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Quel rôle la conscience joue-t-elle dans la perception ?

Publié le 11/02/2004

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conscience
-Husserl : aller plus loin encore que cette forme sensible de la conscience qu'est la perception. Percevoir, c'est aussi percevoir sous la forme "je perçois ici et maintenant". Percevoir, c'est percevoir dans l'espace et le temps, mais aussi en tant que "je", personne singulière et identique à elle-même au cours de ses perceptions (Méditations cartésiennes). Dès lors, non seulement la conscience forme la perception, mais elle l'unifie selon le lieu, l'espace et le sujet percevant. III Un rôle de sélection : Nietzsche et Bergson -Nietzsche : que la conscience forme et unifie la perception, c'est une chose ; mais elle ne constitue le fondement ultime de cette perception. Le rôle de la conscience est lui-même soumis à d'autres facteurs qui produisent eux-mêmes l'unité et la forme que semble fournir la conscience. Ainsi pour Nietzsche, toute perception est expression d'une volonté de puissance singulière ; la conscience n'est qu'une illusion qui vient recouvrir le devenir permanent de l'expression des volontés de puissance (Par-delà bien et mal). Percevoir, c'est donc essentiellement changer, se changer soi-même, ce dont la conscience ne peut rendre compte que très partiellement. -Bergson : cette partialité de la conscience est décrite par Bergson comme nécessaire. Loin d'être la forme fondamentale de la perception, qui relève plutôt pour Bergson de l'immédiateté de l'intuition, la conscience n'est qu'une rigidification spatialisée de cette perception, laquelle se joue à un stade beaucoup plus inconscient de notre psychisme.

La perception semble être une action automatique dans l'existence humaine : nous ne réflechissons pas pour percevoir, la vision des objets se fait par exemple de façon spontanée. Cependant, il nous est possible de prendre cette perception elle-même comme objet de conscience ; et c'est par là-même que peuvent se déterminer une perception correcte ou erronée. C'est donc que la prise de conscience de notre perception joue un rôle décisif quant au statut de celle-ci... Mais de quelle manière ? La conscience est-elle réellement constituante de notre perception ? Où n'est-elle qu'un outil secondaire, peut-être décisif, mais néanmoins extérieur ?

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« Le rôle de la conscience dans la perception. 1 — Des mécanismes complexes et hors des prises directes de la conscience fondent et permettent l'acte perceptif quinous paraît si simple.

Leur dérèglement le plus minime suffit à perturber la perception consciente.

On sait aujourd'hui par exemple que la perception de relief est due, non pas à la parallaxe binoculaire comme on le croyait, mais à la différence des « images »transmises par l'œil directeur et par l'autre œil (il y a en effet un « œil directeur » — et une « oreille directrice » — comme il y a une «main directrice », la main droite pour les droitiers, la main gauche pour les gauchers).

On a, dans le même ordre d'idées, réalisé lebégaiement expérimental en décalant de quelques fractions de secondes l'audition par l'oreille directrice, des paroles que le sujetprononce lui-même (décalage de l'auto-audition).

On a réalisé en laboratoire par la « stimulation stroboscopique » des perceptionsartificielles hallucinatoires organisées, que le sujet prend pour des perceptions « vraies » (cf.

Grau Walter). L'état du « milieu intérieur » de l'organisme, la structure constitutionnelle du caractère, l'état momentané ou congénital du cerveau, etbeaucoup d'autres données, « conditionnent » nos perceptions dans ce qu'elles semblent avoir de plus « personnel ». Mais tout ceci ne peut dispenser le psychologue de constater le rôle non moins important de la conscience et de la personnalité. 2 — La perception n'est pas un phénomène psychophysiologique ; la personnalité tout entière est présente dans laperception. A — Dans l'attention, dont on sait le rôle sélectif au service des « centres d'intérêt » de la personnalité.

Plusieurs personnes visitant une même ville étrangère ou une même installation, en tirent des souvenirs ou des remarques différentes, chaque individu ayant « perçu »en fonction de ses centres d'intérêt personnel. B — Dans « l'expérience ».

