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De quel Orientalisme Salomé est-elle porteuse ?

Publié le 23/10/2011

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Corpus : Hérodias, Flaubert ; Salomé, Wilde + L'Orientalisme, Saïd Hérodias, la nouvelle de Gustave Flaubert est paru en 1877, Salomé la pièce de théâtre d'Oscar Wilde est paru elle, en 1893. Ces deux ½uvres de la fin du XIXème siècle traitent de Salomé, jeune fille qui demande la tête de Saint-Jean-Baptiste au tétrarque Hérode. Cependant, la figure de Salomé est bien postérieure : elle apparaît déjà dans les évangiles. A la fin du XIXème siècle, le mythe de Salomé suscite à nouveau une nouvelle fascination. Baudelaire dira d'ailleurs que Salomé incarne la femme « naturelle, c'est-à-dire abominable «. En effet, elle devient la femme cruelle, la danseuse fatale et fascinante du XIXème siècle qui s'inscrit dans un intérêt naissant pour l'Orient. Alors, dans ses deux ½uvres du XIXème siècle, de quel orientalisme, la figure de Salomé est elle porteuse ? Chez Wilde et chez Flaubert, Salomé représente à la fois un orientalisme nouveau donc attirant, mais également dangereux et qui corrompt l'Occident, enfin elle représente une figure de son siècle dans la littérature et dans l'histoire.

« citadelles ! la moitié de mon royaume ! ».

Salomé est donc le symbole du désir et du fantasme masculin, ceci estrenforcé à la fois par la disparition de la séduction d'Hérodiade mais également par ses nombreuses danses quiponctuent la pièce de Wilde et le roman de Flaubert.Salomé, est donc d'abord la figure d'un orientalisme exotique, envoûtant, attirant.

Elle est le symbole de la beauté,de la virginité, de la sensualité mais également celui du fantasme du tétrarque.

Cependant, Salomé est-elleseulement la représentation d'un Orient fascinant ? Salomé est également dans les ½uvres d'Oscar Wilde, comme de Gustave Flaubert, la figure d'un orientalismedangereux qui corrompt l'Occident.

Elle refuse à la fois l'autorité, la séduction et la religion.Salomé, par deux aspects est une jeune fille qui ne répond pas aux principes de l'autorité.

Alors qu'elle est dans uneposition « inférieure » étant donné qu'elle est la fille de la femme du tétrarque de Judée.

Elle doit plus ou moinsobéissance à sa mère et son « beau-père ».

Cependant, Salomé, chez Wilde possède une autonomie complète sursa mère, elle ne l'écoute pas, ne lui obéit pas, et ne fait même pas attention à ses remarques « HERODIAS –Je ne veux pas qu'elle danse.

SALOME – Je danserai pour vous, tétrarque ».

D'autre part, elle possède mêmeune certaine autorité, à la fois sur le jeune Syrien « LE JEUNE SYRIEN – Princesse, je ne peux pas, je ne peuxpas.

SALOME – Vous ferez cela pour moi, Narraboth, vous savez bien que vous ferez cela pour moi.[…] LE JEUNE SYRIEN – Faites sortir le prophète… La princesse Salomé veut le voir.

» maisaussi, et cela est plus étonnant par sa position, sur le tétrarque : « SALOME – Vous le jurez tétrarque ?HERODE – Je le jure, Salomé.

» Il en est de même chez Flaubert, dans lequel elle exige au tétrarque la tête :« Je veux que tu me donnes dans un plat […] la tête de Iokanaan ! ».

Salomé est donc un personnage, quirefuse l'autorité même exigée, en Occident, par le statut social de la personnage à qui l'on s'adresse.

Elle esttotalement libre de ses actions, et se permet même d'être autoritaire et d'obtenir ce qu'elle désire envers d'autrespersonnes, notamment des hommes.De plus, Salomé exerce sur les hommes un véritable pouvoir de séduction : elle attire le jeune syrien, le tétrarque.Elle est capable sur eux de manipulations extrêmes : elle réussit à parler au prophète Iokanaan en promettantseulement de regarder le Syrien « Et demain, quand je passerai dans ma litière sur le pont des acheteurs d'idoles, jevous regarderai à travers les voiles de mousseline, je vous regarderai, Narraboth, je vous sourirai peut-être.

