Devoir de Philosophie

Quelles sont les limites au devoir de mémoire ?

Publié le 27/02/2005

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, il n'y aurait pas de possibilité de connaissance et de relation entre deux choses. - Le devoir de mémoire rentre donc dans la constitution des peuples comme exigence de transmission. C'est bien lui qui permet à chaque peuple de construire son identité, de connaître ses origines. Les mémoires collectives sont en effet fragiles et vulnérables. Ainsi un peuple ne peut prendre réellement conscience de lui-même, de son existence, tant qu'il n'a pas connaissance de son histoire, des faits qui l'ont amené à cet état actuel. Pour l'écrivain Milan Kundera, le « devoir de mémoire » est corrélatif du droit des peuples à disposer librement d'eux-mêmes. Il affirme ainsi que « la lutte de l'homme contre le pouvoir est la lutte de la mémoire contre l'oubli ».   Le devoir de mémoire peut étouffer le présent  - Cependant, il faut se demander si le devoir de mémoire est absolu, s'il ne peut pas être néfaste. En effet, puisqu'il porte généralement sur des événements malheureux, s'obliger à garder ceux-ci en mémoire n'est-ce pas empêcher l'homme de se libérer mais aussi de laisser le présent s'épanouir. Pour Nietzsche, ainsi, l'excès d'histoire est dangereux parce que la mémoire et l'étude des faits passés mettent à jour "tant de fausseté, de grossièreté, d'inhumanité, d'absurdité et de violence" que l'illusion indispensable à tout individu se dissipe.

Le « devoir de mémoire « est un thème qui a joué un rôle important au XX ème notamment avec la seconde guerre mondiale et l’extermination massive des juifs. L’expression en elle-même renvoie à une connotation morale. En effet, le devoir se distingue de l’obligation juridique mais aussi de la nécessité physique. Il désigne l’obligation morale en tant que telle, obligation issue de la conscience et de la liberté de l’homme. La mémoire quant à elle désigne quant à elle dans le sens ordinaire à la faculté de l’être vivant de conserver une trace ou l’empreinte de son passé et de s’y référer. Le mot tire son origine du latin memoria qui signifie « souvenir «. Le devoir de mémoire ne concerne donc pas tant la faculté physique que l’obligation morale de garder le souvenir de quelque chose. Le sujet pose ici la question des limites du souvenir. Doit-on tout conserver en mémoire ?Le devoir de mémoire ne peut-il pas être néfaste pour le présent ? Ne peut-il pas étouffer celui qui y répond ? Doit-on imposer un devoir de mémoire ? Le souvenir ne doit-il pas être volontaire ? Comment décider le contenu de se souvenir ?

« Le devoir de mémoire : une contrainte politisée ou une véritable éthique ? - De plus, la mémoire a un mode de fonctionnement propre.

Ainsi, par exemple, elle chasse hors d'elle-mêmel'événement traumatisant, l'événement avec lequel elle ne peut pas continuer à vivre.

Ainsi par exemple, le souvenird'un mal, d'un meurtre,… est un souvenir dont beaucoup de témoins aimeraient se débarrasser.

Le souvenir, lamémoire doit être là parce que désiré.

Dès lors, peut-on imposer à quelqu'un un « devoir de mémoire ».

Paul Ricoeurdans un ouvrage intitulé la mémoire, l'histoire, l'Oubli postule ainsi une limite au devoir de mémoire.

Il affirme ainsi qu'il « y a un stade du devoir de mémoire qui est important pour la justice mais il n'a pas que la justice dans lamémoire.

»- Si donc le devoir de mémoire peut comporter des aspects néfastes, il faut aussi s'interroger sur son contenu.

Surquels évènements doit porter la transmission du souvenir ? Il est en effet impossible de se souvenir de tout.

Nousl'avons dit, il n'est pas possible d'obliger à quelqu'un de se souvenir.

Or, il faut bien comprendre que le devoir demémoire est souvent mis en place par les politiques, les gouvernements,… Or, en faisant porter le devoir de mémoiresur tel événement particulier, beaucoup d'autres sont mis à l'ombre, n'apparaissent pas.

Ainsi, en instituant undevoir de mémoire pour la Shoah, nous mettons de côté les souffrances des personnes qui ont subi les goulags enRussie ou le génocide rwandais.

Si nous portons un devoir de mémoire, doit-il s'arrêter aux frontières de notre pays.Ne faut-il pas se souvenir de toutes les injustices commises dans l'histoire de l'humanité ?- Les chercheurs et professeurs d'histoire aujourd'hui préfèrent parler non pas de « devoir de mémoire » mais bien de« travail de mémoire ».

Il ne s'agit pas de se remémorer un fait parce qu'il fait parti du devoir de mémoire, un faitdont nous n'essayons pas de chercher la véracité.

Il faut dépasser le simple souvenir ponctuel à l'occasion d'unejournée commémorative mais accomplir plutôt un travail de mémoire, c'est-à-dire avoir une démarche de recherchede ces mémoires multiples et menacées d'oubli, qui ne prend pas tous les témoignages comme faits accomplis maisqui réfléchit réellement à leur valeur.Ainsi, si le devoir de mémoire peut être collectif, il ne doit cependant pas remplacer chez l'individu une véritableréflexion sur le passé, ce qu'il veut transmettre, sur ses origines.

Le devoir de mémoire n'est pas uniquementcommémoration politique mais il doit s'accompagne d'un véritable travail de chacun pour s'approprier l'histoire.

Il nes'agit pas de se souvenir de toutes les atrocités accomplies par les hommes sur la terre, mais plutôt de se sentirconcerner par la souffrance d'un autre humain, non pas de conserver des faits particuliers et ponctuels maisd'éprouver de la compassion pour l'humanité à laquelle nous appartenons.

Ainsi, le devoir de mémoire semble dans un premier temps sans limite, véritable respect dû aux anciens, à ceux quel'injustice a brisés en même temps que fondement de toute société, de tout peuple.

Pourtant, il s'avère ambigu :d'une part, parce que ce devoir porté à l'excès par certaines modes peut avoir des effets néfastes, empêcher leprésent de s'épanouir en l'étouffant sous le poids de siècles d'immondices et d'inhumanités et d'autre part il nesemble pas permettre à l'humanité de se prémunir de nouveaux massacres, de nouvelles erreurs.

Enfin, il semble quela politisation du devoir de mémoire pose d'autres problèmes : comment décider ce sur quoi doit porter le devoir demémoire ? peut-on obliger quelqu'un à se souvenir ? En réalité, il paraît non pas un « devoir de mémoire » qui fixeraitune fois par an l'obligation extérieure de se rappeler mais un travail de fond qui donnerait à la mémoire sa justeplace.. »

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