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De quelle vérité l'opinion est-elle capable ?

Publié le 23/03/2004

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■ Même quand elle tombe juste, « l'opinion pense mal« (Bachelard), car elle ne peut se fonder rationnellement.

■ La philosophie, comme quête de la vérité, est ainsi en lutte contre les opinions. L'opinion se définit comme une croyance, un préjugé, un savoir mal assuré.Au contraire, la vérité est un savoir qui peut rendre raison de lui-même. On pourrait distinguer deux types de vérités : la vérité logique ou formelle qui caractérise la validité du raisonnement ou d'une démonstration et la vérité matérielle qui est l'adéquation de la chose et de l'esprit.L'expression "être capable" est ici synonyme de "avoir les moyens de, avoir le pouvoir de".

Il s'agit d'analyser les rapports de l'opinion et de la vérité : un savoir non fondé est-il susceptible de coïncider avec la vérité ?Au premier abord, il semble plutôt que vérité et opinion s'opposent : tandis que la vérité se définit par la certitude ou par le fait qu'elle rend raison d'elle-même, l'opinion est une adhésion immédiate et non fondée qui ne dépasse pas le niveau de la croyance.Cependant, on observe que l'opinion ne s'identifie pas à la fausseté. Certaines opinions ont une valeur pour l'action ou peuvent coïncider avec le vrai.

L'opinion est la mal-aimée de la tradition philosophique, en bonne partie en raison du discrédit que Platon a jeté sur elle et malgré sa réhabilitation partielle par Aristote. Le sujet invite à nuancer cette mauvaise réputation:l'opinion n'est-elle pas capable d'une certaine vérité ? Nous avons là une première esquisse de problématique qui devra être complétée par l'analyse des termes du sujet

« Introduction & Problématique: L'opinion, ce jugement intermédiaire entre l'être et le néant, la connaissance et l'ignorance, mais aussi l'énoncédominant dans une société (opinion publique) se trompe-t-elle toujours ? L'opinion est-elle toujours dans l'erreur oun'existe-t-il pas, selon les termes de Platon, une "opinion droite" ? Ne peut-elle pas alors se situer dans lecheminement dialectique vers le vrai ? N'est-elle pas une étape intermédiaire et nécessaire pour atteindre l'absolu ?Y a-t-il de "bonnes" opinions, accompagnées d'une once de raison ? A côté du certain, n'y a-t-il pas duvraisemblable et du probable ? A.

L'opinion, comprise comme conjecture non fondée en raison semble avoir tort. « Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'opinion », a écrit Valéry.

On ne saurait mieux dire : à sonpremier niveau, l'opinion n'a guère de chances d'avoir raison car elle désigne une manière de juger inférieure, paropposition à la science, quelque chose d'intermédiaire entre la connaissance et l'ignorance, un jugement fondé engrande partie sur la crédulité ou le mensonge, comme le dit Valéry.

L'opinion ou le fruit d'automatismes humains.L'opinion, qu'elle soit d'origine culturelle ou sociale, est ici erronée.

Admise sans critique, sans examen rationnel, elleexprime le penchant à la passivité et, par conséquent, elle a nécessairement tort.

Y a-t-il de bons avis nonrationnels, n'étant pas nécessairement dans l'erreur ? Fort peu.

Dans le champ du social, comme dans celui de laméthode ou de la science, l'opinion conçue comme conjecture doit généralement être balayé.

Il exprime un certainétat de mon corps ou de mon milieu culturel.

Que désigne l'opinion ? Un jugement recueilli par expérience, à partird'un minimum d'élaboration personnelle, en bref un simple avis résultant de l'expérience ou d'une tradition.

Donccette forme de connaissance purement empirique semble avoir tort. Transition. Toutefois, si l'opinion désigne un état intermédiaire, ne peut-elle mériter aussi, sous un angle, le nom deconnaissance ? A-t-elle toujours nécessairement tort ? Doit-on penser qu'il faille détruire l'opinion ignorant toutepensée véritable ? B.

L'opinion, faculté située entre deux extrêmes, n'est pas totalement inadéquate. Liée à la connaissance empirique, à la puissance du sensible, des sens et de la tradition, l'opinion est-elle, dans tousles cas et toujours, de manière nécessaire, rigoureusement condamnable ? Certes, elle peut aboutir à l'absencetotale de critique et s'accompagner de l'ignorance de soi-même mais, sous un autre angle, elle exprime le premierniveau de la vérité et au moins un cheminement initial dans la dialectique et la formation du vrai.Ainsi, dans l'Antiquité grecque, Platon, opposant opinion et science, établit le statut de l'opinion, statut qui marqueencore notre pensée et qui ne conduit pas à une condamnation radicale de l'opinion.

Toute la philosophie seconfond, en un sens, avec l'itinéraire de la dialectique : avec une montée progressive vers le vrai.

La pensée s'élèveainsi de l'opinion (la doxa), énoncé non justifié par un raisonnement rigoureux, mélange de vérité et d'erreur, sorted'intermédiaire entre le néant total et ce qui est, jusqu'à un savoir d'ordre intelligible et justifié en raison.

C'est cequ'exprime le célèbre Mythe de la caverne : notre monde sensible n'est qu'apparence, par rapport aux vraiesréalités.

L opinion désigne une connaissance inférieure, portant sur les objets du monde sensible.Or la doxa a-t-elle nécessairement tort ? Nullement.

Notre monde empirique et les jugements qui s'y rapportentacquièrent un sens à travers le mouvement de transcendance vers les essences, ces réalités idéales qui sauvent les phénomènes.

L'opinion n'est pas un néant, puisqu'elle exprime le premier niveau du vrai, la première prise deconscience du réel.

L''opinion saisit, encore très mal, le vrai et elle incarne le premier niveau du savoir.

Dans lamesure où le sensible est lui-même sauvé par l'Idée, qui lui donne sens, on peut dire que l'opinion n'a pasnécessairement tort puisqu'elle est passage vers le vrai, vers les essences mathématiques, vers les Idées et le Bien. Transition L'opinion, finalisée par l'Essence, son but ultime, mérite peut-être aussi le nom de connaissance.

Mais, dès lors, nepeut-on la fonder philosophiquement de manière encore plus rigoureuse ? C.

Les mille facettes de la vérité : le vrai, le vraisemblable, le probable. Si l'opinion est une croyance qui a conscience d'être insuffisante tant subjectivement qu'objectivement mais quitoutefois n'a pas nécessairement tort puisqu'elle incarne le premier chemin du vrai, ne faut-il pas la saisir dans sonmouvement fondateur ? Nous dirons que l'opinion se fonde dans le vraisemblable.

Le vraisemblable et l'utile, tels sont. »

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