Notre savoir, notre savoir-faire, notre mémoire, sont dans nos perceptions.

Les « significations » que les choses ont pour nous viennent de notre expérience. Nous percevons et utilisons les différents objets de notre environnement quotidien, en fonction de nos habitudes et des significationsfamilières qui leur sont inhérentes.

Il suffit de changer les conditions habituelles de la perception pour qu'elle devienne absurde(lunettes « renversant » l'image du monde environnant, apparence d'irréalité des choses qui ne « cadrent » pas avec le sens de ce quiles entoure, bizarrerie d'un visage vu à l'envers), pour que le comportement soit troublé.

Expérience de Wertheimer : si l'on s'arrangepour qu'un sujet ne voie la chambre où il se trouve que par l'intermédiaire d'un miroir qui la reflète en l'inclinant de 45° par rapport à laverticale, le sujet en se déplaçant marche incliné sur le côté et ne peut continuer. A un plus haut degré, cette « expérience » met en jeu le savoir : le cardiologue « perçoit » par exemple le souffle mitral en auscultantun cœur malade, alors que le profane, dans les mêmes conditions, entend un amas confus de bruits divers. Sans quitter le domaine quotidien de l'observation, on constatera combien la profession influe sur la perception du monde.

Un officierde blindés, lors des premières randonnées touristiques après guerre, voyait le paysage sous l'angle du terrain d'attaque des chars ; lesPyrénées sont « perçues » différemment par un artilleur et un guide alpin ; les distances sont perçues différemment par un enfant et unadulte (expérience du retour de l'adulte dans les lieux de son enfance et de sa surprise devant l'exiguïté du jardin ou de la cour qu'ilcroyait immenses). Intervention des patterns culturels.

On appelle « patterns » culturels, les cadres et les « formes », les structures ou les modèles dumilieu culturel et historique.

Le sociologue et psychiatre américain Abram Kardiner a lancé le concept de « personnalité de base » pourmontrer que nos modes de percevoir, comme ceux de sentir et de juger, sont marqués par notre cadre socio-culturel. Action de l'intelligence.

La logique intervient dans la perception.

Nous pouvons ne pas « reconnaître » un ami, si nous le croyonsailleurs.

Nous « jugeons » la distance en appréciant des rapports en fonction de mesures connues (hauteur d'un arbre, d'un poteautélégraphique, longueur d'1 kilomètre, etc.). Intervention de l'affectivité personnelle.

Les « états affectifs » influent sur la perception.

Des thèmes à fort contenu affectif troublent laperception, ainsi les croyances, les sentiments, les passions. D'innombrables expériences classiques ont montré cette « interprétation » de la perception.

En fait il n'y a pas perception +interprétation, mais la perception elle-même, à un certain niveau de conscience, est un tissu de « projections » de l'affectivité. Les choses ont des « significations » pour nous qu'elles n'ont pas pour les autres.

La fillette ne perçoit pas sa poupée comme unefigurine inerte, pas plus que le sorcier ne perçoit ainsi l'image en terre sur laquelle il se livre à des actions magiques.

Le schizophrèneperçoit toutes les choses comme « étranges » ; nous avons vu comment l'émotion ou la passion métamorphosent le monde et sesobjets. C — Inversement la manière dont un sujet « perçoit » est révélatrice de sa personnalité.

L'expérience typique est celle des « taches d'encre » du test de Rorschach.

Dans la mesure où, au niveau de la conscience spontanée, nous percevons des significations, dessituations, au lieu de percevoir des rapports objectifs (ce qui n'est possible qu'au niveau de la réflexion), nous engageons l'ensemble du« moi », de ses intérêts, de ses pulsions, de ses traits de caractère, de ses sentiments et de ses projets, dans notre perception dumonde.

C'est sur ce mécanisme que sont fondés un certain nombre de tests de personnalité dits de « projection ».. »

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