» etobtient la tête du prophète par le tétrarque avec une danse « Je veux qu'on m'apporte présentement dans unbassin d'argent … la tête d'Iokanaan.

» Cependant, alors qu'elle utilise ses charmes, elle ne s'offre jamais auxhommes.

Elle est donc la figure de tentatrice qui manipule les hommes mais reste gardienne de sa virginité.

Ellereprésente pour l'Occident, le péché tentateur qui corrompt les hommes par sa beauté, pour mettre en exergue sacruauté.Enfin, Salomé est la figure de la damnation.

Chez Wilde, elle est symboliquement et concrètement entourée de sang: elle danse sur la flaque de sang produite par le suicide du jeune syrien.

De plus, le prophète prédit son avenir «Soyez maudite, fille d'une mère incestueuse, soyez maudite.

».

Et l'on voit dans la pièce de Wilde, que cetteprophétie va se réaliser, la dernière réplique est « Tuez cette femme.

» suivie de la didascalie « Les soldatss'élancent et écrasent sous leurs boucliers Salomé, fille d'Hérodias, princesse de Judée.

» De façon plus mythique,Salomé est la figure de la damnation chrétienne.

Le mythe de Salomé existe depuis les évangiles et la Bible fait d'elleune figure de l'Enfer.

Elle est notamment représentée sur la porte de la Cathédrale de Rouen, qui a beaucoup inspiréFlaubert.

Celui-ci reste fidèle à l'histoire des évangiles.

L'avenir de Salomé, dans la nouvelle de Flaubert est donc ladamnation chrétienne.Salomé est donc la figure de la femme orientale libre, autoritaire, cruelle et manipulatrice qui demeure une figure dupéché tentateur et de la damnation chrétienne.

Cependant, ne peut-on pas voir en Salomé, le reflet d'un « courantorientalisant » au XIXème siècle ? Salomé est enfin la représentation d'un orientalisme ancré dans l'histoire du XIXème siècle, à la fois par soninscription littéraire mais également par le phénomène de l'expansion colonial.Salomé de Wilde et Hérodias de Flaubert s'inscrivent dans un courant littéraire qui manifeste son intérêt pourl'Orient.

L'Orient exerce une fascination sur les écrivains qui le voient comme un ailleurs inconnu, la possibilitéd'exercer leur imagination.

Le mystère est entretenu et sert d'inspiration poétique pour les écrivains.

D'ailleurs,Flaubert effectuera un voyage en Egypte où il rencontrera une prostituée qui dansera pour lui, Koutchouk Hanem.

Ladanse de Salomé s'inspire fortement de la danse de la courtisane.

Flaubert utilise ses souvenirs, pour transcrire ladanse de Salomé.

Hugo dit en 1829 : « Au siècle de Louis XIV, on était helléniste, maintenant, on est orientaliste.

»La phrase de Victor Hugo décrit la passion des écrivains pour l'Orient au XIXème siècle qui aboutit sur un certaine «mythologie de l'Orient ».

En effet, l'Orient représente le mystère, le rêve entretenu par une méconnaissance de cemonde.

Saïd parle du « rêve éveillé » de l'Occident à propos de l'Orient.

On retrouve donc un certain décalage entrele véritable monde oriental et l'Orient représenté dans la littérature comme réinventé, fantasmé par des écrivains quireprennent certaines connaissances établies, des aprioris sur l'Orient.

Salomé, en femme idéalisée, se pose doncdans ce phénomène de l'utopie orientale.Enfin, on peut voir en Salomé une figure de l'expansion colonial.

En effet, Saïd, décrira l'orientalisme comme « unstyle de domination, de restructuration et d'autorité sur l'Orient ».

On peut donc voir en Salomé, une figure de lasoumission, elle est en effet, chez Flaubert complètement manipulée par sa mère.

On le voit notamment lorsqu'elleexige la tête de Iokanaan, dont elle oublie le nom, ce qui montre le peu d'importance qu'elle accorde à cettedemande.

Or si l'on ne peut établir véritablement, la manipulation ou la soumission de Salomé par rapport àl'Occident, l'on peut déjà voir qu'elle est en opposition totale avec Hérodias et Hérode-Antipas.

Ainsi, l'on rejoint lepropos de Saïd « Quand on utilise des catégories telles qu'Oriental et Occidental […] cela a pourconséquence de polariser la distinction : l'Oriental devient plus oriental, l'Occidental plus occidental.

» La. »

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