Quel place accorder à l'expérience?
Publié le 16/01/2005
Extrait du document
III - La science sans expérience : Paul Feyerabend
Voilà, grossièrement présentés, les systèmes qui s'opposent : tous reconnaissent
l'importance de l'expérience, mais ne lui accordent pas la même place. Alors que
pour Carnap, il faut « coller » à l'expérience, pour Duhem, les théories la
modèlent en partie, puisque l'expérience n'a de sens que grâce à une théorie qui
permet son interprétation. Toutefois, il est possible d'aller encore plus loin
et de ne plus se contenter de faire varier la place de l'expérience, mais de
mettre en cause sa pertinence ; c'est ce que fait Paul Feyerabend dans son
article « La science sans expérience ».
Avant toute chose, il ne faut pas perdre de vue l'aspect polémique et paradoxal
de la thèse de Feyerabend ; Ce qui au demeurant ne lui ôte rien de sa
pertinence. Cette thèse combat l'idée même d'induction : on ne part pas de cas
particuliers pour inférer une connaissance ou une loi scientifique. Il ne s'agit
pas non, à l'inverse, de soutenir un système hypothético-déductif : on forme une
hypothèse (en dehors de toute expérience) et l'on en déduit des phénomènes
empiriquement vérifiables, c'est-à-dire constatables dans une expérience.
L'idée de Feyerabend reste de montrer que certaines théories peuvent s'appuyer
sur des données abstraites, se voir validées par exemple par un ordinateur, sans
pour autant que l'expérimentateur ait eu à mettre en oeuvre un quelconque
protocole expérimental. En somme, au lieu de se questionner sur l'existence de
la séparation entre observation (expérience) et théorie, il vaudrait mieux se
questionner sur le but d'une telle séparation. Puisque l'expérience n'est pas la
seule source de connaissance ou la seule qui soit fiable, une science sans
expérience est parfaitement concevable.
Conclusion :
Ainsi, l'expérience possède son importance, autant au sein de la connaissance
que dans les sciences.
Liens utiles
- Quelle place accorder à l'expérience ?
- Quel sens et quelle valeur peut-on accorder à l'expérience ?
- « Un voyage, c'est trois voyages, trois étapes de la pensée : c'est d'abord ce qu'on a désiré, pressenti et, malgré soi, avant le départ, appelé; c'est sur place les choses vues. Et puis c'est, après le retour, ce que nous retenons, ce qui est vraiment demeuré en nous d'une telle expérience. » Que pensez-vous de cette définition du voyage donnée par Maurice Barrés ? Lequel de ces trois voyages présente le plus d'attrait ?
- Pensez-vous qu'il faille accorder une place aussi importante aux penseurs et écrivains qu'aux hommes d'action dans la société ?
- Quelle place doit on accorder à autrui dans le progrés ?