A quel crime son châtiment ?
Publié le 13/02/2004
Extrait du document
«
I.
Crimes, peines et société juste
Une société dans laquelle les peines ne correspondraient à
aucun crime préalablement défini, ou dans laquelle les crimes,
une fois définis, n'entraîneraient aucune peine choquerait
profondément l'intuition la plus simple que nous pouvons tous
avoir de ce que doivent être la « justice pénale » et une
société juste.
Contre l'arbitraire et l'impunité doit donc
tout à la fois exister le droit et être prise en compte son
application impartiale.
Ainsi, semble-t-il bien impossible de
dissocier les crimes et les châtiments qui sont associés par
la loi.
Mais l'arbitraire et l'impunité ne sont pas les seules
injustices que rejette la liaison des crimes et des
châtiments sous l'égide de la loi : n'est-ce pas la vengeance
qui, la première, est récusée par la loi ?
Traditionnellement, on dit que la vengeance privée a été
progressivement supplantée, au fil des siècles, par la
sanction publique, avec l'introduction d'un « tiers
impartial » incarné par une quelconque figure de « juge »
utilisant, sous une forme ou une autre, une loi commune.
Ce
schéma évolutif est sans doute trop simple, tant il est vrai
que les historiens et les juristes nous apprennent qu'au cours
de l'histoire de multiples combinaisons des deux systèmes ont
vu le jour.
Mais il n'en demeure pas moins qu'une société
fondée sur la seule vengeance privée s'expose à des risques
majeurs, et à des absurdités.
Au premier rang des risques, il y a indéniablement le cycle
apparemment infini des vengeances et des contre-vengeances qui
exposent la société à une violence permanente, alors même que
l'un des buts premiers d'une société humaine, et par
excellence d'une société de forme démocratique, est de
conjurer la violence.
Au rang des absurdités, il faut relever
avec Platon dans le Protagoras (324b) que la vengeance « ne
peut pas faire que ce qui s'est produit ne se soit pas
produit » : bref, un mal est fait, et il serait absurde de le
redoubler par un mal supposé équivalent.
Seul compte l'intérêt
présent et à venir de la Cité, autrement dit celui de la
société politique tout entière, qui doit tout à la fois
« purifier la souillure », retisser le lien social qui vient
d'être localement déchiré, et prévenir autant que possible la
réapparition de l'accroc, aussi grave soit-il.
La « gravité du
crime » est d'ailleurs une expression par elle-même riche de
sens.
On peut en effet y discerner au moins deux
significations distinctes, et propices à une réflexion
philosophique sur la justice pénale.
1.
La première signification que nous attribuons à la
« gravité d'un crime » relève en grande partie, et souvent à
notre insu, de notre culture politique et juridique
Si nous vivons en France, les catégories du droit français, et
parfois du droit international, nous sont souvent obscurément
familières, même si nous pouvons déplorer que tous nos
concitoyens n'aient pas toujours une idée exacte de la
définition d'un crime.
Par exemple, nous disons à juste titre
que garer notre scooter à un emplacement interdit, « ce n'est
pas un crime » : effectivement, pour le droit français, cet
acte illégal n'est qu'une contravention.
000200000C8100000C59 : celle des trois catégories
1.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- SONIA. Personnage de Crime et châtiment de Dostoïevski
- Crime et Châtiment Fiodor Dostoïevski Sixième partie, chapitre VII (...) " Mais pourquoi donc m'aiment-elles tellement, puisque je ne le mérite pas !
- Crime et Châtiment [Fedor Dostoïevski] - Fiche de lecture.
- Crime et Châtiment [Fedor Dostoïevski] - fiche de lecture.
- Dostoïevski, Crime et Châtiment (extrait).