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En quel sens peut-on dire qu'« on expérimente avec sa raison » ?

Publié le 08/03/2004

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La raison joue-t-elle un rôle, et lequel, dans l'expérience scientifique? Élabore-t-on une théorie à l'issue d'expériences multiples, ou bien, au contraire, ne peut-on expérimenter de manière scientifique qu'en possession d'une hypothèse ou d'une théorie de départ ? Ces questions constituent la problématique de ce sujet.  Les connaissances requises pour le traiter sont :  • des connaissances philosophiques (le rationalisme, l'empirisme);  • des connaissances scientifiques (n'hésitez pas à vous appuyer sur tous les exemples que vous pouvez connaître dans l'histoire des sciences, ou dans votre propre expérience d'étudiant ou d'apprenti) ;  • des connaissances sur la méthode utilisée dans les sciences, notamment la fameuse méthode expérimentale définie de manière précise par Claude Bernard au XIXe siècle.

  • I) On expérimente avec sa raison.

a) Les sens sont insuffisants à nous faire connaître le monde. b) La raison ordonne le réel en lois constantes et universelles. c) Une hypothèse est toujours un édifice rationnel.

  • II) On n'expérimente pas avec sa raison.

a) L'empirisme anglais: Locke, Hume. b) La raison s'instruit de l'expérience. c) La raison est illusoire. L'expérience ne ment jamais.

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« Comment pouvons-nous penser les objets en eux-mêmes ? Les données que nous fournissent les sens etl'imagination reproductrice ne sont-elles par erronées ? Pour être objective, la connaissance doit dépasser lamultiplicité des représentations sensibles. C'est la raison qui observeL'homme de science ne se borne pas à regarder ce qui l'entoure, à la manière d'un touriste visitant un paysétranger.

Pour lui, observer signifie détailler.

Face à un phénomène donné, il sépare les éléments qu'il connaîtdéjà de ceux qu'il ignore.

S'il parvient à un tel résultat, c'est uniquement parce qu'il ne se contente pasd'observer avec ses yeux.

Sa raison le guide. « ...

Devant le réel le plus complexe, si nous étions livrés à nous-mêmes c'est du côté du pittoresque, du pouvoir évocateur que nouschercherions la connaissance; le monde serait notre représentation.Par contre si nous étions livrés tout entiers à la société, c'est du côtédu général, de l'utile, du convenu que nous chercherions laconnaissance; le monde serait notre convention.

En fait la véritéscientifique est une prédiction, mieux une prédication.

Nous appelonsles esprits à la convergence en annonçant la nouvelle scientifique, entransmettant du même coup une pensée et une expérience, liant lapensée à l'expérience dans une vérification: le monde scientifique estdonc notre vérification.

Au-dessus du sujet, au delà de l'objetimmédiat la science moderne se fonde sur le projet.

Dans la penséescientifique la méditation de l'objet par le sujet prend toujours laforme du projet.[...] Déjà l'observation a besoin d'un corps de précautions quiconduisent à réfléchir avant de regarder, qui réforment du moins lapremière vision de sorte que ce n'est jamais la première observationqui est la bonne.

L'observation scientifique est toujours uneobservation polémique; elle confirme ou infirme une thèse antérieure.Naturellement dès qu'on passe de l'observation à l'expérimentation, lecaractère polémique de la connaissance devient plus net encore.

Alors il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments...

Or les instrumentsne sont que des théories matérialisées.

Il en sort des phénomènes qui portent de toute part la marquethéorique..

» Gaston BACHELARD (introduction) (Explication et commentaire) « ...

Si nous étions livrés à nous mêmes, c'est du côté du pittoresque, du pouvoir évocateur que nous chercherionsla connaissance; le monde serait notre représentation.» La connaissance immédiate, préscientifique n'est pas uneconnaissance objective.

Elle est au contraire chargée de subjectivité car nous nous projetons inconsciemment surle monde.

« Je vois le monde comme je suis avant de le voir comme il est », disait Paul Éluard, cité par Bachelard.Le monde de la connaissance immédiate coloré et divers, bruyant, pittoresque est « notre représentation ».

Ilsourit de nos joies et grimace de nos angoisses.

Le spectacle de la flamme aux formes bizarre aux couleurséclatantes, à la morsure cruelle ne nous dit pas ceLa science, écrit Gaston Bachelard, « crée de la philosophie ».

Elle représente en effet la pensée vivante,dynamique.

Elle « instruit la raison » car la raison ne s'apparaît à elle même telle qu'elle est et telle qu'elle devient,que dans son activité réelle, actuelle, qui est l'activité scientifique.

Le problème est alors de savoir quellephilosophie de la connaissance la science peut suggérer.

A l'époque où écrit Bachelard les avis divergent.

ÉmileMeyerson pense que la science accrédite avant tout un réalisme : « Les concepts créés par la science tels l'atome,la masse ou l'énergie...

sont...

des choses...

participant au caractère de la chose en soi.

» Pour Brunschvicg, lascience qui substitue à l'épaisseur énigmatique du monde un réseau translucide de relations mathématiques,justifierait plutôt l'idéalisme.

Ne transforme t elle pas la matière en idées, en formules algébriques transparentespour l'esprit? Pour Bergson et ses disciples, comme Édouard Le Roy, la science représente un ensemble deconventions commodes mais artificielles qui permettent plutôt de manipuler le monde que de le comprendre.Merleau Ponty, plus proche de Bergson qu'il ne pense, écrit dans cet esprit que « la science manipule les choses etrenonce à les habiter », C'est là une interprétation nominaliste de la science.

La philosophie de Bachelard n'est pasune réflexion à posteriori sur la science déjà faite.

Elle veut tirer des enseignements du travail lui même, de lascience en train de se faire.

C'est pourquoi elle apparaît plus complexe et plus nuancée.

Elle ne saurait êtreunilatérale et retient quelque chose tout à la fois du réalisme, de l'idéalisme, du nominalisme.qu'est vraiment une combustion.

Il ne nous parle que de nous-mêmes, sollicite nos rêveries, réveille et nourrit nosdésirs inconscients.

Il tourne le dos à la connaissance objective.

L'édification de la science exigera que nous «psychanalysions » cette connaissance immédiate qui n'est que notre représentation.

Pour parvenir au savoirscientifique il sera indispensable d'éliminer de la connaissance les projections psychologiques spontanées etinconscientes, d'opérer une psychanalyse de la connaissance.

Devant le monde des choses nous devons « arrêtertoutes les expansions, nous devons brimer notre personne ».

Le monde qui est notre représentation c'est le monde. »

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