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Quelles sont les conditions de la science ?

Publié le 27/02/2005

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c) Il en est ainsi parce que, selon Aristote, l'intellect est la partie la plus élevée de l'âme : « l'intellect est la meilleure partie de nous-mêmes » écrit-il dans le livre X de l'Ethique à Nicomaque. Or l'activité privilégiée de l'intellect est la science. L'excellence de l'homme passant par l'accomplissement le plus parfait de ses capacités, la recherche de la science constituerait pour lui naturellement un désir, car l'épanouissement de l'intellect est  également une vertu. Problème : Le fait que l'homme ait besoin de rechercher la vérité pour qu'il s'adonne à la science n'est qu'un premier pas, car du désir de vérité à la conquête de la vérité, il y a un écart considérable. Il faut encore que l'homme se donne les moyens de trouver la bonne vérité et échappe à l'illusion.   Transition : Cette condition toute humaine est certes nécessaire, mais elle n'est pas suffisante. Quels sont les réquisits méthodologiques qui permettent de considérer qu'un savoir constitue une connaissance scientifique ? A quelles conditions ce désir humain peut-il être satisfait ?   Les critères aristotéliciens de la science. a) Aristote nous expose également les conditions de méthode par lesquelles on peut accéder à un savoir scientifique.
  • Analyse du sujet :

 

-          Chez les Grecs, la science représentait un savoir à valeur supérieure, dont la portée était universelle et dont le contenu était purement théorique.

-          Nous pourrions ainsi commencer par chercher quelles sont les conditions qui permettent qu’on dise d’un savoir qu’il répond à ces caractéristiques.

-          Mais nous serons également amenés à développer ces caractéristiques et à en mesurer les enjeux. Ces caractéristiques elles-mêmes définissent-elles vraiment ce qu’est la science ?

-          En effet, les Grecs considéraient la philosophie comme une science de la plus haute importance, et Aristote qualifiait la métaphysique de « science la plus élevée «. Aujourd’hui, on ne place plus ces disciplines au sein des sciences, ce qui doit nous poser question.

-          Rappelons par ailleurs que chez les modernes, on entend généralement par science un savoir qui repose sur des critères précis de vérifications permettant une objectivité des résultats, ce qui correspond sans doute plus à l’idée que nous nous faisons aujourd’hui couramment de la science.

-          Il conviendrait dès lors de se demander quels furent les enjeux qui amenèrent les hommes à considérer que la science devait répondre à d’autres exigences, ce qui pourrait nous éclairer sur les conditions de celle-ci.

-          Il semble également que la science constitue une activité purement humaine : aussi l’homme ne serait-il pas une condition sine qua non de la science ? Dans quelle mesure cela est-il vrai et pourquoi ?

  • Problématisation :

On dit de la science qu’elle cherche à parvenir à la vérité, mais qui cherche la vérité sinon l’homme ? Ne serait-il alors pas la première condition de la science ? Condition nécessaire, il nous reviendra de le montrer, mais cela ne suffira assurément pas à en conclure que nous avons là une condition suffisante. Car il faut encore que l’homme trouve dans la science le moyen de poursuivre sa quête de vérité, ce qui implique que la science soit un instrument privilégié permettant d’accéder à cette vérité. Quels sont les critères qui permettent de considérer que la science est en contact avec la vérité ?

 

« manière absolue, et non, à la façon des sophistes, de manière accidentelle, quand nous estimons connaître la causepar laquelle la chose est, en sachant qu'elle en est la cause et qu'il est impossible que l'effet soit autre qu'il n'est.

»(Seconds analytiques, I, 2, 71b9-12) b) Il découle de cela qu'une science doit pouvoir être enseignée.

Elle doit être transmissible par enseignement parcequ'elle correspond aux critères de la rationalité.

Or, un discours rationnel est susceptible d'être compris par tout êtrerationnel et, qui plus est, il peut aussi le convaincre.c) Enfin, chaque science doit porter sur un domaine particulier, car elles ne traitent pas toutes du même objet :« une science une est celle qui embrasse un seul genre, c'est-à-dire tous les sujets constitués à partir des premiersprincipes du genre [...] et leurs propriétés essentielles » ( Seconds analytiques , I,28, 87a38-39) précise Aristote.

En effet, la réalité se divise en régions distinctes dont chacune relève d'un savoir propre.

Ainsi n'argumente-t-on pasen éthique avec les mêmes outils conceptuels qu'en arithmétique.

Il écrit ainsi que « pour chaque genre, de mêmequ'il n'y a qu'une seule sensation, ainsi il n'y a qu'une seule science, comme, par exemple, une science unique, lagrammaire, étudie tous les sons articulés.

