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...... Quelques instants plus tard la police accourait à ses cris ; trop tard, hélas !

Publié le 02/02/2013

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...... Quelques instants plus tard la police accourait à ses cris ; trop tard, hélas ! Exaspéré de se savoir livré par elle, Protos venais d'étrangler Carola. Ceci se passait vers midi. Les journaux du soir en publiaient déjà la nouvelle, et comme on avait trouvé sur Protos la découpure de la coiffe du chapeau, sa double culpabilité ne laissait de doute pour personne. Lafcadio cependant avait vécu jusqu'au soir dans une attente ou une crainte vague, non point peut-être de la police dont l'avait menacé Protos, mais de Protos lui-même ou de je ne sais quoi dont il ne cherchait plus à se défendre. Une incompréhensible torpeur pesait sur lui, qui n'était peut-être que de la fatigue : il renonçait. La veille il n'avait revu Julius qu'un instant, lorsque celui-ci, à l'arrivée du train de Naples, était allé prendre livraison du cadavre ; puis il avait longtemps marché au travers de la ville, au hasard, pour user cette exaspération que lui laissait, après la conversation du wagon, le sentiment de sa dépendance. Et pourtant la nouvelle de l'arrestation de Protos n'apporta pas à Lafcadio le soulagement qu'il eût pu croire. On eût dit qu'il était déçu. Bizarre être ! D'autant qu'il n'avait plus délibérément repoussé tout profit matériel du crime, il ne se dessaisissait volontiers d'aucun des risques de la partie. Il n'admettait pas qu'elle fût aussitôt finie. Volontiers, comme il faisait naguère aux échecs, il eût donné la tour à l'adversaire, et, comme si l'événement tout à coup lui faisait le gain trop facile et désintéressait tout son jeu, il sentait qu'il n'aurait de cesse qu'il n'eût poussé plus loin le défi. Il dîna dans une trattoria voisine, pour n'avoir pas à se mettre en habit. Sitôt après, rentrant à l'hôtel, il aperçut, à travers la porte vitrée du restaurant, le comte Julius, attablé en compagnie de sa femme et de sa fille. Il fut frappé par la beauté de Geneviève qu'il n'avait pas revue depuis sa première visite. Il s'attardait dans le fumoir, attendant la fin du repas, lorsqu'on vint l'avertir que le comte était remonté dans sa chambre et l'attendait. Il entra. Julius de Baraglioul était seul ; il s'était remis en veston. - Eh bien, l'assassin est coffré, dit-il aussitôt en lui tendant la main. Mais Lafcadio ne la prit pas. Il restait dans l'embrasure de la porte. - Quel assassin ? demanda-t-il. - L'assassin de mon beau-frère, parbleu. - L'assassin de votre beau-frère, c'est moi. ...... André Gide Les caves du Vatican (Livre cinquième Lafcadio, Chapitre VII.)

« n'avait pas revue depuis sa première visite.

Il s'attardait dans le fumoir, attendant la fin du repas, lorsqu'on vint l'avertir que le comte était remonté dans sa chambre et l'attendait. Il entra.

Julius de Baraglioul était seul ; il s'était remis en veston. - Eh bien, l'assassin est coffré, dit-il aussitôt en lui tendant la main. Mais Lafcadio ne la prit pas.

Il restait dans l'embrasure de la porte. - Quel assassin ? demanda-t-il. - L'assassin de mon beau-frère, parbleu. - L'assassin de votre beau-frère, c'est moi. …… André Gide Les caves du Vatican (Livre cinquième Lafcadio, Chapitre VII.). »

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