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Quelle place peut-on accorder à la volonté de puissance de l'individu ou du groupe ?

Publié le 22/06/2004

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La vie est une lutte. L'observation est bien ancienne, mais elle fut complètement renouvelée par Darwin pour qui la lutte pour la vie joue un rôle si important dans révolution des espèces vivantes tout aussi bien que dans l'existence de l'homme. C'est donc, semble-t-il, en vertu d'une loi fondamentale de la nature que individus et groupements concourent et au besoin combattent pour la possession des moyens de vivre et de l'espace vital. De ces concours et de ces combats, ce sont les meilleurs qui sortent victorieux et ainsi, d'époque en époque, l'humanité s'élève sur les cadavres des vaincus, vers le type idéal de l'homme, vers le « surhumain «; les États, par la disparition ou l'asservissement des plus faibles, grandissent et étendent leur domination. Ne condamnons donc pas, comme l'a fait le christianisme, cette « volonté de puissance « et les massacres  qu'elle entraîne : les luttes, les souffrances et la mort de la grande masse des hommes sont la condition de l'avènement du surhumain. Au contraire, que chacun, États comme individus, s'abandonne sans réserve à sa « volonté de puissance «, à son désir de dominer : l'événement se chargera de déterminer ceux en qui réside une volonté forte, ceux qui se trouvent sur la ligne d'évolution qui conduit au surhumain. Telle est la conception morale de Nietzsche. Elle devait être exposée dans un ouvrage intitulé La volonté de puissance, que son auteur considérait comme son « ouvrage principal «, mais qu'il ne put mener à bonne fin et dont il ne nous a laissé que l'ébauche. Que faut-il penser de cette conception, et quelle place peut-on légitimement accorder à la volonté de puissance de l'individu ou du groupe ?

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« dans la conscience collective : cette volonté est le ressort capital de l'action.

Mais comment éviter que la volontéde puissance tourne au détriment aussi bien de ceux en qui elle se trouve que de ceux contre qui elle s'exerce ?Quelle place lui faire pour que son exercice reste légitime ? * * * Ce qui nous heurte dans la théorie, nietzschéenne de la volonté de puissance, c'est qu'elle implique la totaleindifférence à ce qui n'est pas soi, le plus profond mépris des forts pour les faibles.Mais on peut, semble-t-il, laisser à la volonté de puissance un objet sur lequel s'exercer, tout en réservant le droitdes faibles, et en évitant les luttes meurtrières entre individus et groupements également avides de grandir et des'étendre.Autrefois, il y avait, pour les États comme pour les individus, tout un no man 's land dans lequel pouvait se satisfairele besoin d'expansion de ceux en qui bouillonnait une vie plus ardente. Actuellement, il ne reste plus sur notre planète grand chose à s'approprier et à coloniser.

Cependant, pour lesamateurs d'aventures périlleuses et d'entreprises difficiles, il est encore nombre de forces naturelles auxquellesl'humanité se heurte.

Explorer les sommets de l'Himalaya ou le pôle nord, réaliser un nouveau record de vitesse :voilà quelques exemples des possibilités qui s'offrent à ceux qui se sentent une énergie physique sans rapport avecce qu'un vulgaire métier leur demande.

Pour un industriel, la volonté de puissance trouvera sa satisfaction àrenouveler, au péril de sa fortune, le mode de production; pour un savant, à chercher patiemment durant desannées, avec la crainte de perdre son temps et parfois en risquant jusqu'à sa vie...

Les États peuvent aussi selancer dans des entreprises collectives dont la difficulté même excite l'intérêt de tous : explorations scientifiques,audacieuses réformes intérieures...Nous touchons ainsi à un vaste champ ouvert à la volonté de puissance des individus comme des groupes : soi-même.

Celui qui suit aveuglément l'impulsion vitale qui le pousse peut posséder les autres : il ne se possède pas lui-même.

Vaincre les autres est bien un signe de force, mais, nous le savons, La plus belle victoire est de vaincre son cœur. Nietzsche lui-même fait l'apologie de l'ascète que les moralistes du plaisir ne sauraient comprendre.

Par le supportvolontaire de la douleur, par la surveillance sur tous ses mouvements, parvenir à une totale maîtrise de soi, quelbeau projet de conquête ! Un projet de ce genre se propose aussi aux États; au lieu de chercher à grandir auxdépens du voisin, exploiter toutes les ressources matérielles et humaines, améliorer l'organisation sociale et instaurerla maîtrise de la raison dans la vie collective comme dans la vie individuelle : n'y a-t-il pas là de quoi tenter les plusambitieux ? * * * La vie de l'homme est un combat : les moralistes chrétiens l'ont répété.

Mais elle est d'abord, pour qui a de l'idéal,un combat avec soi-même.

Mettre dans sa vie plus, d'ordre, puis, par la pacifique influence de l'exemple et del'action ordinaire, collaborer à mettre plus d'ordre dans la vie des autres et dans la vie collective : voilà un champconsidérable pour la volonté de puissance, mise ainsi au service de droit.. »

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