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Quelle objectivité pour l'interprétation ?

Publié le 02/02/2004

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Quelle que soit la critique qu'on adresse à la psychanalyse, ne peut-elle pas être interprétée par le médecin en termes de résistance ? C'est précisément parce qu'elle n'exclut aucun fait de son domaine, même ceux qui pourraient la contredire, que Popper relègue la psychanalyse au rang de fausse science, aux côtés de la cartomancie ou encore de l'astrologie.Il est donc possible de décider de la vérité ou de la fausseté d'une théorie ou d'un énoncé, et ce de manière concluante. Dire qu' « un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience », cela signifie bien que, paradoxalement, « c'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère de démarcation ». Est vrai ce qui peut être falsifié. On accordera à Popper que dans le domaine des sciences physiques ou plus généralement des sciences de la nature, démontrer une théorie, c'est tenter de la falsifier, autrement dit, élaborer les conditions de la découverte des faits capables de l'infirmer. L'histoire de ces sciences nous montre qu'aucune théorie, même parfaitement établie dans la communauté scientifique, n'est jamais définitive. Les progrès se font par erreurs, par conjectures et réfutations. On ne peut jamais souscrire à une théorie que provisoirement, c'est-à-dire tant qu'elle survit aux tests destinés à l'invalider. On constate aussi qu'une nouvelle théorie n'annule pas toujours complètement l'ancienne.

« finalement pas à « réintégrer la culture dans la nature » (Lévi-Strauss), donc à substituer l'explication àl'interprétation ? La réponse de Dilthey Expliquer n'est pas comprendre " Nous expliquons la nature, nous comprenons la vie psychique.

" Wilhelm Dilthey, Le Monde de l'esprit (1894), I. La démarche propre aux sciences humaines repose sur la compréhension, non sur l'explication. «Dans les sciences de l'esprit [...] l'ensemble de la vie psychique constitue partout une donnée primitive etfondamentale.

Nous expliquons la nature, nous comprenons la vie psychique.» Dilthey, Idées concernant unepsychologie descriptive et analytique (1894). • Dilthey, avec la distinction entre «expliquer» et «comprendre», essaie de penser une distinction entre: lessciences de la nature (qui tâchent d'écarter le flou interprétatif), et les sciences de l'esprit (qui admettent leurcaractère interprétatif propre, sans perdre pour autant leur statut de science).

Contrairement aux ambitions du xviiesiècle, les sciences de l'esprit (qu'on appellera plus tard les «sciences humaines») doivent s'affranchir du modèlegéométrique pour constituer leur scientificité propre. Problématique Doit-on opposer les méthodes des sciences de la nature et celles des sciences humaines ? Faut-il opposerl'explication des phénomènes naturels (par leurs causes et leurs lois générales) à la compréhension et àl'interprétation des phénomènes humains (par leur sens particulier) ? Cette opposition ne fait-elle pas que reconduirele vieux dualisme métaphysique de l'âme et du corps ? Explication Sciences de la nature contre sciences de l'homme Les sciences de la nature (physique, chimie...) parviennent à expliquer les phénomènes naturels en dégageantexpérimentalement leurs causes, sous la forme de lois générales (corrélations constantes entre des phénomènes).Pourquoi Dilthey refuse-t-il d'étendre ce modèle explicatif aux sciences de l'homme (qu'il appelle les « sciences del'esprit » : histoire, psychologie, sociologie) ? L'homme est libre et diffère de la nature D'une part, parce que l'homme est, selon lui, un être libre qui, par sa volonté, produit son propre monde spirituel et échappe radicalement aux déterminismes ou aux lois de la nature. L'homme habite un univers de sens D'autre part, parce que le monde humain (actes, oeuvres, institutions) est chargé de significations toujours particulières (intentions, buts, valeurs propres à une culture).

Les phénomènes humains ne peuvent donc seconnaître du dehors, et requièrent une méthode spécifique : la compréhension, l'interprétation de leurs sens. Comprendre le sens d'un phénomène humain (collectif ou individuel), c'est savoir l'interpréter (savoir ce qu'il veut dire, comprendre l'univers de sens où il s'inscrit). Exemples L'historien, par exemple, doit chercher à saisir par empathie, de l'intérieur, l'expérience vécue par les hommes del'époque étudiée (comprendre leurs croyances, leur sensibilité...).

Connaître l'homme, c'est alors « se transposerdans la vie psychique d'autrui », en interprétant et en comprenant les signes qui la manifestent.

Pour savoir pourquoi Socrate n'a pas fui sa prison, il ne suffit pas d'une explication causale (ses os, ses muscles, etc.), il fautsurtout comprendre ses raisons : les valeurs et les intentions qui orientent son choix, le sens qui motive sa conduite7. Débat et enjeu Une seule méthode pour les sciences ? La dualité entre expliquer (par les causes) et comprendre (par le sens) ne compromet cependant pasnécessairement l'unité des sciences de la nature et des sciences de l'homme.

On peut en effet penser, avec Karl. »

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