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A quelles conditions puis-je être libre ?

Publié le 11/02/2004

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  2 ) Je suis libre quelque soit les conditions.  Pour Sartre, il y a la liberté humaine au commencement de tout. On connaît le célèbre paradoxe : « Nous sommes condamnés à être libres. » C'est que cette liberté est vécue le plus souvent comme source d'angoisse, dans la mesure où elle nous contraint à faire en permanence des choix qui nous engagent. Nous sommes nos actes, et de ces actes nous sommes entièrement responsables (« Seuls les actes décident de ce qu'on a voulu. [...] Tu n'es rien d'autre que ta vie », déclare Inès dans Huis Clos). L'homme est condamné à la liberté, constat aussi angoissant qu'exaltant, d'où ses efforts pour y échapper, notamment par la mauvaise foi. Mais cette liberté n'est pas une abstraction. Elle a à s'exercer concrètement, pratiquement, dans le monde.

« "Il n'y a qu'une route vers le bonheur, c'est de renoncer aux choses quine dépendent pas de notre volonté..." ÉPICTÈTE Bien que la référence ne soit pas indiquée, le candidat qui possède unecertaine culture philosophique aura reconnu ici une formulation stoïcienne.

Ils'agit précisément d'une citation d' Epictète (Entretiens, IV, 4, 39).

On peutcependant traiter ce sujet alors même qu'on ignore tout de la philosophie desstoïciens.

Si les hommes n'atteignent pas le bonheur, c'est bien parce qu'ilsont des désirs multiples et que, parmi ceux-ci, nombreux sont ceux qui nepeuvent être satisfaits.

Il y a des choses, comme la santé ou la richesse, quine dépendent pas entièrement de notre volonté.

Savoir se contenter de cequi est possible, serait alors la seule « route vers le bonheur ».C'est dans la quatrième partie du livre IV des Entretiens, dédiée « A ceux quicherchent à mener une vie tranquille », et sous le titre « Le labeur véritable »qu'Épictète déclare :« Il n'y a qu'une route vers le bonheur (que cela soit présent à ton esprit dèsl'aurore, jour et nuit), c'est de renoncer aux choses qui ne dépendent pas denotre volonté, de croire qu'aucune d'elles n'est notre propriété, de lesabandonner toutes à la divinité, à la Fortune.

»Comme un leitmotiv revient sans cesse dans la philosophie stoïciennel'impérieuse nécessité des distinctions : « S'instruire ? C'est apprendre àdiviser les choses, en choses qui dépendent de nous, et en choses qui n'en dépendent pas.

» Ce qui en grec ancien a le charme de l'assonance : ta eph êmin, ta ouk eph êmin ; ce qui dépendde nous, ce qui ne dépend pas de nous.Ce qui dépend de nous, c'est la volonté et les actes volontaires.

« Les dieux n'ont fait dépendre de nous que ce quiest supérieur à tout, ce qui domine tout, c'est-à-dire l'usage correct des représentations » (Épictète, Entretiens, I,1, 7).

Ce qui dépend de la volonté peut être un bien (vouloir supporter généreusement la mort de son fils) ou êtreun mal (vouloir se plaindre de la mort de son fils).

Vouloir l'un ou l'autre, cela est en notre pouvoir.

A partir de lareprésentation, il est possible de donner d'abord son assentiment (j'admets cette mort), puis de s'élever jusqu'à lacompréhension (de la loi universelle qui veut le cycle de vie et de mort).

On voit que ce qui dépend de nous, cesont nos actions, nos oeuvres propres, celles que nous accomplissons en conformité avec notre nature.

Etconnaître sa propre nature, pour l'homme, c'est reconnaître « qu'on n'est ni chair, ni os, ni nerfs, mais le principe quise sert de ces instruments, le principe qui, à la fois, gouverne et comprend les représentations » (Épictète,Entretiens, IV, 7).

