sont pas en mesure d'être positivement réalisées dans le monde extérieur, alors il faut bienqu'une issue soit trouvée.

Les lacunes et les refoulements des besoins concrets trouveraient une compensation surle plan de l'imagination.

L'artiste saisirait imaginairement et en songe ce qu'il ne peut expérimenter dans le réel.

Lesexigences qui ne peuvent s'actualiser de facto se vivent dans l'imaginaire.

La création d'images — belles — et laproduction de l'œuvre d'art se donnent alors comme des substituts de besoins et de désirs non satisfaits.

L'artistefaçonne irréellement une œuvre d'art, lieu d'épanouissement et de joie, alors que le réel se dérobe à ses désirs et àses besoins.

Stendhal, en écrivant Le Rouge et le Noir, satisfait imaginairement des exigences qui ne pourraientl'être concrètement.

En Julien Sorel, une certaine image de lui-même s'accomplit et se réalise.

De même, les artistesromantiques, vivant une période historique de limitation et de frein (s'opposant aux gloires du moment napoléonien)trouvent, dans l'imaginaire artistique, une issue aux bornes de leur vie concrète.

Toulouse-Lautrec, infirme, crée unmonde d'images de substitution.

Ainsi, comme l'a écrit Freud « l'artiste est un introverti qui frise la névrose.

Animéd'impulsions et de tendances extrêmement fortes, il voudrait conquérir honneurs, puissance, richesses, gloire etamour des femmes.

Mais les moyens lui manquent de se procurer ces satisfactions.

C'est pourquoi, comme touthomme insatisfait, il se détourne de la réalité et concentre tout son intérêt, et aussi sa libido, sur les désirs crééspar sa vie Imaginative » (Freud, Introduction à la psychanalyse, p.

354, Payot).Notons qu'ici le besoin de créer des œuvres d'art s'enracine dans des mécanismes et des désirs inconscients quiexpliqueraient la production supérieure du Beau.

Encore que tout ne soit pas entièrement faux dans ce schéma, onremarquera qu'il n'explique pas grand chose dans la production de l'œuvre d'art elle-même au sens spécifique duterme, comme extériorisation du Beau dans une forme sensible et concrète.

A voir dans la production de l'œuvred'art le fruit du besoin insatisfait, on laisse tout échapper du Beau en lui-même.

Car, précisément, pourquoi y a-t-il,dans l'œuvre d'art, beauté en tant que telle, et non pas seulement névrose et pathologie, c'est ce que Freud,justement, ne nous dit pas.

Le mystère du Beau subsiste, inexpliqué.Dans la mesure où besoin et homme sont, dans cette première interprétation de la formule, compris au sens le plusréducteur du terme (le besoin n'est pas ici saisi comme le principe même de la transcendance.

L'homme n'est pas ici,le créateur, l'être vraiment libre en face des objets), on peut dire qu'aucune notion vraie de l'art n'est explicitée.

Sile besoin de créer une œuvre d'art ne naît que de la « frustration », alors c'est l'œuvre d'art en son principe et sonessence qui nous échappe totalement. 2.

Le besoin spirituel de créer des œuvres d'art Aussi un autre besoin peut-il être dégagé : le besoin que nous avons envisagé, avec Freud ou les psychologues, semanifestait comme une exigence vitale au sens le moins élevé du terme.

Bien sûr, dans le besoin au senspsychologique du terme, il y a un manque essentiel, par conséquent un noyau psychique très important.

Le besoinanalysé par les psychologues, c'est cette pulsion initiale qui demande à être comblé.

Néanmoins, ici, il s'agitseulement d'une demande psychologique, non point d'un besoin rationnel.. »

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