» ( Métaphysique , livre gamma, 2, 1003b 19-22) Les sciences sont ainsi entre elles dans un rapport de subordination et, de la sorte, elles sont toutes subordonnées par la métaphysique, lascience suprême qui les chapeaute toutes.Problème : Cela pose cependant problème, car la métaphysique était sans doute considérée par Aristote comme lascience suprême, pourtant, nous sommes bien obligés aujourd'hui de constater qu'elle a perdu de sa noblesse,n'ayant pas fourni de résultats convaincants.

Elle ne parvient pas à fournir de résultats nécessaires et universels,ainsi qu'Aristote l'avait lui-même exigé, elle aboutit souvent à des absurdités, elle se contredit en permanence etressemble finalement à un champ de bataille où s'affrontent dogmatiques et sceptiques, les premiers se contredisantsans cesse, et les seconds profitant de ces contradictions pour déplorer la vanité de la raison.Transition : L'échec de la métaphysique met cependant en cause les principes aristotéliciens du savoir scientifique. Ne faudrait-il pas amender la perspective épistémologique d'Aristote ? La révolution copernicienne de la connaissance. 3. Dans la Critique de la Raison Pure, Kant compare sa méthode à celle deCopernic.

Le savant polonais mit enfin l'astronomie sur la voie de la sciencemoderne lorsqu'il plaça le soleil au centre de son astronomie et en délogea laTerre (héliocentrisme).

Kant compare le décentrement opéré par Copernic ausien propre: jusqu'alors, on a cherché à résoudre le problème de laconnaissance en faisant tourner le sujet autour de l'objet.

Décentrons l'objet,replaçons au centre le sujet qui connaît et mettons l'objet connu à lapériphérie.

Ainsi, affirme Kant, nous pourrons savoir en quoi la connaissanceconsiste au juste et quelles en sont les limites. a) Il paraît difficile de contester qu'une science doive fournir des résultatsnécessaires et universels et qu'elle doive par conséquent pouvoir êtreenseignée.

Il apparaît donc que l'erreur d'Aristote repose sans doute sur ledernier aspect, celui d'après lequel chaque science devrait correspondre à unobjet spécifique.

Il existe peut-être des objets pour lesquels aucuneconnaissance scientifique n'est possible.

Pourquoi semble-t-il ainsi que lesmathématiques et les sciences physiques fournissent des résultats véracesalors que la métaphysique n'y parvient pas ? C'est peut-être justement parcequ'il est possible de traiter les objets des mathématiques et des sciencesphysiques par la science, alors qu'il est impossible de traiter ceux de lamétaphysique, qui sont tels que Dieu, l'âme ou la liberté, par la méthodescientifique. b) C'est en partie la proposition que fera Kant, qui considérera qu'il n'est pas de connaissance scientifique possibled'objets qui ne nous parviennent pas dans l'espace et le temps.

L'être humain ne peut connaître ce qui échappe àl'espace et au temps, parce que son esprit est structuré selon le mode de l'espace et du temps.

La connaissancehumaine ne peut dépasser les limites de la raison humaine, c'est pourquoi Kant opère ce qu'on a appelé la« révolution copernicienne de la connaissance », qui consiste à chercher du côté du sujet les clefs d'une objectivitéque l'objet ne permet pas de fonder.

Il applique ainsi à la connaissance le schéma qui avait si bien réussi à Copernicen astronomie, lui qui avait fait tourner la terre autour du soleil au lieu de faire tourner le soleil autour de la terre.Nous ne pouvons donc avoir de connaissance scientifique des choses que telles qu'elles nous apparaissent, et nontelles qu'elles sont en soi.

La science ne doit donc pas tenter de dépasser les cadres de l'espace et du temps, etelle doit reconnaître qu'il existe des pans de l'existence auquel elle ne parvient pas, en l'occurrence ceux donttraitait la métaphysique.c) Il y a une seule réalité connaissable par l'esprit humain, et celle-ci ne correspond qu'à une forme de logique, cellede l'espace et du temps.

Aussi le point de vue aristotélicien selon lequel chaque science devrait porter sur undomaine particulier puisqu'elles ne traiteraient pas toutes du même objet est faux.

Cela reviendrait à dire qu'il existedes vérités différentes selon les sciences, or il n'y a qu'une seule vérité scientifique, celle qui nous apparaît àtravers l'espace et le temps.

La révolution copernicienne de la connaissance nous invite en effet à régler notreconnaissance non sur l'objet, mais en fonction du sujet.

Or la subjectivité en question reste la même, qu'elles'intéresse à n'importe quel objet.

Il n'y a donc pas lieu de considérer qu'on doive traiter les différents objets demanière distincte car, dans tous les cas, c'est à travers l'espace et le temps qu'on les traite, pour peu qu'on veuilleles analyser scientifiquement.

Il y a certes des sciences différentes parce qu'elles traitent d'objets différents, mais iln'existe qu'une seule méthodologie scientifique qui doit être appliquée à toutes les sciences.

Une condition de plus. »

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