Connaître sa propre nature, pour l'homme, c'est reconnaître qu'il y â en lui-même une facultécapable « d'avoir conscience d'elle-même, de sa nature, de son pouvoir, de la valeur qu'elle apporte en venant ennous », c'est reconnaître l'existence de la Raison (Entretiens, I, 1).Ce qui ne dépend pas de nous, ce sont le corps « et ses parties, les biens, les parents, les frères, les enfants, lapatrie et en général tous les membres de notre communauté » (Épictète, Entretiens, I, 22, 10).

Plus généralement,l'ensemble des événements, qui, comme le nom l'indique, sont extérieurs à nous-mêmes.

Les choses qui nedépendent pas de nous ne sont pas des biens.Cette distinction faite, il est possible de reconnaître les biens, les maux, et les choses indifférentes.

Les biens sontliés à l'utile : la réflexion, la justice, le courage, la sagesse.

Les maux sont liés au nuisible : l'irréflexion, l'injustice, lalâcheté, la folie.

Et puis, il y a des choses indifférentes, qui ne sont ni des biens ni des maux : la vie, la mort ; lasanté, la maladie ; la beauté, la laideur.

Elles ne servent ni ne nuisent par elles-mêmes, mais l'homme peut se servird'elles pour nuire ou pour être utile.

Elles peuvent donc apporter le malheur, ou le bonheur, selon l'usage qu'on enfait.A partir de là se développe toute la pratique de la philosophie morale stoïcienne, qui vise non pas tant à supprimer ledésir (qui est un mouvement de rapprochement, conforme à la nature), ou à supprimer l'aversion (qui est unmouvement d'éloignement, conforme à la nature), mais à déterminer correctement ce sur quoi porte ce mouvement.Désir et aversion ne doivent s'appliquer que sur ce qui dépend de nous ; sinon, nous allons désirer ce qui ne dépendpas de nous (la réputation, la richesse, le pouvoir) et haïr ce qui ne dépend pas de nous (la maladie, la mort, lapauvreté).

C'est à ce prix que l'on peut faire la conquête progressive de la liberté — le bien suprême —, du moins dela liberté intérieure, totalement affranchie des circonstances extérieures.Il y a donc un principe d'action, aisé à comprendre, et dont nous pouvons maintenant saisir toute la portée :« Renoncer aux choses qui ne dépendent pas de notre volonté », principe qui est rappelé en tête de cet Entretien.Mais la leçon de philosophie, avec Épictète, est toujours très concrète, elle se nourrit d'exemples.

Celui qui estfourni, dans la suite du texte, est le suivant : « Aussi ne puis-je appeler travailleur celui dont j'entends direseulement qu'il lit ou qu'il écrit, même si l'on ajoute qu'il y passe des nuits entières.

»On peut deviner facilement quelle est la question décisive.

A quoi s'appliquent ce temps passé, ces lectures ou cesécrits ? « A quelle fin se rapporte ce labeur ? » L'action, en elle-même, n'est ni bonne ni mauvaise.

Ce qui lui donneson sens, c'est seulement sa finalité.

Et Épictète de se moquer ! Si la fin que tu poursuis est la gloire, « je t'appelleambitieux », si la fin que tu poursuis est l'argent, « je t'appelle avare, mais non pas travailleur ».A quoi faut-il donc appliquer ses lectures, ses écrits, son travail ? La réponse d'Épictète est conforme à la doctrine :« Si tu rapportes ton travail à ta faculté maîtresse, pour que ses dispositions et son activité soient conformes à lanature, alors seulement je t'appelle un travailleur.

»Autrement dit, le labeur véritable, celui auquel on doit appliquer son « esprit dès l'aurore, jour et nuit », c'estd'exercer la partie maîtresse de l'âme (hégémonikon), celle qui guide les autres, qui fait les représentations, lesconsentements, les sentiments, en bref la raison.

C'est en fonction de la raison que nous devons exercer notrefaculté de juger et de vouloir, et nous déterminer ainsi conformément à l'ordre universel.

Ainsi, et ainsi seulement,. »

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