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Quelle est la nature du pouvoir de la technique ?

Publié le 07/03/2011

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Les animaux utilisent des procédés pour leur cadre de vie, mais ils ne les ont pas pensés avant de les appliquer. Ces procédés sont involutifs et semblent inscrits dans leur identité propre et liés à leur instinct. La technique humaine apparaît quant à elle maîtrisée et évolutive. Elle est le fruit de l'acquis et pas simplement de l'inné. Mais si l'on peut d'une certaine manière la considérer naturelle, c'est parce qu'elle semble la conséquence de la nature fondamentale de l'homme qui est de s'adapter à son environnement dans une démarche créative et toujours nouvelle, prenant appui sur la transmission d'un savoir-faire et donc sur la mémoire consciente.

... Si la technique peut s'avérer destructrice, c'est avant tout lié à l'utilisation que l'homme en fait. Mais le danger principal de la technique est de voir l'homme devenir son esclave et d'être incapable de se penser indépendamment d'elle. En effet, depuis sa conception jusqu'à sa mort, l'homme est encadré de procédés techniques qui semblent le définir. Chacune de ses actions est liée à un objet technique (ou technologique) qui l'aide dans ses tâches. Mais peut-il penser son rapport au monde ou se penser lui-même hors d'elle ? N'en vient-on pas à considérer que les paramètres techniques remplacent la véritable appréciation de la valeur humaine et des actes humains ?

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« bonheur humain a entraîné par la démesure de son succès, qui s'étend maintenant également à la nature de l'homme lui-même, le plus grand défi pour l'être humain que son faire ait jamais entraîné.

Tout en lui est inédit, sans comparaison possible avec ce qui précède [ …] Nulle éthique traditionnelle ne nous instruit donc sur les normes du "bien" et du "mal" auxquelles doivent être soumises les modalités entièrement nouvelles du pouvoir et de ses créations possibles.

La terre nouvelle de la pratique collective, dans laquelle nous sommes entrés avec la technologie de pointe, est encore une terre vierge de la théorie éthique. Dans ce vide (qui est en même temps le vide de l'actuel relativisme des valeurs) s'établit la recherche présentée ici.

Qu'est-ce qui peut servir de boussole ? » Pour Jonas, la technique moderne pose des problèmes nouveaux en termes d'éthiques : parce qu'elle est collective (elle engage tout le monde) et concerne tout le monde, la technique moderne ne peut être jugée d'après la morale classique.

Il faut donc que nous nous donnions de nouveaux impératifs éthiques, adaptés à cette situation nouvelle.

A la formule Kantienne de l'impératif catégorique, qui concerne essentiellement l'action individuelle à portée limitée, nous devons donc ajouter de nouveaux impératifs comme : « Agis de telle sorte que ton action n'empêche pas la possibilité future d'une vie authentiquement humaine sur Terre ! » Une technique sans limites pourrait donc être dangereuse et devenir une malédiction pour l'homme. Nous avons vu dans la première partie que la technique nous donnait un pouvoir, c'est à dire ici une capacité d'action, sur la nature.

L'accroissement de ce pouvoir doit nous amener à poser des limites éthiques (morales), comme l'a montré par exemple Hans Jonas. Toutefois, la technique ne nous donne-t-elle pas également un pouvoir sur les hommes ? Ce pouvoir sur les hommes n'est plus seulement conçu comme une capacité, mais plutôt en un sens politique, comme un droit, une autorisation à commander. C'est ce que nous montre plusieurs exemples : d'une part, la technique donne une force supplémentaire dans le cadre d'un pouvoir reposant sur la force physique (pouvoir militaire). D'autre part la technique, plus indirectement, permet dans les états totalitaires d'assurer une surveillance accrue des individus : s'il est possible de mettre des caméras à tous les coins les de rue, on peut beaucoup mieux contrôler les faits et gestes des gens. Au delà de ces deux cas extrêmes, on peut relever d'autres situations dans lesquelles le lien entre technique et pouvoir semble plus « respectable » : c'est le cas par exemple de la technocratie, qui est le régime politique dans lequel ceux qui possèdent des compétences techniques des savoirs ou des savoir-faires, possèdent en même temps le pouvoir (ex : la commission européenne de Bruxelles).

Dans le même ordre d'idée, Karl Marx avait déjà remarqué que l'on peut établir un parallèle entre le pouvoir économique et le pouvoir politique : ceux qui possèdent les moyens techniques de production constituent une classe dominante dans la société, et cette domination se traduit à un niveau politique.

Par exemple les bourgeois au XIXe siècle possèdent en même temps les usines et le pouvoir.

En outre, les seigneurs du Moyen-Age possèdent les terres et jouissent d'une suprématie politique. Cependant, on peut se demander dans quelles mesure ces formes de pouvoir, qui reposent sur une capacité technique, sont « légitimes » : le fait de posséder une capacité nous donne-t-elle le droit de gouverner ? On semble en fait revenir ici à un système qui n'est que celui de « la loi du plus fort », en remplaçant la force par une. »

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