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A quelles conditions l'idée de progrès est-elle acceptable ?

Publié le 14/03/2004

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Si la loi conserve sa validité, l'application qu'en faitMarx à l'échelle macrohistorique ne tient pas compte des tendances et des capacités que possède le capitalisme A ri provisoirement ses crises. Marx avait pourtant fait état de celles-ci, comme à propos de la baisse tendancielle du taux de prolo, en insistant sur le fait qu'il ne s'agissait que d'une tendance puisque existaient des solutions limitées et provisoires à cette baisse du taux de profit. Mais surtout, Marx n'a pas envisagé toutes les ressources que pouvait retirer le capitalisme pour sa survie des processus de production de plus-values relatives, c'est-à-dire de réduction des prix des marchandises conduisant à une élévation des niveaux de vie des salariés et au ouatage des contradictions sociales. 2. Le mythe du progrès * Mais ces diverses interprétations de l'histoire et d'un progrès de l'humanité semblent nous plonger de nouveau dans un mythe, dans une « religion » du progrès, c'est-à-dire que l'homme redevient le jouet d'un irrationnel. Au XIXe siècle, l'idée d'un progrès de l'humanité, qui monte comme une route en lacets, devient l'objet d'un culte. Cournot, lucide, nous en montre les dangers : « Aucune idée, parmi celles qui se réfèrent à l'ordre des faits naturels, ne tient de plus près à la famille des idées religieuses que l'idée de progrès, et n'est plus propre à devenir le principe d'une foi religieuse pour ceux qui n'en ont plus d'autre. Elle a, comme la foi religieuse, la vertu de relever les âmes et les caractères. L'idée du progrès indéfini, c'est l'idée d'une perfection suprême, d'une loi qui domine toutes les lois particulières, d'un but éminent auquel tous les êtres doivent concourir dans leur existence passagère. C'est donc au fond l'idée du divin ; et il ne faut point être surpris si, chaque fois qu'elles sont spécieusement invoquées en faveur d'une cause, les esprits les plus élevés, les âmes les plus généreuses se sentent entraînées de ce côté.

« raison de la concurrence et du développement des forces productives, le capital se concentre tandis que larésistance et les luttes de la classe ouvrière se renforcent.

« Le monopole du capital devient une entrave pourle mode de production qui a grandi et prospéré avec lui et sous ses auspices.

La socialisation du travail et lacentralisation de ses ressorts matériels arrivent à un point où elles ne peuvent plus tenir dans leur enveloppecapitaliste.

Cette enveloppe se brise en éclats.

L'heure de la propriété capitaliste a sonné.

Les expropriateurssont à leur tour expropriés.

L'appropriation capitaliste, conforme au mode de production capitaliste, constituela première négation de cette propriété, privée qui n'est que le corollaire du travail indépendant et individuel.Mais la production capitaliste engendre elle-même sa propre négation avec la fatalité qui préside auxmétamorphoses de la nature.

C'est la négation de la négation » [Le Capital, 1.

I, t.

3, p.

205].La démonstration par la négation de la négation de la nécessité historique de la fin du capitalisme (d'ailleursannoncée dans le même texte comme plus rapide que sa genèse, en raison du caractère collectif de laproduction) peut laisser perplexe en cette fin de siècle.

Si la loi conserve sa validité, l'application qu'en faitMarx à l'échelle macrohistorique ne tient pas compte des tendances et des capacités que possède lecapitalisme A ri provisoirement ses crises.

Marx avait pourtant fait état de celles-ci, comme à propos de labaisse tendancielle du taux de prolo, en insistant sur le fait qu'il ne s'agissait que d'une tendance puisqueexistaient des solutions limitées et provisoires à cette baisse du taux de profit.

Mais surtout, Marx n'a pasenvisagé toutes les ressources que pouvait retirer le capitalisme pour sa survie des processus de production deplus-values relatives, c'est-à-dire de réduction des prix des marchandises conduisant à une élévation desniveaux de vie des salariés et au ouatage des contradictions sociales. 2.

Le mythe du progrès • Mais ces diverses interprétations de l'histoire et d'un progrès de l'humanité semblent nous plonger de nouveaudans un mythe, dans une « religion » du progrès, c'est-à-dire que l'homme redevient le jouet d'un irrationnel.

AuXIXe siècle, l'idée d'un progrès de l'humanité, qui monte comme une route en lacets, devient l'objet d'un culte.Cournot, lucide, nous en montre les dangers : « Aucune idée, parmi celles qui se réfèrent à l'ordre des faits naturels,ne tient de plus près à la famille des idées religieuses que l'idée de progrès, et n'est plus propre à devenir le principed'une foi religieuse pour ceux qui n'en ont plus d'autre.

Elle a, comme la foi religieuse, la vertu de relever les âmes etles caractères.

L'idée du progrès indéfini, c'est l'idée d'une perfection suprême, d'une loi qui domine toutes les loisparticulières, d'un but éminent auquel tous les êtres doivent concourir dans leur existence passagère.

C'est donc aufond l'idée du divin ; et il ne faut point être surpris si, chaque fois qu'elles sont spécieusement invoquées en faveurd'une cause, les esprits les plus élevés, les âmes les plus généreuses se sentent entraînées de ce côté.

Il ne fautpas non plus s'étonner que le fanatisme y trouve son aliment, et que la maxime qui tend à corrompre toutes lesreligions, celle que l'excellence de la fin justifie les moyens, corrompe aussi la religion du progrès.

»Cournot pressentait la perte du sens moral (cf.

sujets sur la technique, notamment « la technique nous éloigne-t-elle de la nature »). 3.

Peut-on alors accepter l'idée de progrès ? et alors aussi une fin de l'histoire ? Progrès suppose transformation, et cette transformation suppose une fin voulue par un être conscient ou par unecollectivité.

Cette fin doit avoir une valeur, c'est-à-dire permettre une amélioration.• Le progrès technique ? mais un progrès qui procède par mutations et non de façon continue, linéaire, comme lesouligne Claude Lévi-Strauss : « le progrès n'est ni nécessaire ni continu ; il procède par bonds, ou, comme diraientles biologistes, par mutations.

Ces sauts et ces bonds ne consistent pas à aller toujours plus loin dans la mêmedirection ; ils s'accompagnent de changement d'orientation, un peu à la manière du cavalier des échecs qui atoujours à sa disposition plusieurs progressions mais jamais dans le même sens.

L'humanité en progrès ne ressembleguère à un personnage gravissant un escalier, ajoutant par chacun de ses mouvements, une marche nouvelle àtoutes celles dont la conquête lui est acquise ; elle évoque plutôt le joueur dont la chance est répartie sur plusieursdés et qui chaque fois qu'il les jette, les voit s'éparpiller sur le tapis, amenant autant de comptes différents.

Ce quel'on gagne sur un, on est toujours exposé à le perdre sur l'autre, et c'est seulement de temps à autre que l'histoireest cumulative, c'est-à-dire que les comptes s'additionnent pour former une combinaison favorable » (Race etHistoire).• On peut, comme M.

Merleau-Ponty, penser que le progrès n'est pas nécessaire.

On constate bien des progrèsdans les sciences et les techniques, mais cela signifie-t-il perfectionnement universel ? « L'homme ne relève pasd'une nature biologique qui rendrait compte de ses actes, et il n'est pas davantage le fruit d'une nature spirituellequi garantirait le développement des vertus intellectuelles et morales contrairement à l'humanisme traditionnel.

Leprogrès n'est pas fatal, il n'est pas nécessaire.

». »

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