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À quelles conditions un État peut-il être légitime ?

Publié le 20/03/2004

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Quelle est la fonction de l'Etat ? Il permet d'échapper à l'instabilité et aux luttes. Facteur d'ordre, de régulation et de stabilité dans la dynamique sociale et politique, l'Etat qu'il soit légitime ou non semble être facteur d'ordre. Pourtant comment comprendre le fait que l'on reconnaisse pour légitime certains Etats et non d'autres. Qu'est-ce que la légitimité ? C'est ce qui s'impose de lui-même par la seule nécessité de son fondement. Ainsi un Etat ne semble légitime que dans la mesure où il est alors fondé sur le droit, ou sur une règle juste. Il faut donc l'accord des citoyens, leur consentement à l'obéissance pour que l'Etat soit légitime. Pourtant, si cette explication tient compte des théories du contrat, il est nécessaire au regard de l'histoire que voir que tout Etat repose sur un fond de violence et non du droit. Dès lors, n'est-ce pas dire que la légitimité d'un Etat ne repose non plus essentiellement sur une règle de droit a priori ? Il s'agit alors de comprendre les différentes forment de légitimité au regard du fondement de l'Etat.

« endroits du monde les hommes établissaient sur le sable les fondements de leurs maisons, on ne pourrait inférer delà qu'il doit en être ainsi.

L'art d ‘établir et de maintenir les républiques repose, comme l'arithmétique et la géométrie,sur des règles déterminées, et non comme le jeu de paume, sur la seule pratique. » L'expérience cruciale de la guerre civile, la montée de l'individualisme, la rupture des anciennes solidarités sociales, invitent Hobbes à penser qu'en dehors d'un pouvoir commun fort, les hommes vivent en rivalité, défiants les uns vis-à-vis des autres, dans un état de suspicion, sinon de guerre. Cherchant les fondements d'une autorité légitime, et les causes de la vie sociale, Hobbes reconstitue ce que l'on nomme l'état de nature.

L'état de nature est un état fictif, correspondant à ce que vivraient les hommes sichacun jouissait de sa liberté naturelle.

Hobbes en effet accepte l'idée que les hommes sont naturellement libres, c'est-à-dire pourvus d'une volonté autonome dont ils ont le droit d'user.

La question est alors de savoir pourquoi,étant donné qu'ils sont libres, les hommes acceptent un pouvoir commun.

Si j'ai le droit naturel de décider pour moi-même de mes actions, pourquoi est-ce que j'accepte de me soumettre à la loi ? Pour quel motif est-ce que je donneaux lois une partie au moins de ce droit naturel que j'ai de décider de mes actes ? Rechercher ces motifs demande de reconstruire par la pensée l'état de nature, pour comprendre ce que seraient les hommes sans un pouvoir commun, et examiner pourquoi et comment ils en sortent. Hobbes considère que les hommes sont égaux.

C'est-à-dire que les différences de force ou de ruse ne sont pas si grandes que l'un d'entre nous puisse s'approprier une chose et en exclure les autres : « La nature a fait les hommes si égaux quant aux facultés du corps et de l'esprit, que, bien qu'on puisse parfois trouver un homme manifestement plus fortcorporellement, ou d'un esprit plus prompt qu'un autre, néanmoins, la différence d'unhomme avec un autre n'est pas si importante que quelqu'un puisse de ce fait réclamer pourlui-même un avantage auquel un autre ne puisse pas prétendre aussi bien que lui [...]. De cette égalité des aptitudes découle une égalité dans l'espoir d'atteindre nos fins.C'est pourquoi, si deux hommes désirent la même chose alors qu'il ne leur est pas possibled'en jouir tous les deux, ils deviennent ennemis ; et dans leur poursuite de cette fin (quiest, principalement, leur propre conservation, mais parfois seulement leur plaisir), chacuns'efforce de détruire et dominer l'autre.

Et de là vient que là où l'agresseur n'a rien de plusà craindre que la puissance individuelle d'un autre homme, on peut s'attendre avecvraisemblance, si quelqu'un plante, sème, bâtit, ou occupe un emplacement commode, à ceque d'autres arrivent tout équipés, ayant uni leurs forces, pour le déposséder et lui enlevernon seulement le fruit de son travail, mais aussi la vie ou la liberté.

Et l'agresseur à sontour court le même risque à l'égard d'un nouvel agresseur.

» Hobbes . Hobbes emploie pour le montrer un argument très étrange ; tout homme a toujours assez de force pour en tuer un autre.

Les hommes sont donc égaux en aptitude et en droit : chacun a un droit égal sur toute chose : « De cette égalité des aptitudes découle une égalité dans l'espoir d'atteindre nos fins.

C'est pourquoi, si deux hommes désirentla même chose alors qu'il ne leur est pas possible d'en jouir tous les deux, ils deviennent ennemis ; et dans leurpoursuite de cette fin (qui est, principalement, leur propre conservation, mais parfois seulement leur plaisir), chacuns'efforce de détruire et dominer l'autre. » Le simple désir de se maintenir en vie, mais aussi parfois l'agrément, nous rend naturellement ennemis, rivaux,défiants.

Je ne suis jamais assuré, dans l'état de nature, qu'un autre ne cherchera pas à s'emparer des biensnécessaires à ma vie, du terrain que j'ai cultivé, etc.

Les hommes sont donc méfiants et cette rivalité naît larecherche de la domination, l'offensive : la meilleure défense, c'est l'attaque.

Il faut se mettre à l'abri en dominantles autres.

La recherche du profit, de la sécurité, voire de la réputation nous font prendre les armes. Or, en l'absence d'un pouvoir commun, l'égalité des hommes fait que ce combat ne peut connaître ni vainqueur, nivaincu définitif, qu'à chaque moment chacun craint pour sa vie, que l'état de nature est un état misérabled'insécurité et de peur de la mort violente. Cet état catastrophique, où nulle activité agricole, industrielle ou sociale n'est possible, où chacun craintconstamment pour sa vie, correspond à l'expérience de la guerre civile.

A ceux qui refusent d'admettre que« L'homme est un loup pour l'homme », Hobbes répond et par l'exemple de la guerre civile, et par celui des rapports entre Etats ; et surtout par celui de notre propre attitude, peu confiante, quand nous quittons notre domicile oupartons en voyage. Il s'ensuit que le premier souci des hommes, vivant en société, est d'éviter la violence.

Le ressort de l'Etat, lefondement du pouvoir, est l'angoisse sécuritaire. Or, comme l'état de guerre provient de deux causes, l'égalité des hommes et la divergence de leurs appétits, lasolution réside dans la création d'un pouvoir fort, capable d'inspirer l'effroi, et qui unifie les volontés.

Une république. »

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